BOUHY Jean, Joseph, Romain.

Par Jean Neuville

Gravelines (département du Nord, France), 19 avril 1917 - Liège (pr. et arr. Liège), 24 juillet 1969. Employé, militant puis propagandiste permanent de la Jeunesse ouvrière chrétienne de Liège, secrétaire fédéral du Mouvement ouvrier chrétien de Liège, cofondateur puis président des Équipes populaires, militant wallon.

Fils de Joseph Bouhy, technicien électricien et ensuite commerçant, socialiste et libre-penseur, et de Suzanne Dehaese, commerçante, catholique, Jean Bouhy est, dès son jeune âge, fortement influencé par son grand-père paternel, ouvrier depuis l’âge de huit ans aux cristalleries du Val-Saint-Lambert à Seraing (pr. et arr. Liège) et militant syndical. Ce dernier qui a participé aux premières grèves dans le bassin de Seraing, fut aussitôt désigné comme un des « meneurs » et « son livret de travail fut barré de rouge », ce qui lui a enlevé toute possibilité d’embauche dans les usines de la région. Après la scission de l’Internationale, ce grand-père devient communiste. Les parents de Jean Bouhy divorcent. Bouhy reste avec sa mère qui lui donne une formation chrétienne.

Après des études moyennes, Jean Bouhy suit des cours du soir en sciences commerciales. Jusqu’à son service militaire, il remplit les fonctions de secrétaire auprès d’un avocat aveugle. Ses études moyennes terminées, il ne trouve pas immédiatement de travail. Il participe alors à un camp de jeunes chômeurs organisé par la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC) au sein de laquelle il milite dès l’âge de quinze ans. Après son service militaire en 1939, il est engagé comme propagandiste permanent à la Fédération jociste de Liège.

Après la Seconde Guerre mondiale, Jean Bouhy est nommé secrétaire de la Fédération du Mouvement ouvrier chrétien (MOC) de Liège. Il est également l’initiateur des Équipes populaires. Ce mouvement, fondé en 1947, apparaît dans un contexte dont l’origine remonte à la guerre. Dès le début du conflit, la Ligue nationale des travailleurs chrétiens (LNTC) arrête ses activités en raison de l’Occupation allemande. Les Flamands s’organisent en camouflant les ligues sous le manteau des Katholieke werkliedenbonden (KWB) qui n’ont officiellement qu’une mission culturelle et religieuse. En Wallonie, ce sont les Ligues ouvrières chrétiennes (LOC), surtout présentes dans les régions de Liège et de Mons (pr. Hainaut). Une fois le pays en grande partie libéré, ces LOC se transforment le 24 septembre 1944 en un Mouvement populaire des familles (MPF). Lors de la première semaine d’études du mouvement qui a lieu à Tourneppe (aujourd’hui commune de Beersel, pr. Brabant flamand, arr. Hal-Vilvorde) du 28 avril au 1er mai 1945, Jean Bouhy présente un rapport sur le programme annuel du MPF. En mai 1947, le MPF tient un Congrès à Bruxelles. Il se présente comme un mouvement déconfessionnalisé, ouvert aux non chrétiens et veut devenir un mouvement revendicatif et éducatif pour les familles du milieu populaire (débordant donc le milieu ouvrier et employé).

C’est le moment choisi par Jean Bouhy pour fonder les premières Équipes populaires qui se veulent elles aussi, ouvertes à tous les travailleurs sans distinction d’appartenances politiques ou syndicales et suscitent l’engagement dans les diverses formes du combat de la classe ouvrière. La volonté du MPF de n’être pas lié au MOC est mal reçue par celui-ci, lequel « ne peut que regretter cette attitude qu’il ne croyait pas justifiée », dit le rapport d’activité de 1949. En fait, le MPF se heurte surtout à l’opposition de Henri Pauwels*, président de la Confédération des syndicats chrétiens, et à celle d’Oscar Behogne, ancien secrétaire adjoint de la LNTC, tous deux adversaires résolus de la déconfessionnalisation. Sur cette question, ils sont en communauté de pensée avec le Cardinal Van Roey, archevêque de Malines, qui impose le maintien des seules Équipes populaires, intégrées au MOC.

À la fin de 1949, un « accord » intervient ; il signifie la disparition pure et simple du MPF. Les Équipes populaires, dont Jean Bouhy est le président de 1956 à 1964, établissent avec les Ligues ouvrières féminines chrétiennes, une action commune sous l’appellation d’« Action familiale populaire ».

Depuis le 14 août 1941, Jean Bouhy est l’époux d’Anne-Marie Hacking, propagandiste permanente de la JOCF à Liège de 1938 à 1940. De leur union naissent sept enfants. Membre de la régionale du mouvement politique Rénovation wallonne, il prépare une journée destinée aux prêtres et laïcs d’action catholique de la région liégeoise sur le thème ce que la Wallonie attend de l’Église quand il décède en juillet 1969 des suites d’une embolie cérébrale.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150060, notice BOUHY Jean, Joseph, Romain. par Jean Neuville, version mise en ligne le 4 novembre 2013, dernière modification le 13 octobre 2022.

Par Jean Neuville

SOURCES : GERARD E., WYNANTS P. (dir.), Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, t. 2, Louvain, 1994 – LORIAUX F., Luttes sociales et actions politiques. Le Mouvement ouvrier chrétien de Liège, Huy, Waremme. 1850-1980, Liège, 2012.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable