BUTIN Pierre, Hector, Georges

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

Né le 3 avril 1921 à Pontoise (Seine-et-Oise, Val-d’Oise), fusillé comme otage le 12 mai 1942 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; étudiant en médecine ; gaulliste ; résistant du groupe des Cadets de France.

Fils de Georges, docteur en médecine, et de Gracieuse Etchepart, Pierre Butin demeurait place Notre-Dame à Pontoise et suivait des études de médecine. Il fit partie du groupe dit des Cadets de France formé par Jean-Claude Chabanne. Jean-Paul Soutumier, Jacques Martineau, Paul Thueux, Jacques Tête en faisaient aussi partie. Ils récupérèrent des armes abandonnées lors des combats de 1940 notamment en forêt de l’Isle-Adam, et observèrent la transformation de l’aérodrome de Cormeilles-en-Vexin en aérodrome militaire.
Paul Thueux, élève à l’école d’Électricité industrielle Charliat 1 bis passage Duhesme à Paris (XVIIIe arr.), entretenait des relations amicales avec deux autres élèves, Hervé Cosmao et Jacques Roybon, auxquels il parla de son activité résistante. Or, ces derniers s’étaient mis au service de la GPF Geheimfeldpolizei (police secrète de campagne). Le commissaire Veber qui dirigeait la police judiciaire mit à la disposition des Allemands plusieurs policiers dirigés par un inspecteur pour effectuer les filatures et procéder à une partie des arrestations. Ainsi Pierre Butin fut interpellé et incarcéré à la prison de Fresnes.
Il comparut avec huit de ses compagnons le 16 janvier 1942 devant le tribunal de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine). Il y eut trois condamnations à mort : Jean-Claude Chabanne, Jacques Tête et Pierre Vogler pour « constitution d’un dépôt d’armes et espionnage ». Selon un rapport du préfet de Seine-et-Oise du 10 février 1942 Pierre Butin fut condamné à quatre ans de prison pour « détention d’armes et d’un plan du camp d’aviation de Cormeilles-en-Vexin » ; il resta incarcéré à Fresnes.
Un train de permissionnaires allemands reliait régulièrement Maastrich (Allemagne), à Cherbourg (Manche) en passant par Caen. Le 16 avril 1942 vers trois heures du matin, des résistants communistes le firent dérailler, à la hauteur d’Airan, près de Moult-Argences (Calvados). Vingt-huit marins furent tués, dix-neuf autres blessés. Un nouvel attentat eut lieu au même endroit dans la nuit du 30 avril au 1er mai ; dix soldats allemands perdirent la vie et il y eut vingt-deux blessés.
Dès le 21 avril 1942, le commandant en chef des forces d’occupation en France et chef de l’administration militaire Karl Heinrich von Stülpnagel dressa une première liste de trente otages Juifs et communistes à fusiller en représailles à l’attentat contre le « SF-Zug 906 » (le train 906). Six d’entre eux furent fusillés le 30 avril 1942, au champ de tir de Biard (Vienne) ; le 12 mai onze otages dont Pierre Butin furent passés par les armes au Mont-Valérien.
Il a été inhumé au cimetière de la Garenne-Colombes (Seine, Hauts-de-Seine).
La mention -Mort pour la France- lui a été attribuée par le Secrétariat général aux Anciens Combattants en date 10 juillet 1945.

Après la Libération le conseil municipal de Pontoise donna le nom de Pierre Butin à la rue Basse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150119, notice BUTIN Pierre, Hector, Georges par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, version mise en ligne le 7 novembre 2013, dernière modification le 5 février 2021.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo., 77W 1 114. – DAVCC, Caen, Boîte 5 B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Jean Quellien, Résistance et sabotage en Normandie, Éd. Charles Corlet, 1992. – Fabrice Bourrée, De jeunes pionniers de la Résistance à Pontoise : groupe Chabanne, 2003. – J.-M. Berlière, F. Liaigre, Le sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004. – Site Internet Mémoire des Hommes. – Site Internet Centre d’études René Nodot (commission rogatoire, rapport du 10 octobre 1945 sur les arrestations de décembre 1941). – État civil, Pontoise.

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