TACHNOFF Robert

Par Daniel Grason

Né le 6 juin 1908 à Paris (Ve arr.), fusillé comme otage le 14 mai 1942 à la maison centrale de Clairvaux, commune de Ville-sous-la Ferté (Aube) ; employé à la SNCF ; militant communiste ; résistant.

Fils de Léon, tailleur, et d’Ida, couturière, réfugiés russes, Robert Tachnoff devint français par déclaration souscrite par ses parents le 5 avril 1927 à la Justice de paix du Ve arrondissement de Paris. Il épousa le 10 juin 1939 Renée Blanche Marguerite Delmas à la mairie du IXe arrondissement de Paris. Le couple -qui n’eut pas d’enfant - vivait 19 avenue Stéphen-Pichon dans le XIIIe arrondissement. Après avoir été ouvrier bijoutier, Robert Tachnoff devint employé des chemins de fer en mai 1937, facteur aux écritures au service expéditions et arrivages de la SNCF, au 5 boulevard de la Gare (XIIIe arr.), c’est-à-dire à la gare d’Austerlitz.
Le 4 septembre 1939, il fut mobilisé au 250e régiment d’infanterie de Libourne puis muté au 3e zouaves à Constantine. Il fut démobilisé le 10 août 1940.
La police française l’arrêta le 23 juillet 1941 pour distribution de tracts communistes. Il appartenait vraisemblablement au Front national. Incarcéré, il comparut le 5 janvier 1942 devant la Section spéciale de la cour d’appel de Paris, qui le condamna à cinq ans de prison pour possession de tracts communistes, infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 et au statut des Juifs du 3 octobre 1940. Louis Sadosky, ex-brigadier-chef de la Section spéciale de recherche (SRR), nommé inspecteur principal adjoint et qui menait une lutte impitoyable contre les Juifs, nota sur son livre : « Propagandiste très actif, suspect au point de vue politique. Dangereux pour l’ordre intérieur. » Suspendu le 1er septembre 1941, Robert Tachnoff fut révoqué par la SNCF le 12 mars 1942, malgré des compétences reconnues :"Bon service, attitude et conduite n’ayant jamais donné lieu à critiques".
Le 16 janvier 1942, Robert Tachnoff fut transféré de la prison de Fresnes à la centrale de Clairvaux (mat. 3523).
En mai 1942, où fut imposé le port de l’étoile jaune pour les Juifs, le commandement militaire allemand estimait : « Il peut être utile que la propagande attire l’attention sur le fait que ces derniers temps, la participation des Juifs a été établie dans une mesure particulièrement fréquente, comme auteurs ou instigateurs intellectuels, aux actes de terrorisme communistes dirigés contre la Wehrmacht. »
Le 14 mai 1942, les Allemands vinrent chercher Robert Tachnoff, désigné comme otage, et ils le fusillèrent dans l’enceinte de la prison en représailles de l’attentat commis contre un militaire allemand le 2 mai à Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Inférieure, Seine-Maritime).
Vingt-six otages furent exécutés en conséquence au Mont-Valérien et trois à la Ville-sous-la-Ferté, dans la maison centrale de Clairvaux : Marcel Faivre, Benjamin Jourist et Robert Tachnoff.
Un monument fut édifié en l’honneur des vingt et un otages fusillés en ce lieu. Sur le côté gauche de l’édifice figure un otage, attaché à un hêtre, regardant les victimes, gravés sur un mur. André Marty, député communiste de Paris, inaugura le lieu en septembre 1946.
Robert Tachnoff, reconnu interné politique le 6 mai 1955, fut homologué résistant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150168, notice TACHNOFF Robert par Daniel Grason, version mise en ligne le 23 avril 2019, dernière modification le 17 novembre 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1747, KB 95, PCF carton 12 rapports hebdomadaires sur l’activité communiste pendant l’Occupation, 1W 0725, G.A.2-99786 – DAVCC, Caen, B VIII dossier 3 (Notes Thomas Pouty). – Arch. André Marty, E VII (CRHMSS). – Serge Klarsfeld, Le livre des otages, op. cit. – Louis Sadosky, brigadier-chef des RG, Berlin 1942, CNRS Éd., 2009. – Site Internet Centre de documentation pédagogique de l’Aube. – Mémorial GenWeb. – État civil acte de naissance numérisé 5N 228 acte n° 1273 Paris (Ve arr.), acte de mariage numérisé 9M 351 Paris (IXe arr.). — Service historique de la Défense, Vincennes GR 16 P 560248 (nc). — Biographie de Robert Tachnoff par Stéphane Robine, in Cheminots victimes de la répression 1940-1945 Mémorial sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF Paris, 2017, p. 1397.

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