PERENNEZ Jean-Roger, Yves

Par Alain Prigent

Né le 7 juillet 1912 à Saint-Nicolas-du-Pélem (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), décédé le 13 décembre 2001 à Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor) ; inspecteur des PTT ; dirigeant des UD CGT et des fédérations du PCF en Algérie dans la Sarthe, les Côtes-du-Nord ; interné à Châteaubriant (Loire-inférieure, Loire-Atlantique), évadé du camp de Voves (Eure-et-Loir) ; membre du CDL d’Ille-et-Vilaine ; maire-adjoint de Rennes (1945) ; conseiller municipal du Mans (1950-1953) ; candidat suppléant du PCF dans la circonscription de Saint-Brieuc en 1967 et 1968.

Jean-Roger Pérennez était le fils de Louis Pérennez, employé des chemins de fer, et de Marie Lucas, couturière. Reçu à l’école normale d’Évreux en 1929, mais deuxième sur une liste supplémentaire, il passa avec succès un examen des PTT en décembre 1929 qui lui permit de commencer une carrière professionnelle à Paris. Il adhéra au PC en juillet 1930 dans le 14e arrondissement de Paris, à la section des PTT. En décembre 1930 il devint surnuméraire des PTT à Roubaix (Nord). Il participa à la grève des lainières de Roubaix en 1931 où il rencontra Benoît Frachon, alors un de secrétaire de la CGTU. En août 1932, il est nommé au Mans. Pendant son service militaire (1933-1934), il fut condamné à une peine de huit jours de prison en février 1934 pour avoir refusé de remplacer des employés civils chargés des communications téléphoniques en grève à l’école militaire. En octobre 1935 il est nommé à Orléansville en Algérie. Contacté par un postier du PC, il devint secrétaire de la cellule puis en 1936 il fut élu secrétaire de section de la ville, puis au comité régional du département d’Alger. En mai 1937, nommé à Alger, il tint la permanence du PC, square Nelson. Intégrant le secrétariat régional, il fut responsable du journal La lutte sociale.
Il se maria le 1er mai 1935 à Plounévez-Quintin (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) avec Madeleine Berthelot. Sa fille née en 1937 ayant des problèmes de santé, il obtint sa mutation en métropole, au Mans (Sarthe), en juin 1938. Il devint par cooptation secrétaire adjoint de la région sarthoise, s’occupant plus particulièrement de la publication de l’organe régional, La lutte ouvrière et paysanne. Le 14 mai 1939, au nom du PC, il prit la parole dans un meeting du parti socialiste au Mans avec la participation de Léon Blum. Le 24 août 1939, il fut mobilisé dans un régiment du génie dans la région d’Arras (Pas-de-Calais). En octobre 1939, surveillée pour ses activités communistes, il fut aux arrêts pendant trois jours, sanctionné par le deuxième bureau, le jour où Maurice Thorez a quitté Saint-Rémy-en-Bousmon dans la Marne. Fait prisonnier à Saint-Maur (Indre-et-Loire), il parvint à s’évader et à former au Mans en juillet 1940 un triangle du PC clandestin supervisé par Marcel Paul. Le 25 février 1941, arrêté pour avoir distribué des tracts du PC clandestin, il est interné le 22 mars 1941 à La Flèche (Sarthe), puis fut transféré à Châteaubriant (Loire inférieure) le 3 mai 1941. Le 7 mai 1942 il est transféré à Voves (Eure-et-Loir). Il assista à la mort de Joseph Debord, cheminot des Côtes-du-Nord. Jean-Roger Pérennez s’évada de l’hôpital de Chartres le 21 octobre 1943 avec six de ses camarades. Il se réfugia au Mans avec Raymond Vaillet. Après être resté un mois dans la planque, le 30 décembre, ayant repris le contact avec le parti clandestin, il fut replié en vélo à Noyen-sur-Sarthe où il fut caché dans une ferme. Après l’arrestation des camarades qui lui apportaient à manger, il décida de rentrer en Bretagne, chez ses parents installés à Lanrivain (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) le 31 janvier 1944. Sa femme qui habitait Plounévez-Quintin, dans la demeure familiale, venait toutes les semaines chez les parents de Jean-Roger. Il prit contact avec Jean Lejeune, responsable des FTP du sud ouest du département et avec Louis Pichouron, alias Alain, responsable du PC clandestin et du Front National. On lui confia une machine à écrire avec laquelle il tapait les communiqués des FTP. Le 30 avril 1944, Louis Picard, Yves, responsable du PC clandestin, lui demanda de changer de département. Il quitta à Lanrivain pour l’Ille-et-Vilaine et la Manche. Le 16 mai 1944, à Rennes, il prit la direction du PC clandestin sous le pseudonyme de Roger. Il était en contact avec Barbot, Maurin, interrégional du PC clandestin, chargé de l’organisation des 17 comités patriotiques au titre de membre du comité départemental de libération. Le 5 juin lors des bombardements de Rennes, il occupait une chambre derrière l’Arsenal. Il installa son quartier général près de Tinténiac lors de la libération du département en juillet 1944. À la libération, en août, il devint premier secrétaire de la fédération d’Ille-et-Vilaine du PCF faisant de cette petite fédération avant guerre une organisation structurée en capacité de peser sur la vie politique départementale. Élu au conseil municipal de Rennes en mai 1945, il devint adjoint au maire. En octobre 1945 il fut candidat aux élections cantonales dans le canton de Rennes-Ouest. À sa demande, il fut remplacé à la direction de la fédération avant le congrès de juillet 1946 au moment où il quitta le département. Il témoigna à charge contre Léon Renard, cheminot rennais dont la trahison provoqua le démantèlement du PC clandestin dans l’Ouest, lors de son procès en juin 1946.
En octobre 1946, Jean-Roger Pérennez fut réintégré dans les PTT dans la Sarthe, au Mans, comme inspecteur. Secrétaire adjoint du syndicat CGT des PTT en 1946, mais ne souhaitant pas être promu au comité de la fédération de la Sarthe du PCF, il fut cependant présenté aux élections municipales au Mans en 1947. Il siégea au conseil en janvier 1950 après le décès d’un camarade. En avril 1950, nommé inspecteur des PTT à Chartres, il devint rapidement secrétaire administratif de la fédération d’Eure-et-Loir du PCF. En 1952, il fut déplacé à Tours (Indre-et-Loire) par décision du conseil central de discipline des PTT pour voie de fait consécutive aux événements de juin 1952 au Mans. Il devint très vite trésorier de l’union départementale CGT d’Indre-et-Loire et secrétaire adjoint du syndicat CGT des PTT. Il participa activement à la grève de l’été 1953. En 1957, il fut muté à Laval (Mayenne) puis en 1958 à Saint-Étienne (Loire). En mai 1959, il devint inspecteur central à Saint-Brieuc. En décembre 1959 intégré dans le bureau de l’union départementale CGT des Côtes-du-Nord dirigé par François Le Garignon. En janvier 1960 il devint le trésorier de l’UD, poste qu’il occupa jusqu’en 1978. Lors de la grève des métallos en mai 1960, il fut à l’initiative de la création d’un comité intersyndical de solidarité (CGT, CFTC, FEN et FO) qui fonctionna pendant deux décennies et dont il fut le trésorier ─ en particulier pendant la grève du Joint Français au printemps 1972. Il fut l’un des artisans de la réorganisation de l’UD des Côtes-du-Nord avec José Yusté. En 1965, président du lotissement à Ploufragan, il mena campagne contre la municipalité de droite en dirigeant une liste où figurait Gaston Herbault et Marie Audren. Au second tour, il conduisit la liste de l’union de la gauche (PC, PSU) permettant l’entrée de deux élus communistes sur les sept sièges obtenus. En 1967, la municipalité connue une grave crise qui provoqua la démission de 11 conseillers municipaux sur 23. Il permit la constitution d’une liste composée de six socialistes et cinq communistes. Il oeuvra à la promotion du jeune cheminot Jean Derian, futur maire de la ville. En 1971, il conduisit au premier tour la liste communiste puis figura en deuxième position sur la liste d’union de la gauche conduite par Fernand Rastetter, militant du PSU. Jean Derian fut élu avec sept candidats socialistes.
Suppléant d’Edouard Quemper lors des élections législatives de 1967 et de 1968 dans la circonscription de Saint-Brieuc, les candidats du PCF obtinrent respectivement 18.6 % puis 14.9 % des suffrages exprimés
Personnalité très forte de la CGT et du PCF resta fidèle à ses engagements jusqu’à sa mort en 2001.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150376, notice PERENNEZ Jean-Roger, Yves par Alain Prigent, version mise en ligne le 20 novembre 2013, dernière modification le 30 mars 2022.

Par Alain Prigent

SOURCES :
Arch. dép. Côtes d’Armor 2W133, 1192W19 (Elections municipales de 1965), 1192W21 (Elections municipales de 1971). —Arch. dép. Ille-et-Vilaine 213W68, dossier de la Cour de Justice de Rennes, Procès Léon Renard, juin 1946. —Arch. comité national du PCF. —Composition des comités fédéraux et fichier des élus et des candidats de la Fédération des Côtes-du-Nord du PCF établis par Gilles Rivière. —Arch. de l’UD CGT des Côtes d’Armor (1944-1968). —Archives Marcel Alory, ancien secrétaire fédéral du PCF des Côtes-du-Nord. —Une semaine dans les Côtes-du-Nord, supplément de l’Humanité Dimanche (1956-1968). —Jean Le Jeune, Itinéraire d’un ouvrier breton, chez l’auteur, 2002. —Louis Pichouron, Mémoire d’un partisan Breton, Presses universitaires de Bretagne, 1969. —Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. —Alain Prigent, La SPAC contre le PCF clandestin, Les Cahiers de la Résistance Populaire dans les Côtes-du-Nord, N°6/7, 1998. —Jacqueline Sainclivier, L’Ille-et-Vilaine, 1918-1958. Vie politique et sociale, Presses Universitaires de Rennes, 1996. —Jacqueline Sainclivier, La Résistance en Ille-et-Vilaine, 1940-1944, Presses Universitaires de Rennes, 1993. —Entretien à Ploufragan le 28 janvier 1999.

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