BAÏOD Aïssa

Par Amar Benamrouche

Né en 1919 à Boussaâda (Algérie), instituteur puis directeur d’école en Kabylie puis revenu à Boussaâda ; militant du SNI et du PCA.

Militant du SNI et un temps adhérent du PCA, assurant la transition syndicale de la FEN à l’UGTA et de la MGEN à la MAATEC (Mutuelle algérienne des travailleurs de l’éducation nationale et de la culture).

Le père d’Aïssa Baïod, qu’il perd très tôt, était imam de mosquée à Bousaâda ; l’enfant est alors élevé par son oncle paternel, également imam. Outre l’école coranique, le garçon suit l’école publique de langue française. De ses années d’enfance, il se rappelle des visites répétées qu’il rendait en compagnie de parents au célèbre artiste peintre Étienne Dinet qui habitait le même quartier.

Après le brevet élémentaire, il est reçu à l’École normale d’instituteurs en 1939. Mais ses études à La Bouzaréah sont suspendues par les mesures prises par le régime de Vichy. Vraisemblablement à titre d’auxilliaire ou stagiaire, il exerce quelque temps en 1940 comme instituteur, à l’école de Sidi-Aïssa qui se trouve sur l’oasis de Boussaâda. De retour à l’École normale, non sans difficultés, il prépare le Brevet supérieur. Incorporé dans l’armée française, il appartient à un régiment de tirailleurs algériens qui participe au débarquement en France en 1944. Blessé gravement dans l’Est de la France en 1945, il est évacué sur Besançon avant d’être rapatrié à Alger. Démobilisé, il peut enfin exercer son métier d’instituteur.

Après un bref passage comme enseignant et directeur d’école en Kabylie, il obtient sa mutation pour revenir à Boussaâda. Dès les débuts de sa carrière, Aïssa Baïod était adhèrent du Syndicat national des instituteurs qui relevait de la Fédération de l’Éducation nationale française (FEN). À Boussaâda, il commence à militer également à l’Union des syndicats CGT. Occasionnellement il est appelé à aider le syndicat des petits agriculteurs de la région, animé par les communistes. Il sympathise avec ses collègues militants du PCA qu’il rejoint à la fin des années quarante.

Ses interventions politiques s’élargissent. En 1947, il participe au débat sur le statut de l’Algérie qui place les Français de statut musulman que l’on appelle aussi de "souche nord-africaine" dans un 2e collège dit indigène pour le même nombre d’élus que le premier collège dit européen réservé aux Français de pleine citoyenneté qui se proclament Français de souche. Il est candidat aux élections à l’Assemblée algérienne du 4 avril 1948 et dénonce le trucage des élections par le Gouverneur général Naegelen*, socialiste français. En mars 1954, il accompagne dans l’Est algérien, la Commission d’information venue de France, pour les éclairer sur la gravité de la situation sociale et de la crise politique en Algérie.

Dès les débuts de l’insurrection, la surveillance policière et la répression visent les nationalistes et les communistes connus. Aïssa Baïod est arrêté le 3 janvier 1956 et interné au camp de Lodi, près de Médéa. Libéré, il revient à Boussaâda, mais interdit de séjour, il est muté à Alger. Menacé par l’Organisation armée secrète (OAS), il s’installe sur le haut d’Alger à Kouba.
Devenu directeur de collège, il est à l’indépendance un des responsables syndicaux qui assurent la transition entre la FEN française et les syndicats de l’enseignement algérien appartenant à l’UGTA : Syndicat algérien des enseignants (SAE-UGTA), puis de la Fédération des travailleurs de l’éducation et de la culture (FTEC-UGTA). Il contribue en particulier au transfert des mutuelles : Mutuelle générale de l’éducation nationale et Mutuelle d’assurance automobile des travailleurs de l’éducation nationale et de la culture (MAATEC). En 1969, il succède à Mohamed Farès* à la tête de la FTEC. Il sera l’objet d’une agression partisane des enseignants FLN d’Hussein Dey au cours d’une réunion syndicale. A la fin des années 1990, malgré son âge, il est élu à la présidence de la MAATEC, succédant à nouveau à Mohamed Farès.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150435, notice BAÏOD Aïssa par Amar Benamrouche, version mise en ligne le 22 novembre 2013, dernière modification le 22 novembre 2013.

Par Amar Benamrouche

SOURCES : Bulletin algérien de la FTEC, 1962-1969. — Notes et entretiens avec Mohamed Farès, Paris, 1998.

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