ALLARD L’OLIVIER Fernand.

Par Paul Aron

Tournai (pr. Hainaut, arr. Tournai), 12 juillet 1883 – Yanongé (Congo), 9 juin 1933. Peintre et décorateur de la Maison du peuple de Quaregnon (pr. Hainaut, arr. Mons).

Né dans une famille d’artistes, Fernand Allard L’Olivier reçoit sa première formation dans l’atelier de son père, aquarelliste et lithographe tournaisien de renom. Il interrompt ses études moyennes pour se rendre à Bruxelles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale) où il se perfectionne dans le métier de graveur. Dès 1901, le voici à Paris où il fréquente plusieurs ateliers réputés, notamment ceux de Jean-Paul Laurens, où il puise des leçons d’art monumental et décoratif, et de Jules Adler qui peint, comme le dit Marius Renard, « les miséreux des faubourgs et les peinards de la côte ». Cette double influence marque ses premières compositions personnelles. Dès 1910, il expose notamment des scènes de rues et des groupes où domine une tonalité douloureuse, toujours attentive à la réalité immédiate (chanteurs de rue, vieux, charbonnage...). Il exécute par ailleurs une commande d’un mécène parisien : la décoration d’une salle à manger, quatre grands panneaux représentant les quatre saisons.

Pendant la Grande Guerre, Fernand Allard s’engage sur le front de l’Yser (pr. Flandre occidentale). Il est bientôt muté dans la « section artistique », créée en 1916 et rattachée au deuxième bureau du GQG. Cette compagnie d’artistes est chargée de fixer par le pinceau et par le crayon les souvenirs des durs et héroïques combats de l’armée belge. Il peint Chemin de la victoire, Tranchée à Boesinghe et, plus tard, Armistice à Bruxelles.

Pour Fernand Allard, c’est l’heure de la reconnaissance officielle. En 1922, puis en 1924, les salons de Paris consacrent sa valeur. On lui octroie médailles et distinctions. En Belgique, le gouvernement lui achète Heure sereine, un grand panneau décoratif pour le ministère des Sciences et des Arts.

Tel est l’artiste célèbre, reconnu, officiel presque, auquel, après guerre, on commande des tableaux pour la décoration de la Maison du peuple de Quaregnon. Une tombola est lancée pour fournir les finances, et le peintre se met au travail. Ses compositions rompent avec les œuvres sombres et pessimistes de Constantin Meunier ou du premier Paulus. Elles célèbrent les ouvriers en fête, heureux de produire, enflammés par l’espoir que symbolise le drapeau rouge dont les plis ondulent au-dessus du cortège. Fernand Allard exalte les loisirs du prolétaire : groupe d’amoureux enlacés, tireurs à l’arc, joueurs d’accordéon, lecteurs attentifs et, sous la tonnelle, les grands-parents sereins et ravis du bonheur qui les entoure. Le tout dans une nature idyllique, domestique, contrastant heureusement avec les pollutions de l’âge industriel. D’autres panneaux représentent le triomphe du travail, devant lequel s’inclinent les formes anciennes de l’autorité : le prêtre, le juge ou le financier, ou encore La chute du veau d’or, symbolisant le passage d’un état social à un autre. Cet art ensoleillé et lumineux souhaite avant tout ne pas déprimer les opprimés. L’optimisme du décor, comme celui que Paulus réalisera en 1923 pour la Maison du peuple de Trazegnies (aujourd’hui commune de Courcelles, pr. Hainaut, arr. Charleroi), traduit admirablement la vision du monde d’un parti ouvrier confiant dans sa destinée et dans l’évolution historique. À cet égard, le choix de Fernand Allard s’avère très judicieux : nul mieux que lui ne peut symboliser à la fois l’union sacrée, l’intégration du parti dans la vie de la nation, et une légitimité picturale quasi académique.

En 1928, le gouvernement belge lui commande la décoration du hall d’honneur du palais du Congo à la future exposition d’Anvers (Antwerpen, pr. et arr. Anvers). Fernand Allard part pour la colonie, où il fait ample moisson de portraits et de documents. C’est au cours de son second voyage au Congo qu’il meurt accidentellement, noyé, à Yanongé, près de Stanleyville.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150441, notice ALLARD L'OLIVIER Fernand. par Paul Aron, version mise en ligne le 22 novembre 2013, dernière modification le 4 janvier 2020.

Par Paul Aron

SOURCES : RENARD M., Nos artistes : Allard l’Olivier, s.l., Éditions Savoir et Beauté, 1922 - La revue sincère, n° consacré à la mémoire du bon peintre Allard L’Olivier, Bruxelles, 15 novembre 1933 – BAUTIER J., « Allard L’Olivier Fernand », dans Biographie nationale, XXIX, col. 57-59 – JADOT R., « Allard L’Olivier Fernand », dans Biographie coloniale, III, col. 10-12 – 1885-1985 Du parti ouvrier belge au parti socialiste, Bruxelles, 1985, p. 208-209.

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