Par Jan Moulaert
Né à Anvers (Antwerpen, pr. et arr. Anvers) le 27 juillet 1863. Docker, porteur de pain de la coopérative, De Wacht (La garde), militant socialiste, syndicaliste, anarchiste anversois.
Fils de Jan (Joannes, né à Zundert, province de Noord-Brabant, Pays-Bas) et de Cornelia Van Tichelt, Marinus Ant(h)onissen ne termine pas l’école primaire. Il épouse Angelina Heylen et, en 1894, la famille compte quatre enfants.
En 1889, Ant(h)onissen est l’animateur de l’Association socialiste des dockers, fondée alors à Anvers. Lors d’un meeting, le 13 mai 1891, il lance un appel à se rendre sur les quais afin de convaincre les dockers de se joindre à la grève générale en faveur du suffrage universel. Il devient porteur de pain de la coopérative, De Wacht (la garde), fondée à Anvers en 1892, à côté de De Vrije bakkers (Les boulangers libres), suite à la discorde au sein de la famille socialiste.
En avril 1893, lorsque l’agitation socialiste en faveur du suffrage universel atteint à nouveau le plus haut point, Marinus Ant(h)onissen prend la parole lors de meetings, aux côtés de Piet Fabri* et Fons Engels* qui, comme lui, se réclament de De Wacht. Il fait partie des socialistes qui n’acceptent pas alors, que la Chambre n’accorde que le suffrage plural au lieu du suffrage universel demandé. Il est mentionné comme éditeur sur une affiche du Revolutionaire arbeiderspartij (Parti ouvrier révolutionnaire) qui incite les ouvriers anversois à continuer la grève. Pendant la plus grande partie de 1893, Ant(h)onissen est éditeur du journal, De Wacht, qui, pendant plusieurs années, est le porte-parole de la coopérative du même nom, à côté de l’autre journal socialiste anversois, De Werker (Le travailleur). En 1892 et 1893, De Wacht est sans aucun doute une tribune pour toutes sortes de radicaux au sein du camp socialiste belge.
Considéré comme un homme de paille par le Parquet d’Anvers, Marinus Ant(h)onissen estime que De Wacht ne va pas assez loin. Au début de 1894, il s’en va et crée, avec Jaak Kocx*, toujours à Anvers, le journal anarchiste, De Opstandeling (L’insurgé). Il apparaît non seulement comme éditeur officiel du journal mais il écrit aussi des articles et s’occupe de la diffusion. À cette période, il est déchargé de sa fonction d’éditeur de De Wacht. Le 15 mai 1894, la Cour d’assises d’Anvers condamne Ant(h)onissen à six mois de prison et à cent cinquante francs d’amende, et Kockx à un an de prison et trois cents francs d’amende. Divers articles de De Opstandeling, entre autres sur l’attentat commis par l’anarchiste Auguste Vaillant à la Chambre des députés à Paris, sont, selon la Cour, des excitations directes et méchantes à commettre des crimes et tombent donc sous l’application de l’article premier de la loi du 25 mars 1891.
Peu de temps après, Marinus Ant(h)onissen encourt une autre condamnation. Le 3 juin 1894, lorsqu’il colporte au Vooruit (En avant), après un enterrement civil, le cinquième et dernier numéro de De Opstandeling, qui contient un compte-rendu détaillé de l’affaire mentionnée plus haut, il en vient aux mains avec les socialistes locaux. Un jeune homme, assistant probablement à l’enterrement, est touché à la jambe par une balle du revolver de Ant(h)onissen et succombe quelque temps plus tard à sa blessure. Cet incident marque l’hostilité qui existe à Gand entre, d’une part, les anarchistes qui ont De Fakkel (Le flambeau) pour tribune et les socialistes du Vooruit, d’autre part. Le 19 juillet 1894, le tribunal correctionnel de Gand condamne Ant(h)onissen pour cette affaire à dix-huit mois de prison et à cinquante francs d’amende ou à huit jours pour homicide involontaire et à cent francs ou à un mois, pour port d’arme prohibée.
Ce n’est pas la première condamnation de Marius Ant(h)onissen : le 15 décembre 1880, il est condamné pour coups et blessures volontaires à un mois et cinquante francs d’amende ou à quinze jours de prison ; le 12 décembre 1882 pour coups et blessures à agent à un jour et cinquante francs d’amende ou à quinze jours de prison et pour tapage nocturne à dix francs d’amende ou à deux jours de prison ; le 11 juin 1890 pour outrage à agent à vingt francs ou à trois jours de prison et pour infraction au règlement communal de Merksem (aujourd’hui commune de, pr. et arr. Anvers) à cinq francs d’amende ou un jour de prison.
Par Jan Moulaert
SOURCES : Archives générales du Royaume, Beveren, Cour d’assises d’Anvers, 30 juin 1893 : J. Engels, M. Antonissen e.a. ; 15 mai 1894 : M. Antonissen et J. Kocx – Archives générales du Royaume, Bruxelles, Parquet général auprès de la Cour d’appel de Bruxelles, 229-27, 33, 34 – De Fakkel, Gent, 1894 – De Opstandeling, Antwerpen, Berchem, 1894 – De Wacht, Antwerpen, 1892-1894 – L’étoile belge, 12 juin 1894 ; 20 juillet 1894 – Le petit bleu, 20 juillet 1894 – La Réforme, 21 juillet 1894 – Vooruit, 5 et 14 juni 1894 ; 20 juli 1894 – DE WITTE P., De geschiedenis van Vooruit en de Gentsche socialistische werkersbeweging sedert 1870, Gent, 1898, p. 239-240 – VAN ISACKER K., De Antwerpse dokwerker 1830-1940, Antwerpen, 1966, p. 109-110.