BATAILLON Marcel [version Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot et Jean-Louis Planche

Né le 20 mai 1895 à Dijon (Côtes d’Or), mort le 4 juin 1977 à Paris ; professeur d’espagnol à l’Université d’Alger ; candidat SFIO à Alger en 1936 ; président du comité de vigilance des intellectuels anti-fascistes d’Alger.

Le père de Marcel Bataillon est fils d’un ouvrier maçon devenu savant biologiste reconnu. Troisième des sept enfants de cette famille d’origine rurale qui s’élève par l’école, après des études brillantes au lycée de Dijon, M. Bataillon est reçu à l’École normale supérieure (promotion 1913) et entreprend des études grecques avant d’aller séjourner en Espagne et de devenir hispaniste. Pendant la Première Guerre mondiale, après avoir été exempté pour raison de santé, il sert sur le front comme sous-lieutenant d’artillerie ; il gagne deux citations et la croix de guerre. Il sort de la guerre, pacifiste convaincu.

En 1920, il est reçu premier à l’agrégation d’espagnol. À cette époque, il fait partie des Étudiants socialistes (SFIO). Il séjourne ensuite à plusieurs reprises en Espagne et au Portugal. En 1929, Marcel Bataillon est nommé maître de conférences de langues et littératures méridionales à la faculté des lettres d’Alger.

En Algérie, il renoue avec l’activité politique après le 6 février 1934 ; ces manifestations de droite à Paris suscitent la riposte des organisations de gauche qui vont former le Front populaire. Les oppositions sont très violentes dans l’Algérie coloniale. Il préside le Comité de vigilance des intellectuels anti-fascistes d’Alger et, en 1936-1937, la section d’Alger de la Ligue internationale des combattants de la paix. Sans être membre de la SFIO, il fut le candidat socialiste aux élections législatives de 1936 dans le quartier de Bab-el-Oued où les fils d’Espagnols devenus français sont nombreux ; il obtint 3162 voix et arriva en quatrième position, venant tout après le communiste Barthel* (Jean Chaintron), mais loin derrière l’indépendant de gauche Fiori, pour qui les autres candidats de gauche se désistèrent, et qui l’emporta au 2e tour.

Il fait partie de la délégation du Front populaire d’Algérie reçue à Paris par le président du conseil Léon Blum le 20 juillet 1936. A cette époque, il multiplie les conférences et interventions sur la République espagnole, à l’Université populaire liée à la Bourse du travail, à la Maison de l’étudiant pour l’Union fédérale des étudiants d’Alger proche du PC, et plus encore pour un rassemblement de Front populaire présidé par le représentant de l’Internationale communiste André Marty, à Bab el Oued le 30 mars 1936 (« Succès et réalisations de la République espagnole »).

Après sa soutenance de thèse sur Erasme et l’Espagne, il estnommé professeur à la Sorbonne à l’automne 1937 et quitte l’Algérie pour Paris. Il est interné quelques semaines dans un camp en France sous le régime de Vichy. Pour sa notoriété mais un faible résultat, il est présenté à Alger en 1947 et vient faire une courte campagne comme candidat aux élections législatives sur une liste d’union de gauche en dehors de la SFIO et du PC sous l’étiquette du Rassemblement populaire socialiste. En 1945, il est élu professeur au Collège de France à Paris dont il sera l’administrateur de 1955 à 1965. Après l’indépendance, par camaraderie avec André Mandouze*, il vient à plusieurs reprises en Algérie et témoigne de son attention à l’évolution de la société algérienne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150460, notice BATAILLON Marcel [version Dictionnaire Algérie] par René Gallissot et Jean-Louis Planche, version mise en ligne le 22 novembre 2013, dernière modification le 2 janvier 2022.

Par René Gallissot et Jean-Louis Planche

SOURCES : Alger socialiste, 27 mars 1936. — Mahfoud Kaddache, La vie politique à Alger de 1919 à 1939, Alger, SNED, 1970. — DBMOF, op. cit., t.18, notice par J. Maitron. — Parcours, n°15, Paris, 1991, notice par J.-L. Planche. — Publication posthume de cours : Les Jésuites dans l’Espagne du XVIe siècle, Les Belles-Lettres, Paris 2010.

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