CHESNOT Marc, Paul [Dictionnaire Algérie]

Par Amar Benamrouche

Né le 11 octobre 1928 à Nouméa (Nouvelle-Calédonie) ; en 1945, employé à EGA, syndicaliste CFTC, secrétaire de l’UR interrégionale CFTC d’Algérie, opposé à la majorité syndicale « Algérie française » ; en 1946, secrétaire de la section MRP d’Alger-Mustapha, puis membre de Jeune République et en 1955-1956 connu comme faisant partie des Européens libéraux ; ayant, quitté l’Algérie en 1956, employé à EDF à Blois (Loir-et-Cher, France), responsable syndical CFTC puis CFDT, adhérent au PSU puis au PS en 1975.

Ingénieur diplômé de l’Ecole centrale de Paris et expatrié, Maurice, né à Nangis en Seine-et-Marne et père de Marc Chesnot appartenait au syndicat des ingénieurs diplômés, ancêtre de la CGC ; la mère était selon son fils, « issue d’un milieu petit-bourgeois, patriote d’orientation radicale mais pas antireligieuse ». Orphelin de père à quatorze ans, Marc Chesnot interrompt ses études à la sortie de la classe de troisième pour entrer apprenti dessinateur. Il travaille à la Société Lebon puis à Électricité et gaz d’Algérie (EGA) comme dessinateur, au service commercial de l’usine à gaz d’Alger, comme surveillant de travaux en Kabylie (où il fut accidenté du travail), et au Nord-Sahara.

Il adhère à la CFTC en 1945. De 1950 à 1952, il est secrétaire du syndicat départemental d’Électricité et gaz d’Algérie, puis de 1952 à 1956 secrétaire général de l’Union régionale algérienne d’EGA. Secrétaire général adjoint de l’Union régionale interprofessionnelle en 1954-1955, il n’est pas reconduit dans ses fonctions lors du congrès de 1955, en raison de ses positions opposées à la majorité syndicale attachée à la défense de l’Algérie française. De 1952 à 1956, il appartient aussi au bureau de la Fédération CFTC Gaz-Électricité, et il représente la CFTC dans divers organismes : commissions du personnel, Comité mixte à la production. Enfin, il fut vice-président de la Caisse de prévoyance et d’action sociale d’EGA.
Il avait adhéré au MRP en 1946 et fut secrétaire de sa section d’Alger-Mustapha. En 1950, lors du congrès du MRP tenu à Nantes, il contribue à mettre en minorité le secrétaire d’État aux Affaires musulmanes. Trésorier de la « Fédération rénovée », dissoute quelques mois plus tard, il adhère à la Jeune République et participe de 1954 à 1956 à un « Groupe d’Européens libéraux » à Alger. Il quitte l’Algérie en 1956, Robert Lacoste étant ministre-résidant.

En effet dès les débuts de la guerre d’indépendance, il appartient au courant minoritaire de la centrale syndicale chrétienne en Algérie, opposée à la majorité qui défendra jusqu’au bout, l’Algérie française. Lors du premier congrès de l’Union régionale tenu en février 1955, il fustige ce qu’il appelle le “double jeu” de la France. “Les réformes économiques et sociales que l’on souhaite, seront privées de toutes vertus pacificatrices tant qu’elles s’accompliront dans un contexte d’immoralité politique systématique et caractérisée, tel que celui que nous connaissons, avec le trucage des élections dans le deuxième collège, la non-application délibérée de la loi portant statut de l’Algérie et l’emploi de la torture dans la répression policière. Tant que nous ne nous serons pas désolidarisés d’un tel climat de double jeu et d’atteinte à la dignité de la personne humaine, nous ferons peut-être du syndicalisme à la petite semaine, nous n’aurons pas le droit de dire aux autres ni de nous dire à nous-même que nous travaillons pour améliorer le climat algérien, encore moins que nous travaillons à résoudre le problème algérien.”

Affecté en 1956 au centre EDF-GDF de Blois (Loir-et-Cher, France), il y est rédacteur puis employé au service des relations commerciales. Il devient ensuite permanent syndical CFTC puis CFDT. De 1957 à 1960, M. Chesnot est secrétaire du syndicat Gazelec de Blois, secrétaire général non permanent de l’Union départementale interprofessionnelle de 1960 à 1970, et à ce titre membre du Comité confédéral national. De 1967 à 1978, il appartient au bureau de la Fédération CFDT Gaz-Électricité. Il siège dans de très nombreux organismes (Comités mixtes à la production, Comité interfédéral de l’Énergie de la CFDT, Conseil supérieur de l’électricité et du gaz, etc.).

Membre de l’Union de la gauche socialiste puis du PSU, il adhère au Parti socialiste en 1975 (tendance M. Rocard) et participe activement à ses débats internes. Il prend sa retraite anticipée en février 1984 comme cadre. Il s’était marié le 27 juillet 1956 à La Chapelle-Bertrand (Deux-Sèvres) avec Marie-Thérèse, Chantal, Madeleine Peïtevin de Saint-André. Le couple eut quatre enfants.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150524, notice CHESNOT Marc, Paul [Dictionnaire Algérie] par Amar Benamrouche, version mise en ligne le 24 novembre 2013, dernière modification le 12 février 2014.

Par Amar Benamrouche

SOURCES : Arch. FGE-CFDT, Paris. — Michel Branciard, Un syndicat dans la guerre d’Algérie. La CFTC qui deviendra CFDT, Paris, Syros, 1984. – Gaz-Électricité et informations fournies par Marc Chesnot pour la notice par Michel Dreyfus, DBMOMS, t. 3, 2007. — Etat civil reporté par Louis Botella.

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