PIAT Maurice, Antoine, Joseph, en religion Stéphane-Joseph

Par André Caudron

Né le 2 juin 1899 à Roubaix (Nord), mort le 14 mai 1968 à Roubaix ; prêtre franciscain, missionnaire du travail, aumônier fédéral de la Ligue ouvrière chrétienne (LOC).

Fils de Joseph Piat, employé de commerce puis modeste fabricant de tissus, et de son épouse, née Stéphanie Desruelle, Maurice Piat fréquenta le patronage de la paroisse Notre-Dame, l’une des huit de sa ville natale, et s’affilia dès 1913 au cercle Saint-Jean l’Évangéliste du Tiers-Ordre de Saint-François. Celui-ci possédait à Roubaix une Fraternité très active depuis la fin du XIXe siècle, notamment grâce à l’apport de nombreux immigrés venus de la Flandre belge et de leur directeur spirituel, le Père Pascal Hoc, originaire de Lorraine, qui en maintenait fermement les orientations sociales.

Élève du collège Notre-Dame des Victoires de Roubaix depuis l’âge de huit ans, Maurice Piat entreprit des études supérieures à la faculté catholique des lettres de Lille en 1916. Il obtint la licence d’histoire l’année suivante et enseigna quelque temps dans son ancien collège. Mobilisé en juillet 1919 au 1er régiment d’infanterie de Cambrai (Nord), il entra en 1920 au noviciat des Frères mineurs d’Amiens (Somme).

Sous le pseudonyme de Maurice Lesage, il ne tarda pas à publier des articles « Pour les jeunes » ainsi qu’une série présentant saint François comme un « Précurseur du catholicisme social » dans le bulletin La Vie franciscaine (1920-1925). Ordonné prêtre en 1925, il fut nommé professeur d’histoire au scolasticat que la congrégation avait ouvert en banlieue lilloise, à Mons-en-Barœul (Nord). Il résidait alors au couvent de Roubaix dont il allait devenir gardien. Il avait retrouvé les cercles d’études de jeunes.

Dès 1926, il prit la charge locale des équipes ouvrières de l’Association catholique de la jeunesse française (ACJF), matrices de la future Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC). Au congrès national de Rouen, il demanda l’autonomie de ces équipes qui devint effective un an plus tard avec la création de la JOC. Le 23 juin 1927, il assistait avec quelques jeunes Roubaisiens à la première réunion jociste de Tourcoing (Nord), cité voisine. Une autre section naquit bientôt à Roubaix, dans la paroisse Notre-Dame. Elle comptait cinquante-trois membres à la fin de l’année 1930, et quatre-vingt-trois en 1936. Conjointement avec le chanoine Bruno Piettre, fondateur de l’École industrielle et commerciale dont il avait fait une ruche tourquennoise de la JOC, Maurice Piat était devenu en 1928 aumônier de la Fédération jociste de Roubaix-Tourcoing.

À partir de 1927, ce dernier avait été associé comme missionnaire du travail au Secrétariat social que dirigeait l’abbé Pierre Lesage à Tourcoing. Il fut aussi, de 1936 à 1945, l’un des trois aumôniers fédéraux de la Ligue ouvrière chrétienne (LOC), née pour tenter de rassembler anciens et anciennes de la JOC/JOCF dans leur vie d’adulte. Ce n’est pas sans appréhensions que Maurice Piat, dont l’influence était grande, dut suivre la transformation de la LOC en Mouvement populaire des familles (MPF). Il craignait en effet, pour ses disciples, les risques de politisation et les attraits du marxisme.

Appelé sous les drapeaux en tant qu’aumônier militaire en 1939-1940, il subit la retraite de Dunkerque, gagna l’Angleterre et revint ensuite dans le Nord de la France. Il ne quitta le Secrétariat social de Roubaix-Tourcoing qu’en 1960, tout en demeurant un conseiller très écouté par de nombreux militants ouvriers, des cadres et même des patrons. Très attaché à la notion de doctrine sociale de l’Église, adversaire résolu de la « déconfessionnalisation » survenue en 1964 au sein de la centrale syndicale chrétienne, il appuya dès lors la « CFTC maintenue » jusqu’à son décès prématuré. C’est pour une bonne part grâce à lui que celle-ci resta présente autour de dirigeants comme Joseph Sauty* et François Decornet, en particulier dans l’agglomération roubaisienne.

Bien connu par ses conférences et ses prédications de retraites, Maurice Piat publia divers volumes traitant de sujets sociaux ou religieux, parus presque tous aux Éditions franciscaines. Membre de l’Union sacerdotale de Lisieux depuis 1934, il était aussi l’auteur d’ouvrages de littérature « thérésienne ». Il avait donné des cours à l’École normale ouvrière, créée par l’Union régionale de la CFTC. L’association des « Amis du père Piat » a entretenu sa mémoire dans le bulletin Ressourcement de 1971 à 1992.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150526, notice PIAT Maurice, Antoine, Joseph, en religion Stéphane-Joseph par André Caudron, version mise en ligne le 24 novembre 2013, dernière modification le 26 novembre 2013.

Par André Caudron

ŒUVRE : Parmi son abondante bibliographie (une cinquantaine de titres) : L’âme d’un militant, Guy Sixois, Imprimerie du Progrès, 1938. – Voix d’Assisse, aux militants, Éditions franciscaines, 1937. – André Jacques, Librairie de la Jeunesse ouvrière, 1938. – Un militant ouvrier chrétien, mort pour la France, Clément Surantyn, Éditions ouvrières, 1944. – L’Évangile de l’enfance spirituelle, Éd. franciscaines, 1942. – Saint Pierre d’Alcantara, Éd. franciscaines, 1941. – Deux âmes d’Évangile, François d’Assise, Thérèse de Lisieux, Éd. franciscaines, 1943. – Principes et paradoxes de la vie militante, Éd. franciscaines, 1946. – Histoire d’une famille, une école de sainteté, Éd. Pierre Tequi, 1946. – Jules Zirnheld, président de la CFTC, Bonne Presse, 1948. – L’Évangile de la pauvreté, ce que Jésus pensait des riches, Éd. franciscaines, 1955. – Socialisme et communisme devant la conscience chrétienne, Éd. franciscaines, 1957. – Céline, sœur et témoin de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus, Office central de Lisieux, 1963. – Sainte Thérèse de Lisieux à la découverte de la voie d’enfance, Éd. franciscaines, 1964. – Saint François d’Assise à la découverte du Christ pauvre et crucifié, Éd. franciscaines, 1968.

SOURCES : André Deroo, Un missionnaire du travail, Père Stéphane-J. Piat, Éd. franciscaines, 1980. – Catholicisme, XI. – « Un prêtre de Jésus Christ, le P. Stéphane-J. Piat », Vie thérésienne, octobre 1969. – André Caudron, Dictionnaire du monde religieux dans la France contemporaine, 4, Lille-Flandres, Beauchesne, Centre d’histoire de la région du Nord, 1990. – André Coulier, JOC et JOCF dans les diocèses de Lille et Arras de 1927 à 1947, DES, Faculté des lettres de Lille, 1967. – Joseph Debès, Naissance de l’ACO, Éditions Ouvrières, 1982. – Nord-Éclair, 16, 18 mai 1968. – La Voix du Nord, 23 décembre 1980.

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