CHIKH ou CHEIKH Mustapha [Dictionnaire Algérie]

Par Amar Benamrouche, René Gallissot

Né le 5 juin 1927 à Tunis (Tunisie) ; à la création de l’UGTA en 1956, organisateur du syndicat des employés de bureau et de commerce ; membre du 5e et dernier secrétariat de l’UGTA à Alger en 1957, poursuivant l’activité syndicale clandestine ; en 1962, membre de la Délégation extérieure au Maroc.

Venant d’une famille des Beni Izguen, une de cités du Mzab, réputée pour son rigorisme musulman, Mustapha Chikh, écrit aussi Cheikh, est le cousin du poète connu sous le pseudonyme de Moufdi Zakaria, auteur entre autres de l’hymne national algérien « Kassaman ». Comme d’autres jeunes de bonne famille mozabite, le père est monté à Tunis pour étudier à l’université musulmane de la Zitouna. Il fréquente aussi l’association la Khaldounia, dans l’effervescence étudiante, syndicaliste et nationaliste des années 1920, marquée par la fondation du premier Destour, parti tunisien, et, en 1924, de la CGTT (CGT tunisienne), premier syndicat national. Comme Tawfik el Madani, une part de ces jeunes algériens seront proches ou membres de l’Association des Oulémas algériens dans les années 1930, d’autres se retrouvent à l’ENA-PPA (Etoile nord-africaine-Parti du peuple algérien), quelques-uns deviennent communistes.

Mustapha Chikh commence des études à Tunis, les continue à Alger et au collège de Médéa durant la période de repli des écoles à la suite du débarquement allié en Algérie de novembre 1942. Membre du groupe scout de Médéa, il est expulsé du collège pour activités politiques. À Alger, il suit des cours de comptabilité, puis travaille comme comptable dans des bureaux de comptabilité souvent non déclarés et situés dans des appartements en Basse-Casbah ; ce sont aussi des refuges de l’action nationaliste pour des anciens ou des jeunes qui se réclament du PPA clandestin, comme Rebbah Lakhdar, M.Belouizdad*, M.Nafi Sadek, Mustapha Chilh adhère au FLN (Front de libération nationale) en 1955.

À la création de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens) en 1956, il est appelé à former le syndicat des employés de bureaux et de commerces. Il participe à la relève des responsables du 4e secrétariat national UGTA arrêtés fin janvier 1957 pour avoir conduit la grève de 8 jours. Expert à trouver les caches et à pratiquer la clandestinité, Mustapha Chikh abrite les réunions du nouveau secrétariat dans le bureau comptable où il travaille ; ce 5e secrétariat comprend A.Aroua*, A.Charikhi*, M.Chenaf*, A.Halim*, Ali Remli*, et Hassan ou Hassen (des tabacs) et un jeune des Centres sociaux, appelé Si Saïd qui tombera au maquis.

Après l’arrestation de la plupart de ses camarades, il continue l’action clandestine avec Ahmed Ghermoul* (des traminots) qui lui aussi est arrêté et torturé à mort. Mustapha Chikh compose et diffuse encore le tract de l’UGTA pour le 1er Mai 1957 ; ce sera une des dernières manifestations d’activité en tant qu’UGTA en Algérie. Il s’emploie ensuite à assurer la sortie des dirigeants par les filières vers la Belgique. Il est arrêté le 21 mai 1957, torturé, inculpé.

Après un temps de répit à l’hôpital Mustapha, il est à nouveau incarcéré à Barberousse. Il sera déféré au tribunal militaire les 12 et 13 janvier 1959 pour ce que l’on nomme le procès de l’UGTA. Comme Idir Aïssat*, il est acquitté ; on sait qu’aussitôt, le leader syndicaliste est enlevé par les paras français pour mourir à travers les pires souffrances.

Après deux ans de prison, M.Chikh est libéré ; il reprend contact avec les réseaux du FLN. Il passe clandestinement au Maroc au début de décembre 1961, puis rejoint les syndicalistes de la Délégation extérieure de l’UGTA à Tunis. Au cessez-le-feu, il retourne à Alger où il ouvre un cabinet de comptabilité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150575, notice CHIKH ou CHEIKH Mustapha [Dictionnaire Algérie] par Amar Benamrouche, René Gallissot, version mise en ligne le 26 novembre 2013, dernière modification le 5 février 2014.

Par Amar Benamrouche, René Gallissot

SOURCES : M. Farès, Aïssat Idir. op.cit. — Témoignage de M. Chikh en date de mars 1990 cité dans B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens. op.cit. — Echange de correspondance avec Slimane Chikh.

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