Par Paul Wynants
Schaerbeek (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale), 13 novembre 1882 – Louvain (Leuven, aujourd’hui pr. Brabant flamand, arr. Louvain), 24 juillet 1967. Prêtre de l’archidiocèse de Malines (Mechelen, pr. Anvers - Antwerpen), vicaire à Laeken (Bruxelles), directeur des Œuvres sociales chrétiennes de l’arrondissement de Bruxelles, fondateur de la Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), aumônier général de ce mouvement, puis de la Jeunesse ouvrière chrétienne internationale (JOCI), prélat puis cardinal.
Joseph Cardijn est le deuxième des quatre enfants de Henricus (Henri) Cardijn (Hal (pr. Brabant flamand, arr. Hal-Vilvorde), 1850 - Hal, 1903) et de Louise Vandalen (Suvereto, (Italie, pr. Livourne), 1850 - Hal, 1923). Il a une sœur aînée, prénommée Jeanne, et deux frères cadets, Victor et Charles. Au moment de sa naissance, ses parents sont tous deux en service dans la même maison, l’un comme cocher-jardinier et l’autre en qualité de cuisinière-femme de chambre. Quelques années plus tard, ils tiennent un estaminet à Hal, où le chef de famille exerce, de surcroît, le métier de négociant en charbon.
Enfant, Joseph Cardijn reçoit une bonne éducation, fortement imprégnée de christianisme. Il réussit ses études primaires avec brio. C’est à Hal qu’il commence à découvrir le quotidien des jeunes ouvriers et ouvrières, marqué par l’entrée précoce au travail, par la pauvreté et par la promiscuité. Après avoir entamé des humanités anciennes à l’Institut Notre-Dame de Hal, Cardijn les poursuit au petit séminaire de Malines, à partir de 1897 : dès cette époque, il a l’intention d’accéder au sacerdoce « pour aider les pauvres gens ». Élève doué et apprécié de ses professeurs, il acquiert une bonne maîtrise de la langue française. Il sort premier de sa classe de rhétorique, en juillet 1901.
Joseph Cardijn entreprend ensuite ses études cléricales : il effectue sa philosophie, puis sa théologie, respectivement au petit et au grand séminaire de Malines. Comme de nombreux aspirants à la prêtrise de son temps, il ambitionne d’accomplir sa future tâche pastorale en mettant sur pied des « œuvres », c’est-à-dire des organisations sociales au service des milieux populaires. Il est remarqué par le cardinal Désiré-Joseph Mercier, qui voit en lui un séminariste « très zélé, généreux, mais passionné », sans doute apte « pour l’action et les œuvres », auquel il conviendrait peut-être de « confier des jeunes gens ».
Ordonné prêtre par le cardinal Mercier, le 22 septembre 1906, Joseph Cardijn est incardiné dans l’archidiocèse de Malines. Désireux de mener une vie d’apostolat au service d’une Église attentive aux réalités sociales, il n’envisage guère de se consacrer à une activité sacerdotale classique. Aussi apprend-il avec soulagement que ses supérieurs l’autorisent à entreprendre des études de sciences politiques et sociales à l’Université catholique de Louvain, où il s’inscrit le 24 octobre 1906. Il n’y effectue qu’une seule année de formation, sans présenter la moindre épreuve académique. Il est cependant profondément marqué par l’enseignement théorique et pratique de Victor Brants, adepte des méthodes de Le Play et fondateur de la Société belge d’Économie sociale. Sous la conduite de ce professeur, il apprend à mener des investigations solidement documentées, sur la base de données statistiques et d’enquêtes de terrain. En 1907, Cardijn a l’occasion de séjourner deux semaines en Allemagne, afin de préparer la réalisation d’une étude sur le travail à domicile, aussitôt publiée. En août de la même année, il entreprend un voyage en France. Il se familiarise avec les réalisations des catholiques sociaux du département du Nord. Il participe, à Amiens (département de la Somme, France), à la quatrième session de la Semaine sociale de France, au cours de laquelle il rencontre le chef de file du Sillon, Marc Sangnier. Il visite le site industriel du Val-des-Bois (département de la Marne, France), où il s’entretient avec le « patron social », Léon Harmel.
Le 23 septembre 1907, à sa grande déception, Joseph Cardijn est nommé au petit séminaire de Basse-Wavre (pr. Brabant wallon, arr. Nivelles). Il y est sous-régent, c’est-à-dire surveillant, puis professeur de sixième latine. En août-septembre 1911, il profite des congés scolaires pour visiter les principales villes industrielles d’Angleterre. Il rencontre alors des dirigeants de syndicats et de mutuelles britanniques, mais également Robert Baden-Powell, le fondateur du scoutisme. Quelques mois plus tard, Cardijn consacre un article enthousiaste aux organisations ouvrières anglaises, dont il souligne les préoccupations éducatives et la puissance, fondée selon lui sur le respect des convictions des affiliés. Il y exprime son admiration pour Ben Tillett, chef de file de la Dockers Union. Sa vocation se précise : il entend être « un prêtre des travailleurs, surtout des jeunes ». Il commence à entrevoir les contours d’une organisation socio-éducative pour l’adolescence salariée.
Après avoir souffert d’une grave maladie pulmonaire, Joseph Cardijn postule et obtient, le 17 avril 1912, un poste de vicaire dans la paroisse Notre-Dame de Laeken, commune en voie d’urbanisation et d’industrialisation de la banlieue nord-ouest de Bruxelles. Chargé des œuvres féminines, il y passe six années, qui s’avéreront décisives dans son parcours. C’est là, en effet, qu’il met au point une méthode : l’enquête préparatoire au cercle d’études et à l’action. Avec la collaboration de Madeleine De Roo, il anime un cercle d’études pour « demoiselles » de la bourgeoisie, dont il fait l’état-major de ses entreprises pastorales. Il dirige aussi un patronage pour filles du milieu populaire, une ligue des femmes et un Syndicat de l’Aiguille pour jeunes ouvrières de la confection. D’autres groupements féminins, à caractère syndical ou éducatif, se greffent sur ce premier noyau, notamment un syndicat pour apprenties. De la sorte, Cardijn obtient l’appui des secrétariats national et bruxellois des Œuvres sociales féminines chrétiennes (OSFC), en particulier celui de Victoire Cappe et de Maria Baers, qui voient en lui « un apôtre du syndicalisme », très actif dans le secteur du travail à domicile. Au début de 1913, Cardijn publie un article bien documenté sur « l’ouvrière isolée ». Il collabore régulièrement au mensuel La Femme belge, organe des OSFC.
En août 1915, Joseph Cardijn est officiellement nommé à la direction des Œuvres sociales chrétiennes de l’arrondissement de Bruxelles. Il demeure, cependant, vicaire à Laeken : il y conserve la direction des œuvres féminines ; il y suscite aussi la formation d’un cercle d’études sociales au sein du patronage des garçons et la création d’un syndicat des apprentis, dont sera issue la première section de la Jeunesse syndicaliste, appelée à devenir la JOC par la suite.
Sous l’Occupation, Joseph Cardijn est arrêté une première fois par la police allemande, le 6 décembre 1916. Le 7 février 1917, il est condamné par un tribunal militaire à treize mois de prison pour son opposition à la réquisition d’ouvriers belges en Allemagne, détention d’imprimés prohibés, outrage et calomnie envers les autorités du Reich. Il est incarcéré pendant six mois et huit jours à la prison de Saint-Gilles (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). Durant sa captivité, il lit, notamment des œuvres de Marx, et écrit beaucoup. Il recouvre la liberté le 15 juin 1917. Le 23 juin 1918, il est arrêté une seconde fois. Accusé d’espionnage, il écope de dix ans de travaux forcés, retrouvant les geôles de Saint-Gilles. Il est libéré le 9 septembre suivant, après que sa santé ait été ébranlée. Remplacé comme vicaire à Laeken, le 19 novembre 1918, il continue d’y animer le cercle d’études des dirigeantes, au moins jusqu’en 1922.
Les douze années (1915-1927) que Joseph Cardijn passe à la direction des Œuvres sociales chrétiennes bruxelloises sont mouvementées. L’intéressé est, il est vrai, en charge d’un réseau assez disparate de groupements à caractère religieux, caritatif, éducatif et professionnel. Il doit remédier à la désorganisation et à la mauvaise gestion des syndicats chrétiens du cru, mais il se heurte à la résistance des partisans de ses prédécesseurs, les abbés Jean et Émile Vossen*. Le 25 mars 1916, il obtient, cependant, la création d’une nouvelle fédération bruxelloise des syndicats chrétiens, suivant les principes de la Confédération nationale (CSC), dotée d’une coopérative et d’une bourse du travail, dont il est le « conseiller moral ».
Joseph Cardijn se montre combatif, mais parfois aussi maladroit ou imprudent. Il marche ainsi sur les plates-bandes d’un confrère, en créant des sections féminines au sein des syndicats qu’il anime. Il entre en conflit ouvert avec des personnalités catholiques de l’ancienne génération, aux vues paternalistes, qui - sous la conduite du ministre Jules Renkin - revendiquent le contrôle des œuvres sociales de la capitale. La rupture entre les deux camps est consommée au début de l’année 1919, non sans conséquences financières. Sous l’égide de Joseph Cardijn, les Œuvres sociales chrétiennes de Bruxelles doivent recourir à l’emprunt par acquérir un nouveau siège et racheter une boulangerie coopérative. Des années durant, elles connaissent d’épineux problèmes de trésorerie.
Loin de se laisser abattre, Joseph Cardijn se lance dans trois nouveaux combats. Tout d’abord, il se pose en ardent défenseur de la liberté syndicale, face aux prétentions monopolistiques des socialistes. Ensuite, il participe activement à la rédaction d’un quotidien, Le Démocrate, dans les colonnes duquel il expose les revendications et le programme de la démocratie chrétienne. Enfin, de 1919 à 1924, il soutient une dissidence bruxelloise du Parti catholique, d’inspiration flamingante et démocratique : le Christene Volkspartij - Parti Populaire Chrétien. Cette formation nouvelle est appuyée par le Katholiek Vlaams Verbond (Ligue Catholique Flamande), par les sections bruxelloises du Boerenbond (Alliance agricole) et des syndicats chrétiens. Lors des élections législatives des 16 novembre 1919 et 20 novembre 1921, elle obtient deux députés, puis trois députés et un sénateur. La moitié de ces élus est considérée comme émanant de la mouvance ouvrière chrétienne.
Surmené, Joseph Cardijn doit partir en convalescence à Cannes (département des Alpes Maritimes, France). En son absence, le Père Georges-Ceslas Rutten*, directeur du Secrétariat général des Œuvres sociales chrétiennes de Belgique, assure, avec l’aide du cardinal Mercier, le sauvetage financier de la branche bruxelloise de ce mouvement. Le Démocrate est voué à disparaître.
En réalité, Joseph Cardijn se consacre de plus en plus aux œuvres de jeunesse. En novembre 1919, à Bruxelles, il lance la Jeunesse syndicaliste, avec la collaboration de Fernand Tonnet*, Paul Garcet* et Jacques Meert* et avec l’appui de quelques vicaires. Des sections locales du nouveau mouvement voient le jour dans différentes paroisses de l’agglomération, puis aussi en Wallonie. Quelques mois plus tard, le directeur-adjoint des Œuvres sociales d’Anvers, l’abbé Jozef Bloquaux*, fonde une organisation similaire dans la métropole, De Jonge Werkman (le jeune travailleur), qui deviendra la Kristene Arbeidersjeugd (KAJ - Jeunesse ouvrière chrétienne) en 1924. Indépendantes l’une de l’autre, ces deux initiatives poursuivent des objectifs convergents : donner une formation religieuse, morale, sociale, professionnelle et culturelle à de jeunes ouvriers et employés. Elles ne sont pas bien accueillies dans tous les cénacles.
D’une part, en effet, la CSC entend se réserver le recrutement et la formation syndicale des jeunes travailleurs. D’autre part, l’Association Catholique de la Jeunesse Belge (ACJB), fondée en 1919 par le chanoine Abel Brohée et animée par l’abbé Louis Picard, est hostile à une structuration des groupements affiliés par milieux sociaux. Or, tant la Jeunesse syndicaliste que De Jonge Werkman refusent de perdre leur autonomie. Joseph Cardijn plaide leur cause avec vigueur. En mai 1924, avec le soutien des directeurs des Œuvres sociales de Wallonie, il transforme la Jeunesse syndicaliste en Jeunesse ouvrière chrétienne (JOC), qui tient son premier congrès en avril 1925. La même année, la KAJ flamande, s’étendant aux autres diocèses néerlandophones, adopte Cardijn comme aumônier national. Peu après, les branches du mouvement destinées aux filles, la Jeunesse ouvrière chrétienne féminine (JOCF) et le Verbond der Christelijke Jeugdorganisaties voor Meisjes (CJOM), rebaptisées Vrouwelijke Kristene Arbeidersjeugd (VKAJ) en 1927, se constituent autour des périodiques Joie et Travail et Lenteleven.
Joseph Cardijn se prévaut d’un bref entretien avec le pape Pie XI pour affirmer la légitimité d’une Action Catholique spécialisée, en mars 1925. Le 27 juillet de la même année, les évêques de Belgique, réunis à Malines, autorisent officiellement le développement du mouvement jociste dans l’ensemble du pays. Cardijn en est nommé l’aumônier général par les directeurs diocésains des Œuvres sociales. Il n’assume plus que la gestion des affaires courantes à la direction des Œuvres sociales chrétiennes bruxelloises, dont il est déchargé le 15 décembre 1927.
Peu à peu, Joseph Cardijn, nommé chanoine honoraire de la cathédrale Saint-Rombaut de Malines, le 30 novembre 1929, perfectionne la méthode jociste, fondée sur le triptyque « voir - juger - agir » et sur la « conquête du milieu de travail ». Pour les jeunes travailleurs, il promeut une spiritualité nouvelle, qui doit s’incarner dans leur vocation de laïcs et d’ouvriers. Il accorde une grande attention à la formation des militants, des militants et des cadres, en prenant une part active à des semaines d’études. À l’intention des aumôniers, il expose ses vues sur l’apostolat des laïcs dans les Notes de Pastorale Jociste, qu’il lance en 1931. Durant cette époque, le mouvement jociste fait l’objet, en raison de sa double appartenance à l’ACJB et à la Ligue nationale des travailleurs chrétiens, de critiques acerbes de la part de la droite catholique. Joseph Cardijn s’implique dans la controverse. Celle-ci est tranchée par la hiérarchie ecclésiastique, qui prononce un jugement de Salomon : comme composante de l’Action Catholique, la JOC doit s’abstenir de toute activité politique, mais elle est habilitée à conclure des accords avec les organisations ouvrières chrétiennes, dans les matières économiques et sociales.
Dès 1927, Joseph Cardijn se préoccupe de l’internationalisation du mouvement : en mars de cette année, il se rend à Clichy, dans la banlieue parisienne, pour soutenir les débuts de la JOC française, nouant des liens d’amitié avec l’abbé Georges Guérin. Secondé par l’abbé Robert Kothen*, aumônier-adjoint en charge des deux branches masculines belges depuis 1932, il conserve la responsabilité immédiate des deux branches féminines, tout en veillant à la construction du mouvement dans son ensemble. Multipliant les voyages, il favorise l’essaimage du jocisme en Europe, puis dans d’autres continents.
Les années 1930 sont marquées par une forte polarisation des idéologies. S’il combat l’influence socialiste et dénonce « le péril communiste », Joseph Cardijn prend aussi position, très nettement, contre le national-socialisme. Il se montre intraitable envers les organisations fascistoïdes belges qui, à l’instar de Rex, préconisent la création de mouvements de jeunesse « unitaires », pour mieux les placer ensuite sous le contrôle d’un État totalitaire.
La Belgique est envahie par l’armée allemande, le 10 mai 1940. Aussitôt Joseph Cardijn franchit la frontière, parcourant le Sud de la France pendant trois mois, afin d’aider les jeunes Belges qui y ont trouvé refuge. En septembre, il regagne la Belgique, où les quatre branches du mouvement jociste survivent dans la semi-clandestinité. Le 11 juin 1942, il est arrêté par la police militaire allemande pour détention et diffusion de textes subversifs. Il est incarcéré à la prison de Saint-Gilles, puis à celle de Forest (pr. Brabant, arr. Bruxelles ; aujourd’hui Région de Bruxelles-Capitale). C’est là qu’il dialogue avec un codétenu, Arthur Haulot*, haut dirigeant des Jeunesses socialistes : ensemble, ils jettent les bases de ce qui deviendra, la paix revenue, le Conseil national de la jeunesse. Libéré le 21 septembre 1942, Cardijn rejoint, avec plusieurs dirigeants jocistes, l’organisation secrète de résistance Socrate, qui vient en aide aux réfractaires au travail obligatoire. En septembre 1944, il échappe de justesse à une arrestation par la Gestapo.
De 1919 à 1945, la pensée de Joseph Cardijn évolue. Jusqu’au début des années 1920, le prêtre bruxellois apparaît avant tout, selon la formule de Louis Vos, comme « un propagandiste ouvriériste », ardent défenseur de la cause syndicale et de la démocratie chrétienne, y compris au plan politique. À mesure que le temps passe, il abandonne ce positionnement pour mettre l’accent sur d’autres priorités : celles-ci sont éducatives, religieuses, morales, apostoliques et sociales. C’est là le fruit du nouveau regard qu’il jette sur l’Église et sur la société : à la montée des totalitarismes, il oppose - notamment sous l’influence de Palémon Glorieux, professeur de dogmatique au grand séminaire de Lille - la nécessité de construire « un ordre communautaire où tous seraient les membres conscients et volontaires d’un même corps », le Corps mystique du Christ. Dans cette perspective, il énonce, en 1935, « les trois vérités qui éclairent le problème de la jeunesse ouvrière mondiale ». La première est une vérité de foi. Dieu appelle les jeunes travailleurs, comme tous les êtres humains, à une destinée : celle-ci consiste à collaborer aux desseins du Créateur et du Rédempteur, en édifiant un monde nouveau par la participation à l’apostolat de l’Église. La deuxième vérité relève de l’expérience : les conditions de vie des jeunes travailleurs sont en totale contradiction avec pareille destinée. La troisième vérité se situe au plan de la méthode : pour amener la masse à réaliser pleinement la vocation qui est la sienne, la jeunesse ouvrière doit être organisée, au sein de l’Église, par la JOC. Grâce à la « conquête des milieux de vie », cette dernière permettra aux aspirations à la libération individuelle et collective de se réaliser en Jésus-Christ. Si elle gagne en cohérence, la pensée du fondateur du mouvement jociste s’appuie plus sur les catégories théologiques d’un catholicisme intransigeant que sur l’analyse des besoins concrets des jeunes travailleurs. Elle s’inscrit aussi dans une conception de l’Action Catholique comme apostolat de laïcs organisé, adapté au milieu de vie et mandaté par la hiérarchie ecclésiastique.
Privilégiant le terrain socio-éducatif, Joseph Cardijn se montre relativement discret à l’égard de la politique, au lendemain de la Libération. Cependant, il ne cache pas ses réticences envers la tentative de création d’un parti d’inspiration travailliste, l’Union démocratique belge, qui risque de diviser les catholiques. Il ne dissimule pas davantage son souhait de voir le roi Léopold III, pourtant controversé, reprendre l’exercice de ses prérogatives constitutionnelles. Bien plus, son souci d’éducation populaire et de présence de la démocratie chrétienne dans la société le pousse à encourager, en 1950, les anciens jocistes, Louis Dereau*, Joseph Cuypers et quelques autres à fonder le quotidien La Cité. Il publie maints éditoriaux dans ce journal assez marqué à gauche.
De 1945 à 1957, Joseph Cardijn demeure, avec l’aide d’adjoints, l’aumônier national de la JOC belge. Toutefois, il consacre une part croissante de son activité à l’extension du mouvement jociste sous différentes latitudes, après l’installation d’un bureau international et d’un secrétariat international à Bruxelles. De 1946 à 1967, il effectue vingt-quatre voyages intercontinentaux et une quarantaine de périples en Europe. Pour la première fois, il se rend en Amérique en 1946, en Afrique en 1948, en Asie en 1952, en Océanie en 1958. Sur ces différents continents, il souhaite voir se développer une JOC authentique, mais enracinée dans les réalités locales. L’ouverture de sections du mouvement à des non-chrétiens l’amène à s’intéresser à l’islam, à l’hindouisme et au bouddhisme. Gagnant en notoriété, Cardijn prend la parole devant diverses assemblées internationales. Lors du premier Congrès mondial pour l’apostolat des laïcs, tenu à Rome en octobre 1951, il souligne ainsi l’importance de l’engagement de chrétiens « ordinaires » au sein d’un monde en marche vers l’unité. Fortement soutenu au Vatican par le bras droit de Pie XII, Giovanni Battista Montini, le futur Paul VI, il est nommé successivement camérier secret (1950), prélat domestique (1956), puis protonotaire apostolique (1962). De 1957 à 1965, il est l’aumônier de la JOC internationale, après que celle-ci se soit structurée comme telle.
Au fil des ans, Joseph Cardijn devient une personnalité mondialement connue. Neuf universités lui confèrent un doctorat honoris causa : celles de Montréal, Ottawa, Sherbrooke, Moncton et Québec (Canada), Rio de Janeiro et São Paulo (Brésil), Santiago (Chili) et Louvain (Belgique). Lorsqu’elle se fixe à Bruxelles, en 1962, l’école sociale qui forme les cadres des mouvements syndical et ouvrier chrétiens adopte la dénomination d’Institut Cardijn. Deux ans plus tard, un Institut technologique Joseph Cardijn est inauguré à Bombay, en Inde, en présence du pape Paul VI. En 1967, l’abbé Ernest Michel, ancien aumônier national de la JOC, prendra la direction, à Jumet (aujourd’hui commune de Charleroi, pr. Hainaut, arr. Charleroi), du nouveau Séminaire Cardinal Cardijn, où se formeront de futurs prêtres issus de la classe ouvrière, à partir de leur expérience de travailleurs et de militants. Un Centre de formation Cardijn, destiné à des laïcs engagés, en prendra le relais en 1990.
Depuis 1957, Joseph Cardijn, alors âgé de soixante-quinze ans, est secondé par un aumônier international-adjoint, dont il a proposé la nomination à Rome : l’abbé Marcel Uylenbroeck*, ancien aumônier général de la KAJ. Le 5 janvier 1965, il exprime à la Secrétairerie d’État son désir de renoncer à l’aumônerie de la JOC internationale. Le 20 février suivant, le Vatican accède à sa demande, en choisissant M. Uylenbroeck pour lui succéder.
De 1945 à sa mort, Joseph Cardijn prend, de plus en plus, conscience de la dimension planétaire des problèmes sociaux : comme l’économie se mondialise, l’industrialisation touche une part croissante de l’humanité. Ce constat amène le fondateur de la JOC à s’intéresser à l’œcuménisme et à s’impliquer davantage dans le dialogue avec les autres confessions. Sans recourir aux catégories du marxisme, mais au départ d’une analyse de classe, il met en évidence le sort préoccupant des masses, surtout dans le tiers monde : malnutrition, pauvreté, insalubrité des logements et des lieux de travail… Récusant toute forme d’anticommunisme primaire, il entend néanmoins combattre l’attraction exercée par les idéologies collectivistes, dont il comprend certaines aspirations, de manière positive : selon lui, il faut faire disparaître les injustices par la « déprolétarisation » des travailleurs et par la transformation de la société. À ses yeux, la classe ouvrière doit constituer le fer de lance d’une révolution pacifique. Comme le ferait « une école », mais avec son programme et sa méthode spécifiques, la JOC est appelée à former la jeunesse travailleuse pour la préparer à cette mission. La lutte contre la misère passe par la paix du monde, par la fin de la course effrénée aux armements et par la coopération au développement. Sur ce plan, Joseph Cardijn adopte des positions toujours plus nettes, au point d’être déclaré persona non grata par le gouvernement de Saigon, après avoir cautionné la tenue d’une manifestation dénonçant la guerre du Viêt-Nam.
Lorsque la préparation de Vatican II commence, Joseph Cardijn participe activement aux travaux de la Commission pontificale pour l’apostolat des laïcs. Il adresse vingt-cinq notes à cette instance, réagissant vivement contre une tendance à limiter l’Action Catholique à un témoignage exclusivement religieux. L’apostolat des laïcs doit être, rappelle-t-il, ancré dans le profane et donner au monde un sens accru de la solidarité, en se mettant au service des peuples qui y vivent. Expert (paritus artis) au concile de 1963 à 1965, Cardijn rassemble les lignes de force de sa pensée dans un volume au titre significatif : Laïcs en Premières Lignes (1963). Il y met l’accent sur l’appel adressé à tous les laïcs, en particulier aux travailleurs, afin qu’ils prennent part à l’apostolat de l’Église dans la vie profane, au cœur des réalités terrestres. Il insiste sur la vocation qui leur est propre : la transformation chrétienne du milieu de vie. Après coup, il peut se réjouir des orientations conciliaires en la matière.
Le 18 janvier 1965, Paul VI nomme Joseph Cardijn archevêque titulaire de Tusuro (Tozeur, Tunisie). L’intéressé surmonte ses scrupules : il accepte cette dignité, qui conduit à la pourpre cardinalice, parce qu’elle devrait lui permettre de promouvoir le mouvement jociste à travers le monde avec plus de force encore. Il reçoit la consécration épiscopale du cardinal Léon-Joseph Suenens, le 21 février 1965. Quatre jours plus tard, il est créé cardinal par le pape. En qualité de « basilique », il choisit la très modeste église San Michele Arcangelo in Pietralata, située dans un quartier populaire de Rome à dominante communiste.
Désormais Père conciliaire, Joseph Cardijn prend part à la dernière session de Vatican II. Il y intervient, parfois trop longuement au gré des présidents de séances, sur quatre sujets qui lui tiennent à cœur : les jeunes, la classe ouvrière, le tiers monde et la liberté religieuse. La promotion cardinalice ne change rien à ses activités, ni à son mode de vie. Son diocèse est, dit-il, « la jeunesse du monde ».
Pendant les dernières années de sa vie, Joseph Cardijn suit attentivement l’évolution de la JOC. Toutefois, il éprouve une réelle difficulté à s’adapter à certaines formes nouvelles qu’adopte le mouvement : l’apparition de la mixité, le vocabulaire, plus marqué à gauche et assumant l’existence de la lutte des classes, les orientations données à la formation. Tout en restant « un prêtre de l’espérance », il ressent le poids de l’âge et de la solitude. À quatre-vingt-quatre ans, il rêve de découvrir l’Union Soviétique et la Chine de Mao, mais il ne peut réaliser ces projets de voyage.
Malade depuis le 19 juin 1967, Joseph Cardijn est hospitalisé à la clinique du Sacré-Cœur de Louvain. L’archevêque de Malines-Bruxelles, les évêques de Belgique, le nonce apostolique et le roi Baudouin se rendent à son chevet. Cependant, la maladie l’emporte. Joseph Cardijn décède le 24 juillet 1967. Ses funérailles se déroulent cinq jours plus tard, à la basilique de Koekelberg (Bruxelles), sous la présidence du cardinal Suenens, en présence du prince Albert de Belgique, au milieu d’une foule de jocistes et d’anciens jocistes. Le corps du défunt est inhumé en l’église Notre-Dame de Laeken, là même où la JOC a été conçue. Il repose sous un mémorial inauguré le 20 mars 1971 par le primat de Belgique. Lors de sa première visite dans ce pays, le 20 mai 1985, le pape Jean-Paul II assiste, à Laeken, à une rencontre consacrée à la doctrine sociale de l’Église. Il se recueille sur la tombe de l’ancien « petit vicaire » de la paroisse.
Le nom de Joseph Cardijn est passé à la postérité. Il est donné à une place de La Chatqueue-Seraing (pr. et arr. Liège), à des rues de Membach (aujourd’hui commune de Baelen, pr. Liège, arr. Verviers), Droixhe (pr. Liège et arr. Liège), Nivelles (pr. Brabant wallon, arr. Nivelles) et Schaltin (aujourd’hui commune de Hamois, pr. Namur, arr. Dinant), à des squares de Laeken et de Mouscron (pr. Hainaut, arr. Mouscron), à une voie de Louvain-la-Neuve (commune d’Ottignie-Louvain-la-Neuve, pr. Brabant wallon, arr. Nivelles) et à une cité de Verviers (pr. Liège, arr. Verviers). Des salles, espaces de réunion et maisons de quartiers sont dénommés de la même manière, notamment à Arlon (pr. Luxembourg, arr. Arlon), Eupen (pr. Liège, arr. Verviers) et Luingne (aujourd’hui commune de Mouscron, pr. Hainaut, arr. Mouscron).
Après la mort de Joseph Cardijn, nombreux sont les observateurs à s’interroger sur la portée de l’action entreprise par le défunt. On tentera ci-dessous d’apporter quelques éléments de réponse à cette question, en distinguant quatre points de vue : ceux des militants, des cadres, des familles et de l’Église.
Pour de très nombreux militants jocistes, Joseph Cardijn est « l’homme qui bouleverse leur existence » : il leur révèle leur dignité de travailleurs et les pousse à vivre debout ; sans cesse, il les incite à s’engager plus avant dans les rangs du mouvement ouvrier et au sein de l’Église. La résonance d’un tel message se fera sentir, au plan national et à l’échelle internationale, quelquefois avec une radicalité que le fondateur de la JOC n’aurait pu pressentir. Très nombreux seront, en effet, les jocistes et anciens jocistes à se dresser contre la guerre, les violations des droits de l’Homme, les injustices, le racisme, l’impérialisme ou la dictature. À l’instar de celui qui les a éveillés à la conscience de classe, certains d’entre eux connaîtront la prison. D’autres subiront la torture ou y laisseront la vie, notamment en Amérique latine.
Pour des centaines de cadres de mouvements syndicaux, mutuellistes, politiques, apostoliques ou d’éducation permanente, Joseph Cardijn est « le formateur par excellence » : l’homme qui les a conduits à apprendre toujours plus, à partir de la vie concrète. Façonnés par le « vivier jociste », ces dirigeants et ces dirigeantes partagent une matrice commune, qui prédispose aux synergies entre les composantes du mouvement ouvrier chrétien. De leur expérience à la JOC, ils retiendront surtout la nécessité d’analyser attentivement les problèmes de terrain, l’importance de la formation comme vecteur d’émancipation et l’efficacité d’une action collective menée au sein d’organisations structurées. Ils exerceront des responsabilités diverses, dans leur région, leur pays, leur continent ou au plan mondial. Ils garderont chevillée au cœur une conviction profonde : la foi en la capacité des milieux populaires à se prendre en main afin de transformer la société, avec l’éducation permanente comme principal levier. L’importance des moyens matériels et humains consacrée à la mise en œuvre d’un tel projet deviendra une des marques distinctives des organisations ouvrières chrétiennes, dans leur ensemble.
À maintes reprises, Joseph Cardijn met l’accent sur le rôle de la famille et sur la préparation à la vie de couple. Cette dernière doit être fondée sur le respect mutuel des conjoints, l’amour, la fidélité et l’engagement au cœur de la société. Sans doute le fondateur de la JOC tient-il un discours assez traditionnel sur les rôles respectifs des époux, tout en prônant une morale sexuelle qui, après coup, paraîtra assez austère. Tel est le volet de son message qui résistera le plus difficilement à l’usure du temps, lorsque la libéralisation des mœurs se conjuguera avec une poussée de féminisme.
Pour l’Église, enfin, l’action de Joseph Cardijn est source d’interpellations. Elle élargit les perspectives ecclésiologiques en comblant certaines lacunes de la doctrine classique : ainsi que l’a montré Roger Aubert, elle participe largement à l’émergence d’une théologie du laïcat, d’une théologie du travail et d’une théologie des réalités terrestres. En matière liturgique, elle alimente l’expérimentation de pratiques nouvelles, comme la messe dialoguée, l’office du samedi soir et la revitalisation des sacrements. Au plan pastoral, Joseph Cardijn prend part, certes, à l’édification d’un pilier chrétien. Cependant, il pointe toutes les limites de stratégies axées sur la seule préservation du « ghetto catholique ». En raisonnant en termes de « masse », il insiste, au contraire, sur la vocation de toutes et de tous au salut. En enrichissant la pratique du cercle d’études, il renouvelle la formation communautaire des consciences. À ces titres, Joseph Cardijn est un des précurseurs de Vatican II.
Par Paul Wynants
ŒUVRE :
Contributions à des revues comme :
Civilisations, Ecclesia, La Femme belge, De Gids op Maatschappelijk Gebied, Masses Ouvrières, Pax Romana, La Revue des Jeunes, La Revue Sociale Catholique ainsi que de nombreux articles parus dans les quotidiens (Le Démocrate, La Cité) et dans des périodiques jocistes, en particulier dans les Notes de Pastorale Jociste et le Bulletin d’Information de la JOC Internationale.
Ouvrages, brochures, contributions à des ouvrages collectifs et à des actes de journées d’études
Avec BRAUN T., HANQUET K. et TSCHOFFEN P., Godefroid Kurth. Le poète, l’historien, le démocrate, le chrétien, Bruxelles-Paris, 1920 − Le syndicat des petites apprenties, Louvain, 1921 − L’éducation morale, religieuse, sociale, professionnelle, etc., des adolescentes ouvrières, Louvain, 1921 − « De opleiding der arbeidende jeugd », dans Negende Vlaamse Sociale Week gehouden te Leuven in St. Pieterscollege van 27 tot 30 augustus 1922. Volledig verslag, Anvers, 1922, p. 99-113 − La famille dans la vie moderne, Bruxelles, 1924 − La Jeunesse ouvrière chrétienne et la paroisse, Bruxelles, 1925 − Manuel de la JOC, Bruxelles, 1925 − L’avenir de la JOC, Bruxelles, 1926 – « Les modalités diverses de l’Association Paroissiale de Jeunesse », dans Journée sacerdotale de Namur du 3 août 1927. L’Action Catholique des Jeunes Gens. Précis d’organisation, Louvain, 1927, p. 61-76 − La vie morale des jeunes travailleurs au travail, Bruxelles, 1927 − Le travail des jeunes salariés et la charte jociste du travail, Bruxelles, 1928 − Les méthodes jocistes, Bruxelles, 1928 − La JOC et la détresse intellectuelle et morale des jeunes travailleurs, Bruxelles, 1930 − La conquête du milieu de travail, Bruxelles, 1930 − Problèmes fondamentaux. 1. Le salut par la vérité. 2. La personne humaine. 3. La société humaine, Bruxelles, 1932 - Les jeunes travailleurs en face du mariage, s.l., 1932 - Ite, Missa est. Exposé à la Semaine Sociale de Reims, Bruxelles, 1933 - De ware KAJ-afdeling. Voordracht gehouden te Reims op 26 juli 1933 bij gelegenheid der Sociale Week, Bruxelles, 1933 – Le travail. Doctrine chrétienne et organisation corporative du travail, Bruxelles, 1934 – Aux Jeunes ! L’idéal chrétien du mariage, Juvigny, 1935 – Le laïcat ouvrier, Bruxelles, 1935 – « Allocution de M. le Chanoine Cardijn », dans Compte-rendu de la Semaine d’Études Internationale de la Jeunesse ouvrière chrétienne, 25-29 août 1935, Bruxelles, 1935, p. 61-64 – « Le problème de la jeunesse ouvrière et sa solution », dans Compte-rendu de la Semaine d’Études Internationale de la Jeunesse ouvrière chrétienne, 25-29 août 1935, Bruxelles, 1935, p. 71-78 – « La formation des militants », dans Compte-rendu de la Semaine d’Études Internationale de la Jeunesse ouvrière chrétienne, 25-29 août 1935, Bruxelles, 1935, p. 153-164 – « Réunion des séminaristes. Introduction », Compte-rendu de la Semaine d’Études Internationale de la Jeunesse ouvrière chrétienne, 25-29 août 1935, Bruxelles, 1935, p. 185-186 – « Les services jocistes, dans Compte-rendu de la Semaine d’Études Internationale de la Jeunesse ouvrière chrétienne, 25-29 août 1935, Bruxelles, 1935, p. 229-235 – « L’entraide sacerdotale des Aumôniers d’Action Catholique », dans Compte-rendu de la Semaine d’Études Internationale de la Jeunesse ouvrière chrétienne, 25-29 août 1935, Bruxelles, 1935, p. 283-287 – « Le Jocisme Féminin », dans Compte-rendu de la Semaine d’Études Internationale de la Jeunesse ouvrière chrétienne, 25-29 août 1935, Bruxelles, 1935, p. 333-340 − La JOC. Leçons données aux Journées sacerdotales de Vienne, le 3 et 4 janvier 1938, Bruxelles, 1938 – « La mission pacificatrice de l’Action Catholique », dans L’Action Catholique et la Nation. Actes du congrès doctrinal de l’Association Catholique de la Jeunesse Belge, t. III, Louvain, 1938, p. 138-143 – « Le rôle du prêtre », dans L’action de l’aumônier, Bruxelles, 1938, p. 48-52 − La JOC dans le monde, Bruxelles, 1939 – « Un acte de foi », dans Rome. Rassemblement mondial de la JOC, septembre 1939. Guide du pèlerin, Courbevoie, 1939, n.p. − Les jeunes travailleurs face aux temps nouveaux. Quatre leçons données aux Semaines d’Études des dirigeants fédéraux, Bruxelles, 1942 − Le problème de la jeunesse, Bruxelles, 1945 – « Henri Godin », dans DANIEL, Y. (dir.), Témoignages sur l’abbé Godin, Paris, 1945, p. 112-114 − De wereld-KAJ, Brussel, 1945 − L’heure de la classe ouvrière, Bruxelles, 1948 – « JOC, mouvement « à repenser » toujours ! », dans Nous, prêtres, et la déchristianisation croissante de la jeunesse travailleuse. Journées sacerdotales organisées par la JOC, décembre 1948, Bruxelles, 1949, p. 26-39 − Le jeune travailleur, la jeune travailleuse devant la vie. Texte intégral des leçons données en avril 1949, Bruxelles, 1949 − L’Église face au problème de la jeunesse travailleuse, Bruxelles, 1949 – « L’Église face au problème ouvrier dans le monde », dans Jocisme et clergé, Bruxelles, 1950, 10 p. − La personne, la famille, l’éducation, Bruxelles, 1950 − Le monde d’aujourd’hui et l’apostolat des laïcs. Leçon d’ouverture au Congrès mondial de l’Apostolat des Laïcs, Rome, 8 octobre 1951, s.l., 1951 – « Priester en leek in de zending van de Kerk », dans Arbeidersjeugd in de zending van de Kerk, Breda, 1951, 20 p. − En nu… vooruit !, t. I et II, Bruxelles, 1962 − Das Apostolat der jungen Arbeiter, Feldkirch, 3ème édition, 1962 − Laïcs en Premières Lignes, Paris-Bruxelles, 1963 – « Théologie du travail, théologie pour l’homme [1962] », dans L’hommage différé au Père Chenu, Paris, 1990, p. 19-21.
Recueils d’articles et de textes
Cardijn face aux événements. Deux cents éditoriaux parus dans « La Cité », Bruxelles, 1976 − Va libérer mon peuple ! La pensée de Joseph Cardijn, Paris-Bruxelles, 1982.
SOURCES :
Archives
Archives Générales du Royaume, fonds Joseph Cardijn. Cf. FIÉVEZ M., Inventaire du fonds Cardijn, Bruxelles, 1985.
Sources éditées
GERARD E., Église et mouvement ouvrier chrétien en Belgique. Sources inédites relatives à la direction générale des Œuvres sociales (1916-1936), Louvain-Bruxelles, 1990 (Cahiers du Centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 102) – SELLESLAGH F., « De gevangenisnotities van Jozef Cardijn, 11 juni-2 sept. 1942 », Cahiers d’Histoire de la Seconde Guerre mondiale, t. IX, 1985, p. 175-268 – WALCKIERS M., Sources inédites relatives aux débuts de la JOC, Louvain-Paris, 1970 (Cahiers du centre interuniversitaire d’histoire contemporaine, 61).
Travaux
Cardijn. Un homme, un mouvement. Actes du colloque de Leuven/Louvain-la-Neuve, 18-19/11/1982, Louvain, 1983 − Évolution de la JOC Internationale, s.l., 1988 − Un message libérateur. Hommage à Cardijn, Bruxelles, 1963 – ALLAERTS L., Door eigen werk sterk. Geschiedenis van de kajotters en kajotsters in Vlaanderen 1924-1967, Leuven, 2004 − ARNOULD E. et al., La résistance dans le mouvement jociste (JOC-JOCF-KAJ-VKAJ) pendant la guerre 1940-1945, Bruxelles, 1985 – AUBERT R., « La signification historique de l’œuvre de Monseigneur Cardijn », Collectanea Mechliniensia, t. XLVII, 1962, p. 602-610 – BRAGARD L. et al., La Jeunesse ouvrière chrétienne Wallonie-Bruxelles 1912-1957, 2 t., Bruxelles, 1990 – CALLEWAERT B., Een nieuwe jeugd voor een nieuwe wereld. De Internationale Christelijke Arbeidersjeugd van Brussel tot Bangkok, 1945-1965, Mémoire de licence en histoire KUL, Leuven, Louvain, 1996 − COENEN M.-T. et al., La Cité. 45 années de combat quotidien, Bruxelles, 2010 − DEBÈS J. et POULAT E., L’Appel de la JOC (1926-1928), Paris, 1986 − DE LA BEDOYERE M., The Cardijn Story : a study of the life of Mgr Cardijn and the Young Christian Worker’s movement wich he founded, Londres, 1958 – DENDOOVEN A. (dir.), Ontstaan, structuur en werking van de Vlaamse KAJ : een sociografisch overzicht, Anvers, 1967 − FACHINAT A., Réinventer le prêtre. Le Séminaire Cardinal Cardijn, 1967-1973, Bruxelles, 2002 − FIÉVEZ M. et MEERT J. (avec la coll. de AUBERT, R.), Cardijn, Bruxelles, 1969 − GERARD E. et MAMPUYS J. (dir.), Voor Kerk en Werk. Opstellen over de geschiedenis van de christelijke arbeidersbeweging 1886-1986, Leuven, 1986 − HARI A. (dir.), JOCI. Jeunesse Ouvrière Chrétienne Internationale. 75 ans d’action, Strasbourg, 2000 − HUGAERTS F. et al., De KAJ, haard van verzet (1940-1945) : hun mooiste uur, Gent, 1989 − LORIES V. et al., Kardinaal Cardijn (1882-1967). En nu… vooruit !, Hal, 1997 – NOKERMAN G., Le Parti Populaire Chrétien ̶ Christene Volkspartij de l’arrondissement de Bruxelles 1919-1925. Un exemple de crise du Parti catholique dans l’immédiat après-guerre 1914-1918, Mémoire de licence en histoire UCL, Louvain, 1976 – PASTURE P., Kerk, politiek en sociale actie. De unieke positie van de christelijke arbeidersbeweging in België 1944-1973, Louvain-Apeldoorn, 1992 – PEEMANS P., « Cardijn », dans Biographie nationale, t. XLIV, 1985, fasc. 1, p. 155-163 – PIERRARD P., LAUNAY M. et TREMPÉ R., La JOC. Regards d’historiens, Paris, 1984 – PRENEEL L., « Jozef Cardijn : een biografisch profiel tot aan de stichting van de (V)KAJ », Gids op Maatschappelijk Gebied, t. LXXIII, 1982, p. 883-900 – SCHOLL S.-H., « Kardinaal Cardijn en Pater Rutten. Twee priesters met een visie en met een engagement », Gids op Maatschappelijk Gebied, t. LVIII, 1967, p. 797-807 – SCHOLL S.-H., « Mgr Cardijn en de KAJ in het geheel van de katholieke arbeidersbeweging in België », Gids op Maatschappelijk Gebied, t. LIII, 1962, p. 953-954 – SELLESLAGH F., « À l’origine du Conseil National de la Jeunesse. La discussion Cardijn-Haulot à la prison de Forest (1942) », Bulletin du Centre de recherches et d’études historiques de la Seconde Guerre mondiale, t. VIII, 1978, p. 41-50 – SELLESLAGH F., « Cardijn en de katholieke wereld. KAJ en ACV tegen het national-socialisme », dans 1940. Belgique, une société en crise, un pays en guerre. Actes du colloque tenu à Bruxelles du 22 au 26 octobre 1990, Bruxelles, 1993, p. 385-393 − VAN ROEY M., Cardijn, Bruxelles, 1972 – VERHOEVEN J., Joseph Cardijn, prophète de notre temps, Bruxelles, 1971 − VOS L. (avec la coll. de TIHON A. et WYNANTS P.), « La Jeunesse Ouvrière Chrétienne », dans GERARD E. et WYNANTS P. (dir.), Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, t. II, Louvain, 1994, Kadoc-Studies, 16, p. 244-299 – WALCKIERS M., Joseph Cardijn jusqu’avant la fondation de la JOC. Vicaire à Laeken 1912-1918. Directeur des Œuvres sociales chrétiennes de Bruxelles 1915-1927, Thèse de doctorat en Philosophie et Lettres UCL, Louvain-la-Neuve, 1981 – WYNANTS P., « La controverse Cardijn-Valschaerts (mars-avril 1931) », Revue belge d’histoire contemporaine, t. XV, 1984, p. 103-136 − WYNANTS P., VANNESTE F., « Jeunesse Ouvrière Chrétienne », dans Dictionnaire d’Histoire et de Géographie ecclésiastiques, t. XXVII, Paris, 1999, p. 1254-1280.