GAS Mohamed dit Hanachi [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot 

Docker à Philippeville [Skikda] (Algérie) ; syndicaliste CGT ; membre du bureau de l’UGSA (CGT d’Algérie autonomisée en 1954) ; assure en 1956 le passage des dockers de l’UGSA (ex-CGT) à l’UGTA liée au FLN.

Peut-être pour le distinguer de son frère Ahmed, et parce qu’il a participé à l’action clandestine, Mohamed Gas est surnommé Hanachi ; il est docker au port de Philippeville et ne doit pas être confondu avec Mayouf Hanachi*, qui est lui aussi docker mais au port d’Alger et un syndicaliste important qui passe de la CGT à l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens). Mohamed Gas est, dès l’après guerre, actif à la CGT ; il devient un des responsables de l’Union locale CGT de Philippeville et quand la CGT en juin 1954 se transforme en UGSA (Union générale des syndicats algériens), il fait partie de son bureau.

Comme il initie Mohammed Harbi*, lycéen à Philippeville-Skikda, au travail syndical notamment lors de la grève des mineurs d’El-Alia en 1951, grève d’un mois, celui-ci en donne un portrait reconnaissant dans ses Mémoires politiques publiés en 2001. « Gas était un vieux routier du syndicalisme. Personnage haut en couleur, au verbe tonitruant, il avait été chargé, en 1944, par le PPA (Parti du peuple algérien), du noyautage des Jeunesses communistes.

Intégré en 1947, à l’organisation paramilitaire du parti, l’OS (Organisation spéciale), il s’orienta à nouveau vers l’action syndicale en juillet 1950, après la répression contre l’OS. Il anima dans le Constantinois, un groupe de syndicalistes, dont Rabah Djeffal et Mohammed Maghlaoui (dit Laïfa). Ce dernier allait mettre sur pied les comités de chômeurs. Au sein du parti (MTLD, Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques)), M. Gas s’opposait à ceux qui sous-estimaient le travail syndical. De sorte qu’on le soupçonnait de faire le jeu des communistes ».

Mohamed Gas est arrêté puis rapidement libéré à la suite de que l’on est allé jusqu’à appeler les émeutes de Philippeville. Après des répressions policières sur les vendeurs du journal légal du MTLD L’Algérie libre une manifestation de protestation est organisée à Philippeville le 24 octobre 1952. La police tire et fait un mort ; le service d’ordre du MTLD est débordé et des troubles s’en suivent dans plusieurs localités. Le communiste René Arrus*, responsable du syndicat CGT des cheminots qui assiste au drame, refusera de témoigner sur le comportement de la police ; il sera exclu du PCA en mars 1953.

Selon un document de la police d’août 1955, douteux, Mohamed Gas, qui était avec Rabah Djeffal* à la tête de l’UL CGT de Philippeville, aurait été écarté de ses fonctions car appartenant au MTLD et remplacé par des militants du PCA

Arrêté à nouveau dès les débuts de l’insurrection nationale, Mohamed Gas est interné en 1955 au camp d’Aflou. D’autant que le texte correspond à sa ligne syndicale, on peut le considérer comme un des initiateurs de l’appel à l’unité syndicale que Le travailleur algérien, organe de l’UGSA, publie le 8 décembre 1955 (ci-dessus pour la signature de son frère). Les deux premiers noms de signataires sont ceux de Youcef Briki, secrétaire de l’Union syndicale de Constantine, qui est communiste, et le sien, avec la mention Union locale de Philippeville, qui vient du PPA-MTLD. Il s’agit de prévenir la scission qu ’annonce la prochaine constitution d’un syndicat par le MNA (Mouvement nationaliste algérien) de Messali*.

Rendu un temps à la liberté, Mohamed Gas participe à la mise en place de l’UGTA qui réplique au titre du FLN, en février 1956, à la création de l’USTA messaliste. Il assure le passage du syndicalisme des dockers de l’USTA-CGT à l’UGTA. Arrêté comme de nombreux membres des premières directions de l’UGTA dès juillet 1956, il est interné cette fois au camp de Bossuet (Daya).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150820, notice GAS Mohamed dit Hanachi [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot , version mise en ligne le 6 décembre 2013, dernière modification le 9 novembre 2022.

Par René Gallissot 

SOURCES : M. Farès, Aïssat Idir, op.cit. — B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op.cit. — M. Harbi, Une vie debout. Mémoires politiques Tome 1 : 1945-1962. La Découverte, Paris, 2001. — Arch. Nat. Outre-mer, Aix-en-Provence, ALG 91 3 F/66, FM (Fonds ministériels) 81 FM/796 ,notes de Louis Botella.

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