GAÏD Tahar

Par René Gallissot

Né le 22 octobre 1929 dans le même douar de la commune de Guenzet [Harbil] (Algérie) ; membre du premier secrétariat national à la fondation de l’UGTA en février 1956 et du secrétariat provisoire dans la reconstitution de l’UGTA à Alger au printemps 1962.

Dans la famille Gaïd, l’ainé des garçons, Mouloud Gaïd* a été poussé vers l’Ecole normale d’instituteurs, l’enseignement de langue française. Beaucoup plus jeune, le petit frère Tahar Gaïd, est envoyé au lycée franco-musulman, établissement public qui a reçu le nom de médersa, et donne un enseignement bilingue jugé propre aux « indigènes » dans le système colonial d’enseignement secondaire ; on dit aussi médersa supérieure. À Constantine, Tahar Gaïd a peut-être aussi suivi des cours à la médersa libre du mouvement des Oulémas, celle d’Abdelhamid Ben Badis*. Comme ancien médersien, passé par une formation d’études musulmanes, il devient moudérès, enseignant bilingue d’école primaire « indigène ». Il est envoyé en poste à Palikao [Tighenif)] dans l’Oranais, quand son frère est maître d’école française et partisan de F. Abbas en Kabylie, Tahar Gaïd est alors un jeune adhérent du PPA-MTLD (Parti du peuple algérien-Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques).

La cellule du MTLD de Palikao suit, dans la scission du parti, les partisans de Messali* qui fonde le MNA (Mouvement national algérien). Tahar Gaïd par contre, renoue les contacts à Mascara et à Alger, entre anciens élèves médersiens, comme Mohamed Lounis et Rachid Amara qui auront un rôle important dans la lutte de libération puis dans l’État indépendant, et les conduit à entrer au FLN (Front de libération nationale). Après une première arrestation en décembre 1955, Tahar Gaïd se voue à l’action syndicale, moins immédiatement visée par la répression. À la création de l’UGTA en février 1956, il est membre du premier secrétariat national et s’emploie à la mise en place du syndicat des enseignants. Arrêté comme toute cette première direction, le 24 mai 1956, il passe par les camps de Berrouaghia et Saint-Leu [Bethioua] ; amené à la prison d’Alger Barberousse [Serkadji] pour le jugement, il est condamné par le tribunal militaire à 4 ans de détention. Il est interné ensuite au camp de Bossuet [Daya] et sera libéré en mars 1962 après les accords d’Evian.

Au printemps 1962, il participe avec Boualem Bourouiba* et Mustapha Lassel* à la reprise de l’UGTA à partir de la zone autonome d’Alger. Dans le secrétariat national provisoire de cinq membres (Rabah Djermane*, Boualem Bourouiba*, Madjid Ali Yahia*, Mohamed Flissi* et lui), il est chargé de l’orientation. Dans la crise entre willayas de l’ALN, il accomplit une mission en Kabylie auprès de la willaya 3, pour tenter, non sans peine, de faire reconnaître une place à l’UGTA ; il assure de meilleurs liens avec la willaya 4 (Algérois) en s’appuyant sur Mohamed Bouguerra, cadre supérieur des PTT, qui comme son frère, Ahmed Bouguerra*, le colonel Si M’Hamed, disparu alors qu’il commandait la willaya 4, a une formation syndicale acquise à la CGT. Tahar Gaïd participe au 1er congrès national de l’UGTA en janvier 1963 qui se voit imposer par Ben Bella, une nouvelle direction du syndicat unique lié à l’Etat- FLN.

Depuis lors, Tahar Gaïd alterne les rôles officiels, entre des postes d’ambassadeur en Afrique, et des fonctions de direction dans différents ministères, aux Affaires étrangères, à l’Information et à la culture .
Pendant la période entre son retour du Ghana en 1966 et son départ pour Dar-Es-Salem en 1971, il fut directeur des affaires juridiques et consulaires au ministère des affaires étrangères, envoyé dans les pays d’Europe de l’est puis détaché auprès du ministère de l’information pour occuper le poste de directeur général de l’information.jusqu’en 1978,
Il fut ambassadeur d’Algérie en Afrique de l’est (Burundi,Kenya, Madagascar, Ouganda, Rwanda, Seychelles et Tanzanie) avec résidence à Dar-Es-Salem de 1971 à 1978..
Il revint au ministère de l’information et de la culture en 1991, en pleine crise présidentielle et électorale.

Alors que son frère consacre ses livres aux luttes des Berbères, au bénéfice de sa formation médersienne, Tahar Gaïd fait porter ses ouvrages comme le veut le changement des temps, sur les rapports entre l’Islam et le politique ; il publie notamment un Dictionnaire élémentaire de l’Islam, et en 1991 Religion et politique en Islam (Bouchène, Alger).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article150826, notice GAÏD Tahar par René Gallissot, version mise en ligne le 6 décembre 2013, dernière modification le 11 juillet 2020.

Par René Gallissot

SOURCES : M. Farès,Aïssat Idir, op.cit. — B. Bourouiba Les syndicalistes algériens, op.cit. — A. Cheurfi, Mémoire algérienne. Dictionnaire biographique, Éditions Dahlab, Alger, 1996. — Notes de son fils, Djamel Gaïd.

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