GIOVACCHINI Dominique [Dictionnaire Algérie]

Par Louis-Pierre Montoy

Né en 1886 à Sainte-Marie Figaniella en Corse, mort en juillet 1951 à Menton (Alpes Maritimes) ; instituteur ; dirigeant SFIO dans la région bônoise, puis un temps bref, membre du Parti communiste, puis de nouveau membre de la SFIO ; conseiller municipal de Bône (Annaba).

La famille Giovacchini arrive de Corse en Algérie en 1902 pour s’installer à Bône (Annaba). Dominique Giovacchini a alors seize ans. Il est inscrit à l’école primaire supérieure de la ville puis suit de 1904 à 1907, l’École normale de Constantine. Nommé instituteur, il occupe différents postes à Khenchela, à Souk-Ahras (1910-1913), Ain Beida (1913-1917) et Bône jusqu’à sa retraite qu’il prend le 5 décembre 1926 bien que n’ayant que quarante ans. Mobilisé en France, en 1915-1916, il avait été blessé au visage et avait gagné la médaille militaire et la croix de guerre avec palmes. Il est un des fondateurs de l’Amicale des mutilés de guerre à Bône.

Membre de la Fédération SFIO, il avait commencé son action politique à Souk-Ahras où il était, en 1911, secrétaire de la Ligue des droits de l’homme. Il y fonde Défendons-nous, organe mensuel des instituteurs et institutrices d’Afrique du Nord. En 1913, pour avoir participé à une grève des cheminots, il est muté à Ain Beida (voir Le Réveil bônois, 10 juin 1913 : « À Souk-Ahras : ‘l’affaire Giovacchini’ » ; Le Réveil de Souk-Ahras, 26 novembre 1913 : « L’affaire Giovacchini à la Chambre » ; 29 octobre 1913 : « Le départ de Monsieur Giovacchini »).

Après la guerre de 1914-1918, il devient un des principaux dirigeants de la SFIO dans la région bônoise. Il est candidat socialiste aux élections législatives de 1919. Il collabore à L’Opinion libre et au Droit du Peuple, journaux socialistes paraissant à Bône. Ses adversaires, aux premiers rangs desquels se place Maxime Rasteil, le surnomment « Babaou » et lancent contre lui de violentes attaques, en particulier dans Le Réveil bônois (13 septembre 1919 : « Les agitateurs socialistes bônois » ; 25 janvier 1921 : « Les instituteurs révolutionnaires de France et d’Algérie » ; 15 avril 1921. « Babaou chez les agriculteurs » ; 14 juin 1921 : « La dernière de Babaou » ; 22 novembre 1923 : « Le Babaou copiste »).

En juin 1921, la polémique est alimentée par la parution d’un petit fascicule rédigé par Dominique Giovacchini et intitulé : « La question indigène et le Parti communiste » qui se réclame des thèses de Lénine sur la lutte anticoloniale. En décembre 1920, à la scission, Giovacchini était en effet passé au PC comme la majorité des socialistes d’Algérie. Il participe ainsi au congrès de Marseille de 1921. La même année, il se présente aux élections municipales et aux élections pour le conseil général.

Comme d’assez nombreux anciens socialistes, il s’élève par nationalisme français, contre la campagne communiste contre la guerre du Rif ; il abandonne la Fédération communiste en 1923-1924 et publie, d’abord en 1924, un journal « communiste indépendant » : L’Étincelle, qui reparaîtra épisodiquement comme socialiste, puis il réintègre la SFIO. En 1925, il est élu conseiller général et réélu en 1931. En 1928 et 1932, il est candidat SFIO dans la 2e circonscription de Constantine. Il échoue. En 1937, alors qu’il quitte la SFIO, il se représente au Conseil général sous l’étiquette « socialiste antimarxiste » d’autant qu’il prend position contre le projet Blum-Viollette et le Front populaire. Il n’est élu qu’au second tour contre Palomba, candidat du Parti communiste algérien. En 1939, il reçoit la croix de la Légion d’honneur dans le grand hall Citroën à Bône, des mains du très colonial sénateur Paul Cuttoli dans une grande manifestation patriotique française.

En 1945, Dominique Giovacchini se présente de nouveau. Il est candidat républicain de gauche et battu par le communiste Palomba. En 1947, il est élu conseiller municipal de Bône sur la liste d’Union républicaine et de rassemblement du peuple français conduite par Paul Pantaloni. Mort à Menton en juillet 1951, il est inhumé à Sainte-Marie Figaniella son village natal en Corse.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151159, notice GIOVACCHINI Dominique [Dictionnaire Algérie] par Louis-Pierre Montoy, version mise en ligne le 16 décembre 2013, dernière modification le 16 décembre 2013.

Par Louis-Pierre Montoy

SOURCES : Arch. Nat. France, Paris, F7 13085. — A. Juving, Le Socialisme en Algérie, thèse de droit, Alger, 1924. — La Dépêche de l’Est, 29 juillet et 6 août 1951. — Notice plus détaillée, revue Parcours, op.cit., n° 6-7, décembre 1986 et n° 12, mai 1990.

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