PETIT Jean, Pierre, dit Pierre

Par Yann Le Floch, Alain Prigent

Né le 20 janvier 1902 à La Rochelle (Charente-Inférieure, Charente-Maritime), mort le 24 février 1977 à Saint-Brieuc (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor) ; ouvrier du bâtiment ; responsable de l’union départementale CGT des Côtes-du-Nord (1936-1946) ; résistant ; militant du SRI et du Secours Populaire ; membre du comité régional du PC des Côtes-du-Nord (1937 à 1939).

Pierre Petit était le fils de Martial, Ernest Petit, manoeuvre et de Joséphine Jarciaux, sans profession. Son père devenu marin disparut alors que très jeune. Sa mère se remaria.

À douze ans Pierre Petit travailla aux docks de la Palice (Charente Inférieure, Charente Maritime). En 1922, pendant son service militaire à Bron (Rhône), dans l’aviation, il organise une délégation de soldats pour protester contre la mauvaise nourriture, il est envoyé en Allemagne dans la Ruhr. Après son mariage avec Jeanne Pignorel le 24 février 1925 à Saint-Brieuc, il trouva un emploi de plombier dans une entreprise du bâtiment. Le couple eut un fils Pierre Petit né en 1930.
Pierre Petit fut, en 1936 et 1937, délégué ouvrier dans les commissions paritaires lors des conflits qui marquèrent les entreprises du Bâtiment. Aux côtés de René Houzé* et de Pierre Le Quéinec*, il défila à la tête du cortège ouvrier dans Saint-Brieuc le 9 juillet 1937 pour peser sur les négociations en cours. Élu membre de la commission administrative de l’Union départementale lors du congrès d’avril 1937, il devint au printemps de 1938 secrétaire du syndicat du Bâtiment quand Houzé, mis à l’index par l’ensemble des employeurs de Saint-Brieuc, abandonna ce poste. En août 1937, il mena une vive campagne contre le projet patronal de répartition des quarante heures en six journées de 6 heures 40, cherchant, au prix d’un incident, qui lui valut d’être désavoué par le bureau de l’Union départementale, à forcer la main de l’inspection du travail pour obtenir son soutien. Il vint en effet le 12 août " déclarer que si le service de l’inspection "ne marchait pas" la section du Bâtiment déciderait la grève générale et passerait à l’action directe ". En fait, seule une manifestation regroupant une centaine d’ouvriers vint, dix jours plus tard, concrétiser ces menaces.

Dans la fiche du commissaire spécial en 1940, il était considéré comme le président du SRI (Secours Rouge International). Il fut en effet très actif au sein du SRI puis au sein du SPF (Secours populaire de France). Après la grève du bâtiment de l’été 1937, il s’investit avec les autres militants du SPF dont Francis Marzin*, Yves Allainmat* pour améliorer la situation faite aux réfugiés espagnols arrivés dans le département depuis juillet 1937. Il accompagna Louis Guilloux* dans ses démarches publiques. Militant communiste, il siégea de 1937 à 1939 au comité de la région des Côtes-du-Nord dirigé par Yves Flouriot*. En octobre 1939, il fut affecté au centre d’aviation de Mérignac (Gironde). Après la disparition de Flouriot, il oeuvra avec Pierre Le Quéinec* à renouer les fils de l’organisation clandestine. Dans le même temps, il continua de siéger avec Christian Le Guern* dans les instances de la CGT maintenue, ne semblant pas été victime des mesures consécutives au pacte germano-soviétique. Avec Théo Hamon*, secrétaire de l’UD qui ne cachait pas ses sympathies pour le NRP de Déat*, il fut désigné membre à la commission tripartite départementale (patrons-cadres-ouvriers) le 14 novembre 1942. Proche de Christian Le Guern*, Petit développa une activité double. Il milita au sein des syndicats confédérés officiels jusqu’en 1943. Dans le même temps, le PC clandestin lui demanda d’entrer en contacts avec les milieux catholiques en mai 1943. Selon Jean Ancelin, auteur d’un DES en 1946, il demanda à Louis Guilloux de contacter l’abbé Chéruel, un professeur de philosophie du collège la Providence connu pour son patriotisme. Cette rencontre a lieu le jour de l’Ascension de 1943. En juin, chez Louis Guilloux, Chéruel et Petit eurent une seconde entrevue. Après le passage dans la clandestinité de Petit, la liaison fut rétablie qu’en septembre par Christian Le Guern*.

Menacé par la police de Vichy, Pierre Petit quitta précipitamment Saint-Brieuc le 17 juillet 1943 avec son fils pour entrer dans la clandestinité. Il se réfugia à Nantes chez Gabriel Goudy*, plâtrier, secrétaire de l’UL de Nantes, et un des responsables de Libé-Nord. Il gagna ensuite Pris où il devint un des agents de liaison de la CGT clandestine.

Il revint en septembre 1944 à Saint-Brieuc, où il occupa à nouveau le poste de secrétaire du syndicat du bâtiment. Il intégra le bureau de l’union départementale CGT à l’issue du congrès de mars 1945. Il ne fut pas reconduit dans ses responsabilités en 1946. Suit-il l’évolution de Christian Le Guern* qui s’écarta de l’UD en 1946 ? Il n’apparaît plus dans les instances de l’UD et l’UL de Saint-Brieuc. Resté fidèle au PCF, il fut candidat sur la liste d’union républicaine présentée par le PCF conduite par Edouard Prigent* lors des élections municipales de Saint-Brieuc le 19 août 1962, suite à l’invalidation du scrutin de 1959.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151163, notice PETIT Jean, Pierre, dit Pierre par Yann Le Floch, Alain Prigent, version mise en ligne le 16 décembre 2013, dernière modification le 22 mai 2022.

Par Yann Le Floch, Alain Prigent

SOURCES :
Arch. dép. Côtes d’Armor, 1M362 (dossier individuel 1939), 4W67 (membre des COSI en 1942). —Le Combat social, mai 1937. —L’Avenir syndicaliste des Côtes-du-Nord, juillet 1937. —Arch. de l’UD CGT des Côtes d’Armor (Cahiers Théo Hamon, 1922-1941). —L’Aube Nouvelle, hebdomadaire de la fédération des Côtes-du-Nord du PCF (1945-1951). —Christian Bougeard, Le choc de la deuxième guerre mondiale dans les Côtes-du-Nord, thèse de doctorat d’Etat, Rennes II, 1986. —Marcel Cachin, Carnets, Tome 4, CNRS, 1997. —Alain Lozach, Visages de la Résistance bretonne, Coop Breizh, 2003. —Alain Prigent, Histoire des communistes des Côtes-du-Nord (1920-1945), Saint-Brieuc, 2000. —Ouvrage collectif, De la nuit à l’Aurore, des lycéens dans la guerre, Association A. Le Braz, 1995. —Alain Prigent et François Prigent, « les militants briochins, Le Maitron et l’oeuvre de Louis Guilloux », in Confrontations, Actes du colloque d’octobre d’octobre 2012. —Notice de Yann Le Floch in Le Maitron, Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier (DBMOF), période 1919-1939. —Multiples entretiens avec son fils Pierre. —Attestation de Louis Saillant (6 novembre 1944). —Arch. départementales de Charente-Maritime, registres d’état-civil numérisés consultables en ligne.

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