PROUDHON Louis, Charles dit Charles

Par Daniel Grason

Né le 20 juin 1912 à Paris Xe arr. (Seine), mort le 16 janvier 1945 à Güsen (Autriche) ; serrurier ; militant communiste ; résistant déporté.

Fils de Charles, serrurier et de Léontine, née Joyeux, domestique, Louis Proudhon fut adopté par la Nation par décision du tribunal civil de la Seine du 2 juillet 1919. Il demeurait 145 rue de Charonne à Paris XIe arr. Communiste, il continua à militer pendant la guerre, il était responsable d’une cellule clandestine sur son lieu d’habitation. Il vivait avec Angèle Vidal, maroquinière, travaillait comme serrurier à la Compagnie du Métropolitain de Paris (CMP) 117 Avenue Michelet à Saint-Ouen (Seine, Seine-Saint-Denis) où il était en relation avec d’autres militants.

Des inspecteurs de la Brigade spéciale d’intervention (BSi) du commissariat de police de Saint-Ouen interpellèrent le 26 août 1941 Albert Gibon, puis le lendemain : Louis Duguet, André Collin, Lucien Germa et Louis L. Ces hommes furent matraqués lors des interrogatoires, Louis L. indiqua que son chef de groupe était un dénommé « Charles » qui travaillait à la Compagnie du Métropolitain de Paris à Saint-Ouen. Il accepta d’accompagner un policier à la sortie des ateliers à 17 heures 30, d’autres policiers étaient sur place. Louis Proudhon eut un mouvement de recul, il tenta de s’enfuir vers les ateliers, mais il fut empoigné, un inspecteur le frappa au visage, il riposta… mais fut maîtrisé.

Le 21 novembre 1941 Louis Proudhon comparut devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, il fut condamné à quinze ans de travaux forcés pour « activité ayant pour but de propager les mots d’ordre de la IIIe Internationale ». Quant au dénonciateur, Louis L. il était relaxé sans frais ni dépens.

Incarcéré à la Santé, Fresnes, puis le 15 décembre 1941 à Fontevrault (Maine-et-Loire), il était transféré le 17 septembre 1943 à la prison de Blois (Loir-et-Cher), Louis Proudhon fut interné au Fronstalag 122 à Compiègne. Le 13 mars 1944 cinquante-deux détenus étaient dans un des wagons de voyageurs aux fenêtres grillagées, accrochés à un train en partance pour l’Allemagne. Le lendemain matin, ils arrivaient à la gare de Sarrebruck d’où ils étaient conduits au camp de Neue Bremm. Ils y restèrent plus de quinze jours avant d’être dirigés à Mauthausen (Autriche), tous étaient classés « NN » classé Nuit et Brouillard « NN » (condamné à disparaître).

Louis Proudhon fut affecté au Kommando de Güsen, il travailla dans les carrières de granit ou dans une des usines qui fabriquait des armes. Matricule 61195, il mourut le 16 janvier 1945, sur les cinquante-deux déportés, trente-neuf moururent.

En décembre 1944, son amie Angèle Vidal témoigna devant la commission d’épuration de la police : « Le jour même de son arrestation, deux inspecteurs sont venus avec lui, perquisitionner à notre domicile. Mon ami avait le visage marqué par des coups ; l’un des inspecteurs était d’ailleurs marqué également. […] Envoyé au dépôt, il a dû passer à la Brigade spéciale des Renseignements généraux ; car dix jours environ, après son arrestation, je l’ai vu à la prison de la Santé ; il m’a dit qu’il avait été battu et privé de nourriture pendant soixante-douze heures ». Elle était sans nouvelle de lui depuis le 22 juillet 1944.

Le policier qui arrêta Louis Proudhon était un brigadier du commissariat de Saint-Denis, ceux de la BSi étant absent. Il confirma que l’arrestation fut « brutale », que Louis Proudhon appela « ses camarades » d’atelier « au secours ». Il déclara qu’il avait fait le minimum « le dénonciateur m’avait indiqué un numéro de [plaque] de vélo » qui « concernait un ouvrier des ateliers. […] Or cet individu n’a pas été inquiété ». Il fit part que Louis Proudhon était porteur de plusieurs numéros de L’Avant-Garde où il était écrit « L’ouvrier allemand sous l’uniforme, n’est pas notre ennemi, causez avec lui ». Il en concluait qu’il était « difficile d’admettre que son activité [celle de Proudhon] était celle d’un patriote ». Cette affirmation du policier quant au contenu de la propagande communiste à la date de l’arrestation de Louis Proudhon le 27 août 1941 était mensongère, elle visait à se dédouaner de sa responsabilité.

Le nom de Louis Proudhon figure sur la plaque commémorative de la Compagnie du Métropolitain de Paris (CMP) à l’entrée des ateliers avenue Michelet, il n’est pas mentionné comment ces résistants sont morts. Pierre Cosnard et Jean Queffeulou, furent fusillés au Mont-Valérien et Raymond Martin, mourut en déportation.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151185, notice PROUDHON Louis, Charles dit Charles par Daniel Grason, version mise en ligne le 17 décembre 2013, dernière modification le 6 septembre 2015.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 1928, BA 2056, BA 2057, KB 50, PCF carton 11 rapports hebdomadaires des Renseignements généraux sur l’activité communiste, 77W 28, 77W 1731. – Arch. Mun. Saint-Ouen. – Roger Poitevin, Abbaye-Bagne de Fontevraud, 1940-1944, AFMD Maine-et-Loire, 2009. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – JO n° 277 du 28 novembre 1991. – Site Internet GenWeb. – État civil, Paris 10e arr.

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