ARLET Henri, Joseph, Yves [Pseudonyme : Hubert Arnaux]

Par André Balent, Jean-Pierre Besse

Né le 19 mai 1922 à Sarlat-la-Canéda (Dordogne), fusillé le 8 novembre 1943 à Toulouse (Haute-Garonne) ; étudiant ; résistant ( Combat, AS, maquis Bir Hakeim).

Henri Arlet (1922-1943)
Henri Arlet (1922-1943)
Henri Arlet en 1943
Collection particulière

Henri Arlet était le fils d’un avoué, Louis Arlet, maire socialiste de Sarlat. Étudiant en droit à Bordeaux (Gironde) puis à Toulouse (il était licencié en Droit et titulaire d’un diplôme d’ études supérieures de Droit public), Arlet entra tôt dans la Résistance. Il distribuait de presse clandestine (Vérités, Combat, Libération). Il adhéra au mouvement Combat et devint membre des groupes francs toulousains de ce mouvement. Menacé par le STO, il entra comme un certain nombre de lycéens et étudiants toulousains au maquis Bir Hakeim (Voir Capel Jean). Arlet y fut chef de sizaine. Stationné d’abord près de Villefranche-de-Rouergue (Aveyron), ce maquis s’installa ensuite sur le plateau de Douch (commune de Rosis) dans l’Hérault. Les maquisards s’installèrent le 25 août 1943 dans le presbytère inoccupé attenant à l’église Sainte-Marie. Église et presbytère sont isolés dans un vallon, éloignés des villages (Douch, Rosis).

Le 10 septembre 1943, le maquis fut attaqué dès sept heures du matin par les Allemands (une colonne motorisée s’était déplacée depuis Béziers appuyée par un avion d’observation). Ils investirent le plateau de Douch, depuis Rosis à l’est et depuis Mons La Trivalle au sud, en gravissant le relief escarpé du versant nord de la vallée du Jaur. Deux résistants furent tués (Jean-Marie Allex et Alphonse Landrieux) à environ deux-cents mètres de l’église de Douch, quatre furent blessés et faits prisonniers (Henri Arlet, Edmond Guyaux, Jacques Sauvegrain et André Vasseur). Une autre version (Maruéjol & Vielzeuf, op. cit., p. 32) indique que Arlet, indemne, avait voulu aider l’un de ses camarades blessé et avait été fait prisonnier avec lui. Le chef de la section de la Gendarmerie de Lodève (Hérault) dans un message à l’intention de plusieurs destinataires (dont le préfet régional et le préfet de l’Hérault) ne donna l’identité véritable que de deux des prisonniers (Guyaux et Vasseur). D’après le rapport du chef de la section de gendarmerie de Lodève, les prisonniers furent d’abord transportés dans l’après-midi à l’hôpital de Béziers afin de recevoir les premiers soins. Puis ils furent transférés à Perpignan (Pyrénées-Orientales), sans doute à la citadelle, où la Sipo-SD avait aménagé une prison, afin de subir un premier interrogatoire (Voir Citadelle de Perpignan).

Conduits ensuite à la prison Saint-Michel de Toulouse, ils furent condamnés à mort par un tribunal militaire allemand le 24 octobre 1943 et fusillés dans l’enceinte de cet établissement à Toulouse le 9 novembre 1943, Arlet sous le nom de Hubert Arnaux.
Un avis paru le 13 novembre 1943 et signé par le « Kommandant Heeresgebietes sudfrankreich » annonça que « Les ressortissants Hubert Arnaux, étudiant de Toulouse, Edmond Guyaux, étudiant de Toulouse, Jacques Sauvegrain, étudiant de Lardenne, André Jaxerre (pseudonyme d’André Vasseur) employé de Toulouse avaient été condamnés à mort le 24 octobre 1943 par un tribunal militaire allemand pour avoir participé à des actes terroristes. Les condamnés s’étaient réunis dans un camp de la montagne pour combattre les troupes allemandes, où on leur donnait des armes et une instruction militaire. Ils se sont opposés à la prise du camp à main armée et ont causé des pertes aux troupes allemandes. Le jugement a été exécuté le 9 novembre par fusillade ». En fait, les quatre de Bir Hakeim furent fusillés le 8 novembre et , d’après le témoignage de la fermière demeurant dans le voisinage, furent ensevelis dans une fosse de Bordelongue, le 9 novembre au matin.
À Bordelongue, on découvrit en septembre 1944 trois fosses communes dans lesquelles les Allemands avaient enseveli les corps de vingt-huit résistants exécutés entre novembre 1943 et avril 1944. Le corps d’Henri Arlet gisait dans l’une d’entre elles.
Henri Arlet fut homologué à titre posthume sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI).
Il existe un boulevard Henri Arlet à Sarlat. Son nom fut inscrit avec une erreur de prénom ("Arlet Jean") sur le mémorial des morts du maquis Bir Hakeim à Mourèze (Hérault). Il figure aussi sur le monument aux morts de 1939-1945 de la commune de Sarlat-la-Canéda (Dordogne), sur une plaque à sa mémoire au cimetière de Sarlat, sur la plaque commémorative des victimes de 1939-1945 à la faculté de Droit de Bordeaux, sur la stèle des résistants jetés dans des fosses à Bordelongue (Toulouse).

Dans la lettre envoyée au père d’Henri Arlet (maire de Sarlat, Dordogne) après la Libération, le maire de Rosis expliqua que l’affrontement entre les maquisards et les Allemands avait été très vif. Il raconta aussi l’enterrement à Saint-Gervais-sur-Mare des deux tués (voir : Allex Jacques et Landrieux Alphonse), et fit part de l’estime dans lequel les habitants de la commune de Rosis tenaient les combattants du maquis Bir Hakeim.

Son frère Michel, étudiant en Droit, convoqué aux Chantiers de jeunesse, rejoignit le maquis Bir Hakeim à ses tous débuts, en juillet 1943. Il fut arrêté en octobre 1943 et interrogé par la police à Toulouse.

Voir : Toulouse, prison Saint-Michel et charnier de Bordelongue (9 novembre 1943- 18 avril 1944)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151215, notice ARLET Henri, Joseph, Yves [Pseudonyme : Hubert Arnaux] par André Balent, Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 19 décembre 2013, dernière modification le 21 mai 2022.

Par André Balent, Jean-Pierre Besse

Henri Arlet (1922-1943)
Henri Arlet (1922-1943)
Henri Arlet en 1943
Collection particulière

SOURCES : DAVCC, Caen. — AD Hérault (série W), rapport du lieutenant de gendarmerie Mangin, chef de la section de Lodève aux préfets de région et de l’Hérault à Montpellier, au procureur de l’État français à Béziers au sous-préfet de Béziers, au chef du gouvernement à Vichy ..., relatant l’attaque de Douch, s.d. (sans doute le 11 septembre 1943). — Le Patriote du Sud-Ouest, 18, 7 septembre 1944. — Vaincre, quotidien des FTP-FFI (Toulouse), 8 septembre 1944. — La Résistance en Haute-Garonne, AERI et Association Histoire de la Résistance en Haute-Garonne, CDrom, 2009. — Gérard Bouladou, Les maquis du Massif Central méridional 1943-1944. Ardèche, Aude, Aveyron, Gard, Hérault, Lozère, Tarn, Nîmes, Lacour-Rediviva, 2006, 617 p. [ pp. 287-291, lettre p. 291].— René Maruéjol et Aimé Vielzeuf, Le maquis "Bir Hakeim", Genève, Éditions de Crémille, 1972, 251 p. [p. 32]. — Combat, édition clandestine, 49, octobre 1943 ("Un combat dans le maquis", récit du combat de Douch le 10 septembre 1943) ; 57, mai 1944 récit de "RM", ancien chef adjoint du maquis Bir Hakeim concernant les victimes du combat de Douch et plus précisément "Hubert Arnaux"). — État civil. — Site Memorial GenWeb.

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