AURIOL Pierre, Louis, Jacques

Par André Balent, Georges Sentis

Né le 23 septembre 1905 à Salses, aujourd’hui Salses-le-Château (Pyrénées-Orientales), fusillé le 11 juillet 1944 à Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) après condamnation par une cour martiale de Vichy ; infirmier à l’hôpital de Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; résistant FTPF.

Pierre Auriol était le fils d’un cultivateur Michel, Joseph, âgé de quarante-deux ans en 1905. Sa mère Marie, Léocadie, Fanie Pérarnaud, ménagère, avait à la même date trente-trois ans. Chauffeur d’automobile à l’hôpital Saint-Jean de Perpignan, il se maria le 26 janvier 1924 à Salses avec Marie, Éveline, Catherine Clos, infirmière. Pierre Auriol était père d’une fille.
Après sa démobilisation le 18 juillet 1940, il reprit son travail à l’hôpital. Il était membre du groupe Valmy de la 414e Cie FTPF depuis le 15 juin 1943. Selon une attestation de Sébastien Rius co-signée par Leccia, il aurait participé à diverses actions (sabotages de voies ferrées, attentats à la bombe contre des locaux allemands). Il fut arrêté par des hommes de la police judiciaire dans l’enceinte de l’hôpital, à la suite de l’échec d’une opération de récupération d’argent le 23 mai 1944. Ce jour-là, Joseph Sauri et Pierre Stoll et, Roger Menuiiser attaquèrent un employé (le convoyeur de la Trésorerie Germain Madern) qui transportait de l’argent de la Trésorerie générale (au centre de Perpignan) à la Banque de France. Deux policiers en civil (les gardiens de la Paix Albert Forgas et Roger Fabre) qui assuraient la protection du convoyeur tirèrent. Forgas, pourtant assommé par un coup de matraque tira avec son revolver.un coup de feu qui n’atteignit pas Pierre Stoll. Le convoyeur fut blessé à son tour par un autre coup de matraque asséné par Sauri. Le gardien de la Paix Fabre tira un coup de feu dans la direction de Stoll et le blessa. Les trois s’enfuirent, mais Stoll,, gravement atteint, s’affaissa. Alertés par les coups de feu, plusieurs Allemands sortirent du Soldatenheim situé à proximité et participèrent à l’arrestation de Pierre Stoll. Joseph Sauri réussit à s’enfuir et retrouva Gabriel Hispa qui avec Paul Dinnat était chargé de protéger leur repli, près du monument aux morts, situé à proximité de la Trésorerie générale. Dinnat réussit à s’enfuir et retourna à Montpellier.
Tous trois s’engouffrèrent dans une voiture du centre hospitalier pilotée par Pierre Auriol. L’enquête menée par la police judiciaire aboutit dans un premier temps à l’arrestation de Pierre Auriol, Gabriel Hispa, Roger Menuisier et Joseph Sauri, puis à la découverte du dépôt de matériel des FTPF perpignanais (explosifs, détonateurs, obus de mortier, machine à écrire, cartes d’alimentation, laisser-passer, d’"importantes" archives, etc...), et, enfin, à l’arrestation du docteur Durrieu de Madron, du pharmacien Armand Estève, de Jacques Figuères, de Thérèse Bobo...
Arrêté, Pierre Auriol, au cours de l’interrogatoire qu’il subit, avant ou à la suite de celui de Sauri, dénonça en plus des FTPF "donnés" par Stoll, les gardiens de la Paix membres des FTPF, Hispa, Menuisier et Espana. À la suite de cet interrogatoire, les deux premiers furent arrêtés alors que le troisième dut son salut au policier français favorable à la résistance qui l’avait interrogé. Les cinq prisonniers, arrêtés à l’issue de cette attaque avortée possédaient des Nachtausweis qui leur permettaient de circuler pendant les heures de couvre-feu.Les FTPF arrêtés par des Français avaient été pris en charge par la police française. Mais des soldats allemands du Soldatenheim étaient impliqués. Aussi, la police allemande voulut-elle à son tour les interroger.
Livrés aux autorités allemandes, les cinq FTPF — dénonciateurs et dénoncés — furent internés à la citadelle puis transférés à Montpellier (Hérault) où ils furent mis à la disposition de la police française. La cour martiale de la Milice qui les jugea le 11 juillet 1944, siégea à l’Intendance de police de la ville. Condamnés à mort, ils furent fusillés le jour même par un peloton du Groupe mobile de réserve (GMR) "Biterrois" sur la butte de tir de la Madeleine à Villeneuve-lès-Maguelone.
Leurs corps furent inhumés à Perpignan le 27 septembre 1944. Leur enterrement, y compris l’absoute en la cathédrale Saint-Jean-Baptiste à laquelle eurent droit ces communistes ou sympathisants, donna lieu à une imposante cérémonie à laquelle participèrent le préfet Latscha et Félix Mercader, le maire de Perpignan.
Pierre Auriol fut homologué sous-lieutenant des Forces françaises de l’intérieur (FFI) et décoré de la Croix de guerre.
Son épouse, Clos, « Évelyne Claudine », infirmière, assurait des liaisons pour les FTPF légaux de Perpignan. Après l’arrestation de son mari, elle passa dans la clandestinité.
Son nom est inscrit sur les deux monuments ou plaques commémoratifs de la Madeleine. Une plaque a été posée à la butte de tir avec les seize noms de fusillés (par les GMR ou les Allemands) entre le 14 mars et le 11 juillet 1944. Trois cent mètres en contrebas, un monument commémoratif a été érigé ultérieurement, le long de la route départementale reliant Montpellier à Sète. Le nom de Pierre Auriol figure également : sur la plaque du monument érigé au centre hospitalier Saint-Jean de Perpignan à la mémoire des membres du personnel et des administrateurs de cet établissement résistants et morts du fait de leur action clandestine, en déportation ou fusillés ; sur le monument aux morts de Salses ; sur la plaque commémorative de l’église Saint-Étienne et Saint-Vincent de Salses dédiée par la paroisse aux morts des guerres. À Salses et à Perpignan, l’odonymie honore la mémoire de Pierre Auriol (rues Pierre-Auriol). À Perpignan, les cinq FTPF fusillés de la Madeleine ont eu droit à un hommage collectif avec la création d’une "rue des fusillés de juillet 1944".

Voir : Lieu d’exécution de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151217, notice AURIOL Pierre, Louis, Jacques par André Balent, Georges Sentis, version mise en ligne le 4 janvier 2016, dernière modification le 13 avril 2018.

Par André Balent, Georges Sentis

SOURCES : DAVCC, Caen, 21P 5 693. — Arch. dép. Pyrénées-Orientales, 2283 W 66, rapport du commissaire principal des Renseignements généraux de Perpignan au directeur des RG à Vichy, 25 mai 1944). — Arch. com. Salses, état civil, acte de naissance de Pierre Auriol et mention marginale. — Archives privées André Balent : Paul Dinnat, ancien FTPF montpelliérain, responsable technique du triangle de direction des FTPF des Pyrénées-Orientales, militant communiste, Je veux témoigner, récit de ses activités de prisonnier, d’évadé et de résistant pendant la guerre 1939-1945, transcription d’un enregistrement (2003-2004), tapuscrit, 31 p. [p. 25]. — Georges Sentis, Les communistes et la Résistance dans les Pyrénées-Orientales, t. II (novembre 1942-août 1944) et tome III Biographies, Lille, Éd. Marxisme, Régions, 1985 et 1994. — Jean Larrieu, Chronologie des années noires, Revista Terra Nostra, no 89-90, 1994. — Raymond Gual, Jean Larrieu Jean, Documents, photos, presse... De la Résistance à la Libération, Revista Terra Nostra, no 93-94-95-96, 1998. — État civil.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable