LEFEBVRE Maurice, Hippolyte

Par Daniel Grason

Né le 8 mars 1904 à Paris XIIIe arr. (Seine), mort vers 1953 ; ajusteur, chef d’équipe ; militant communiste ; déporté à Buchenwald (Allemagne).

Fils de Georges et de Blanche, née Sellier, Maurice Lefebvre se maria, le couple eut deux enfants, la famille demeurait 23 rue Victor-Hugo à Bobigny (Seine, Seine-Saint-Denis). Il exerçait depuis 1937 la profession d’ajusteur à la Société nationale de constructions aéronautiques du sud-ouest (SNCASO), ex. Blériot à Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine). Dès la déclaration de guerre, il était affecté spécial dans l’entreprise qui se replia à Bordeaux (Gironde) où il fut démobilisé en juin 1940. Le 1er septembre 1941 il était muté comme chef d’équipe à l’usine de Courbevoie.
Le jeudi 27 août 1942, le parti communiste organisa une prise de parole avec distribution de tracts devant la SNCASO, quai Galliéni à Suresnes à la sortie de l’usine prévue à 18 heures. Des policiers en civil étaient sur place, les résistants furent repérés vers 17 heures 30, l’un tira sur un jeune résistant Jean Pelet, il riposta… tira à trois reprises et se réfugia sur le toit d’un pavillon. Un policier tira une rafale de mitraillette le touchant grièvement, Jean Pelet mourut le lendemain à l’Hôpital départemental de Nanterre.
Les policiers arrêtèrent une quinzaine d’ouvriers, l’un d’eux mis Maurice Lefebvre a été mis en cause. Celui-ci fut arrêté par des policiers de la Brigade spéciale d’intervention (BSi) du commissariat de Puteaux. Il était inconnu en tant que communiste sur son lieu de travail et là où il habitait. Il comparut le 2 avril 1943 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris, fut condamné à trois ans de prison et mille deux cents francs d’amende.
Incarcéré à la Santé et dans différents lieux de détention, Maurice Lefebvre était dans le convoi de deux mille soixante-treize hommes qui partit de Compiègne le 12 mai 1944 à destination de Buchenwald (Allemagne). La libération du camp eut lieu le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Un Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu.
Dans son ouvrage 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
Maurice Lefebvre matricule 49640 était parmi les survivants, sept cent quatre- vingt-neuf déportés de ce convoi étaient morts (38%). Maurice Lefebvre qui habitait toujours à Bobigny fut grand électeur du candidat du parti communiste lors des élections sénatoriales du 24 novembre 1946. Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Revenu malade de déportation, il mourut vers 1953.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151370, notice LEFEBVRE Maurice, Hippolyte par Daniel Grason, version mise en ligne le 13 janvier 2020, dernière modification le 26 juillet 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2056, 77W 406. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. du Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable