BONIN Marcel, Edmond

Par Daniel Grason

Né le 30 juin 1904 à Nevers (Nièvre), mort le 11 mars 1944 à Buchenwald (Allemagne) ; manœuvre ; communiste ; résistant déporté.

Fils d’Edmond, fondeur en fonte et d’Augustine, née Pauper, sans profession, Marcel Bonin épousa le 18 avril 1925 Madeleine Redon en mairie du VIIe arr. Il se remaria le 21 mars 1937 avec Louise Barbeau en mairie de Courbevoie (Seine, Hauts-de-Seine), ville où la famille vivait 6 avenue du Château-du-Loir, Marcel Bonin était père de cinq enfants.
Il entra comme manœuvre le 15 mars 1938 à la Société nationale de constructions aéronautiques du sud-ouest (SNCASO), ex. Blériot à Courbevoie 41 quai du Président Paul-Doumer (Seine, Hauts-de-Seine). En juin 1940 lors de l’Occupation allemande, licencié il s’inscrivit au fonds de chômage de la ville.
Le 19 décembre 1940 il eut un échange un peu vif avec un gardien de la paix, le commissaire de Courbevoie dressa un procès-verbal pour outrage à agent. Réembauché à l’usine de Suresnes au 3 quai Gallieni le 23 décembre 1940, il fut muté le 24 février 1941 à l’usine de Courbevoie. La 14e Chambre correctionnelle le condamna le 26 juillet 1941 à vingt-cinq francs d’amende pour son algarade de décembre 1940 avec un policier.
Le jeudi 27 août 1942, le parti communiste organisa une prise de parole avec distribution de tracts devant la SNCASO, quai Gallieni à Suresnes à la sortie de l’usine prévue à 18 heures. Des policiers en civil étaient sur place, des résistants furent repérés vers 17 heures 30, l’un tira sur un jeune résistant Jean Pelet, celui-ci riposta… tira à trois reprises et se réfugia sur le toit d’un pavillon. Un policier tira une rafale de mitraillette le touchant grièvement, Jean Pelet mourut le lendemain à l’Hôpital départemental de Nanterre.
Les policiers interpellèrent une quinzaine d’ouvriers, le 3 septembre 1942 des policiers arrêtèrent Marcel Bonin. Lors d’un interrogatoire probablement violent, il mettait en cause un résistant détenu au dépôt depuis le 27 août. Auguste R. lui aurait demandé de constituer un groupe de trois militants à l’intérieur de l’entreprise, puis de déposer une charge explosive pour faire sauter le transformateur de l’usine de Courbevoie.
Marcel Bonin comparut le 2 avril 1943 devant la Section spéciale de la Cour d’Appel de Paris avec dix autres militants impliqués dans l’initiative du 27 août 1942 devant la SNCASO. Il fut condamné à un an de prison et mille deux cents francs d’amende.
Interné à la caserne des Tourelles dans le XXe arr., les Allemands vinrent le chercher le 5 juillet et l’emmenèrent au Frontstalag 122 à Compiègne, le 3 septembre 1943 il était dans le convoi de neuf cent quarante-trois déportés à destination de Buchenwald (Allemagne). Envoyé au camp de Dora, ramené à Buchenwald, Marcel Bonin matricule 20659 y mourut le 11 mars 1944.
Dans son ouvrage 1945 La découverte, Annette Wieviorka soulignait : « c’est avec l’arrivée du résistant communiste Marcel Paul, en mai 1944, qui devient l’interlocuteur des dirigeants allemands, que le parti communiste français s’organise véritablement à Buchenwald et qu’il rassemble d’autres courants de la Résistance dans le Comité des intérêts français. Désormais, le Comité est à présent dans l’organisation de résistance du camp et peut protéger certains détenus. »
La libération du camp eut lieu le 11 avril 1945 dans l’après-midi, l’armée américaine conduite par le général Patton libérait Buchenwald. Un Comité militaire clandestin international l’accueillit. Le Comité des intérêts français était composé de : Frédéric-Henri Manhès, Albert Forcinal, Marcel Paul, Robert Darsonville et Jean Lloubes représentaient les français au sein de ce comité précisa Olivier Lalieu.
Le nom de Marcel Bonin figure sur le Monument aux Morts en déportation et des fusillés de Courbevoie. Il a été homologué au titre de la Résistance intérieure française (RIF), et Déporté interné résistant (DIR).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151404, notice BONIN Marcel, Edmond par Daniel Grason, version mise en ligne le 23 décembre 2013, dernière modification le 13 janvier 2020.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. BA 2057, 77W 406. – Livre-Mémorial, FMD, Éd. Tirésias, 2004. – Site Internet GenWeb. – JO n° 226 du 30 septembre 1987. – État civil, Nevers. – Annette Wieviorka, 1945 La découverte, Éd. du Seuil, 2015. – Olivier Lalieu, La zone grise ? La résistance française à Buchenwald, préface de Jorge Semprun, Éd. Tallandier, 2005. – Pierre Durand, Les Français à Buchenwald et à Dora, Éd. Sociales, 1977.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable