GUERROUDJ Abdelkader dit Djilali [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Instituteur, associé à l’organisation des groupes paysans par le PCA dans sa région natale de Tlemcen ; expulsé en 1955, revient diriger avec Yahia Briki* les commandos du grand Alger en liaison avec le FLN ; arrêté fin 1956 et condamné à mort au procès des Combattants de la libération (groupes du PCA) en décembre 1957 ; à l’indépendance, membre du FLN ; en rupture depuis le coup d’État du 19 juin 1965 du colonel Boumedienne.

C’est dans les villages autour d’Aïn Fezza où il est instituteur, à onze kilomètres au nord-est de Tlemcen qu’A. Guerroudj participe à l’organisation et aux luttes des groupes paysans suscités après 1945, par le PCA. Ces petits paysans, comme les frères Berrahou*, des villages comme Chouly ou Ouchba s’associent aussi aux actions et souvent aux grèves des ouvriers agricoles du vignoble un peu plus au sud autour de Descartes (Ben Badis) et Lamoricière (Aïn Nahala) pénétré dès avant 1936 par le syndicalisme agricole des activistes communistes venant de Tlemcen comme les frères Badsi. Ces communistes paysans sont parmi les premiers à monter au maquis en 1955 sans attendre les instructions du PCA.

En 1950, A. Guerroudj épouse Jacqueline Netter qui vient d’être déplacée comme institutrice à Aïn Fezza. Dans sa dernière campagne électorale en mars-avril 1955, le PCA présente A. Guerroudj comme candidat au Conseil général. Avec Ahmed Akkache dans l’Algérois, Laïd Lamrani* dans les Aurès, il est un des orateurs communistes qui osent parler de lutte armée pour l’indépendance au delà des mots d’ordre du parti. Le préfet d’Oran expulse en France en avril 1955 le couple Guerroudj « agitateurs communistes notoirement connus ».

Tandis que Jacqueline Guerroudj et les quatre enfants (nés de Pierre Minne et de A. Guerroudj), séjournent plus longuement près de Carmaux accueillis par des camarades communistes, la famille Naves d’Albi, A. Guerroudj revient d’abord à Tlemcen alors que les communistes des groupes paysans passent au maquis. Il est ensuite appelé à Alger quand le PCA envisage après juin 1955 de constituer ses propres groupes armés.

Ainsi A. Guerroudj va se retrouver aux côtés de Yahia Briki* qui était déjà sorti d’Alger Républicain avant toute directive du PCA en se joignant au FLN ; rejoignent ensuite des militants envoyés par le PCA et lui restant attachés comme G. Acampora, J. Farrugia*, et plus tard F. Iveton, mais il est arrêté quelques semaines avant puis relâché.

L’opération Maillot, début avril 1956, est suivie sous le nom de « Combattants de la libération », de la mise en place du noyau d’un maquis proprement communiste dans le massif de l’Ouarsenis, détruit en juin alors que le PCA négocie et signe ensuite à Alger avec le FLN, l’accord de ralliement individuel de ses militants à l’ALN. Le rôle d’A. Guerroudj grandit à la direction des commandos d’Alger qui exécutent quelques sabotages et attentats, mais ne réussissent pas celui contre le général Massu à la fin de 1956. Placé par le FLN sous les ordres de Arezki Bennaceur* (Tewfik) et pour la Casbah, de Yacef Saadi, A. Guerroudj est arrêté par les parachutistes français en janvier 1957, une quinzaine de jours avant la grève de huit jours à la fin du mois qui marque les débuts du terrible écrasement de la Résistance par « la Bataille d’Alger ».

Tandis qu’en mars-avril 1956, le PCA entend disposer de ses propres groupes armés, à Paris, les députés du PCF vient de voter, le 12 mars, les pouvoirs spéciaux accordés au gouvernement de Guy Mollet pour le maintien de l’ordre en Algérie. Le PCF envoie du reste un membre de sa section coloniale, Georges Thévenin, défendre ses positions. Dans les discussions en juin 1956, avec la direction politique du FLN à Alger (Ramdane Abane et Benyoussef Benkhedda*), la direction clandestine du PCA (Bachir Hadj Ali* et Sadek Hadjerès*) font valoir la participation communiste aux groupes armés dont celle d’A. Gherroudj. Celui-ci tient alors à marquer ses distances avec le parti communiste en affirmant son choix de la lutte armée et du FLN. Dans sa lettre rendue ensuite publique, on peut lire : « Si le PCA s’était décidé à faire…le geste nécessaire, à savoir sa dissolution, il aurait non seulement donné une preuve de courage politique, mais il aurait également contribué à rendre plus complète l’unité du peuple algérien en lutte… » ; A. Guerroudj va jusqu’à parler de l’égarement des dirigeants communistes.

En décembre 1957 au procès dit des Combattants de la libération, Abdelkader et Jacqueline Guerroudj sont condamnés à mort ainsi qu’Abderrhamane Taleb, l’artificier des commandos, qui est guillotiné le 24 avril 1958. Les Guerroudj sont épargnés. Après l’indépendance, A. Guerroudj est député à la première Assemblée nationale, puis devient président du Conseil d’administration de la SNCFA, avant la cassure du coup d’État du 19 juin 1965.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151482, notice GUERROUDJ Abdelkader dit Djilali [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 24 décembre 2013, dernière modification le 24 décembre 2013.

Par René Gallissot

SOURCES : A. Haroun, La 7e Wilaya : la guerre du FLN en France, Le Seuil, Paris, 1986. — H. Khatib, 1er juillet 1956 : l’accord FLN-PCA et l’intégration des « Combattants de la libération » dans l’Armée de Libération Nationale en Algérie, OPU, Alger 1991. — J. Guerroudj, Des douars et des prisons, Bouchène, Alger 1993. — S. Kastell, Le Maquis rouge. L’aspirant Maillot et la guerre d’Algérie, 1956, L’Harmattan, Paris, 1997.

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