BELOUCHRANI Saïd dit Omar [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Représentant du MTLD à la Commission nord-africaine de la CGT à Paris au début des années 1950 ; puis au titre de la Fédération de France du FLN, un des organisateurs de l’Amicale des travailleurs algériens en France (1957).

Dans son témoignage recueilli en 1986 par B. Bourouiba, Omar Belouchrani (écrit parfois par erreur Belouacharani) fait remonter ses premiers engagements à l’adhésion en 1945 au mouvement des Amis du Manifeste et de la liberté animé en particulier au quartier de Belcourt à Alger par les jeunes qui se réclament de Messali*. C’est au reste en criant « Libérez Messali » qu’il participe rue d’Isly au centre d’Alger à la manifestation du 1er Mai 1945 ; les jeunes sont encadrés par les cadres du PPA et déploient le drapeau algérien ; à cette vue, la police française ouvre le feu ; on relève des morts et de nombreux blessés. Par la suite, O. Belouchrani est parti travailler en France, en région parisienne.

Au début des années 1950, militant à la CGT et au MTLD, succédant à Abdelhamid Benzine* passé du MTLD au PCA, il devient le représentant du MTLD à la Commission nord-africaine de la CGT qui réunit en fait les cadres syndicaux algériens de la Région parisienne. Il est partisan de la cohabitation au sein de la CGT, des syndicalistes nationalistes et des communistes, plutôt que de créer une organisation syndicale séparée. C’est cette position qu’il fait défendre par les nationalistes syndicalistes d’Algérie lors du Congrès CGT des cheminots à Paris. À la Commission nord-africaine de la CGT, il agit sous la direction du délégué du MTLD à Paris qu’est M’hamed Yazid*. À la fédération de France du MTLD, il semble subir l’opposition des fidèles de Messali qui, par anticommunisme, poussent à la rupture avec la CGT. Au congrès du MTLD en avril 1953 et ensuite, ilsuit le courant que l’on désignera comme centraliste. Lors du meeting de la CGT du 1er Mai 1955 à Vincennes, O.Belouchrani est violemment pris à partie par les partisans de Messali.

C’est qu’il est entré à la Fédération de France du FLN où il suit la question syndicale ; ce qui contribue à donner une présence militante à la CGT et des adhésions renouvelées dans l’immigration ouvrière face aux anciennes bases syndicales nationalistes qui restent fidèles à Messali* et constituent l’USTA, la centrale syndicale du MNA. L’opposition devient ouverte et meurtrière.
En toute continuité, O.Belouchrani joue un grand rôle dans la constitution à partir de 1957 de l’Amicale des travailleurs algériens en France. Face au syndicat messaliste qu’est l’USTA, le FLN n’établit pas en France, l’UGTA, la centrale nationale créée finalement par le FLN en Algérie. L’AGTA, « l’Amicale », préconise la double appartenance au FLN/fédération de France et à une confédération syndicale française. Arrêté un temps en novembre 1957, il réussit ensuite à gagner l’Allemagne puis la Tunisie. Auprès de la direction du FLN et de l’UGTA reconstituée à Tunis, O. Belouchrani s’emploie à préserver des relations avec la CGT alors que l’UGTA adhère à la CISL (Congrès de la CISL à Tunis en juillet 1957).

Après l’indépendance, le coup de force de janvier 1963 qui change la direction de l’UGTA, le tient à l’écart des responsabilités syndicales et politiques ; c’est au congrès de mars 1965 qui se donne un programme socialiste et marque le retour du militantisme syndical, qu’il accepte d’être membre de la Commission exécutive de l’UGTA. Dans la période Boumédienne, il est cadre dans une Société nationale avant de prendre sa retraite à Alger.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151503, notice BELOUCHRANI Saïd dit Omar [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 25 décembre 2013, dernière modification le 15 janvier 2019.

Par René Gallissot

SOURCES : A. Bouayed, La CGT et la guerre d’Algérie, thèse, op.cit.. — M. Farès, Aïssat Idir, op.cit. — B. Stora, Dictionnaire biographique des militants nationalistes algériens, op.cit. — Témoignage d’Omar Belouchrani daté de juillet 1986, cité dans B. Bourouiba, Les syndicalisesalgériens, op.cit.

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