BELOUIZDAD Mohammed [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 9 novembre 1924 à Alger, mort le 14 janvier 1952 au sanatorium de Bruyères en France ; traducteur au Gouvernement général à Alger, organisateur du groupe des Jeunes de Belcourt du PPA clandestin (1943-1945) ; membre du bureau politique du MTLD (1946), coordinateur de l’Organisation Spéciale (OS) ; initiateur de la commission des Affaires sociales et syndicales du MTLD qui pousse à la formation de noyaux nationalistes à l’intérieur de la CGT.

Enfant du quartier de Belcourt en bas d’Alger, Mohammed Belouizdad a grandi dans ce quartier mêlé d’employés « européens » et de travailleurs et petits employés venant de Kabylie et de l’Est algérien, avec ses commerces et ses cafés comme le tabac du vétéran communiste Si Ahmed Belarbi* dont la gloire est faite d’avoir fondé le PNR au début des années 30. Les Jeunes de Belcourt se réunissent dans l’arrière salle ou dans des garages ou dépôts.
M. Belouizdad suit l’école primaire de la rue Caussemille à Belcourt puis toute proche, l’École primaire supérieurs du Champ de manœuvre et obtient les deux brevets d’École française, le brevet d’études primaires supérieure et plus solide, malgré son appellation, le Brevet élémentaire qui permet d’avoir accès aux services publics. Parallèlement, il acquiert en médersa libre une bonne formation en arabe.

Il est donc solidement bilingue, ce qui lui permet d’entrer comme traducteur au service des Affaires indigènes du Gouvernement général que le directeur de l’époque Augustin Berque, père de Jacques Berque, a fait renommer Affaires musulmanes. Des informations peuvent aboutir à la feuille clandestine en français sous le nom d’El Ouatane(sic pour dire la Patrie ou le Pays) qui tient plus du tract que du journal, tiré par ce comité de Belcourt avec entre autres jeunes du quartier, Ahmed Mahsas qui sera ministre à l’indépendance, et bientôt Idir Aïssat*.

Après le débarquement allié du 8 novembre 1942, lentement l’action politique reprend. Dès 1943, -il a dix-neuf ans, M. Belouizdad est un des militants les plus actifs et des organisateurs du groupe des Jeunes de Belcourt, le pendant à l’Est d’Alger du groupe de la Casbah avec Hocine Asselah* et Mohammed Taleb . Ces jeunes nationalistes se réclament du PPA et de Messali* emprisonné ou en résidence surveillée. Ce sont ces jeunes syndicalistes (comme Rouzik Belmihoub*) criant « Libérez Messali » qui se font tirer dessus par les policiers français à la manifestation du 1er Mai 1945 au centre d’Alger quand est brandi le drapeau algérien. Son père et ses deux frères sont arrêtés ; M. Belouizdad échappe à la police mais passe à la clandestinité.
Après la répression qui suit le 8 mai 1945, il est d’abord chargé de réorganiser la Fédération du Constantinois du MTLD-PPA. Au congrès clandestin de février 1947, il entre au Bureau politique du parti nationaliste et va avoir pour tâche de mettre en place et coordonner l’Organisation Spéciale (OS) de préparation armée. Comme il se cache à Kouba à l’Est d’Alger, c’est le 13 novembre 1947 dans l’immeuble où il habite que se tient la première réunion des huit membres de l’État major de l’OS. À son départ en France en 1949 pour soigner ses crises de tuberculose, la responsabilité passera à Hocine Aït Ahmed*.

En même temps, M. Belouizdad portait intérêt à la syndicalisation à l’intérieur de la CGT. À la suite du congrès du MTLD de février 1947, c’est lui qui sollicite Idir Aïssat* pour former la Commission des Affaires sociales. C’est à son initiative que se tient la commission d’orientation syndicale dans une ancienne écurie de Belcourt, rue Rigodit ; il soutient l’avis de Rouzik Belmihoub* (ci-dessus), syndicaliste des cheminots, préconisant de former, sur le modèle communiste, des noyaux ou fractions de cadres nationalistes syndiqués pour faire valoir le point de vue du parti à la CGT ; en fait c’est ce qui se passe déjà. Le projet est aussi de créer des cellules d’entreprise et d’organiser des groupements de chômeurs ; il n’y eut que des réalisations ponctuelles. C’est Idir Aïssat* qui poursuit cette action.

Comme la tuberculose s’aggrave, M. Belouizdad est hospitalisé à Paris à l’hôpital franco-musulman de Bobigny en décembre 1949. Pris en charge par les mutuelles syndicales, il meurt au sanatorium de Bruyères le 14 janvier 1952. Sa mort a été annoncée par le journal L’Algérie Libre  ; son cercueil débarqué à Alger, sera accompagné par un long cortège de militants jusqu’au cimetière Sidi M’hamed.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151504, notice BELOUIZDAD Mohammed [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 25 décembre 2013, dernière modification le 25 décembre 2013.

Par René Gallissot

SOURCES : L’Algérie Libre, 19 janvier 1952. — M. Farès, Aïssat Idir, op.cit. — B. Stora, Dictionnaire biographique des militants nationalistes algériens, op.cit. — B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op.cit. — O. Carlier, document de travail, URASC, Oran, 1987, publié sous le titre « La guerre d’Algérie. Note pour une anthropologie historique de la violence politique », revue Naqd, Alger, janvier-mars 1993, repris dans Entre nation et Jihad, op.cit.

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