BERTHON André [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 20 juillet 1882 à Petit-Palais-et-Cornemps (Gironde, France), mort à Paris le 16 novembre 1968 ; avocat à Paris et député socialiste puis communiste, défenseur des militants antimilitaristes et anticolonialistes en France, en Tunisie et en Algérie ; au début des années 1920, un des principaux animateurs de l’action communiste anticoloniale à travers l’Union intercoloniale puis l’Étoile nord-africaine ; quittant le PC pour le Parti d’unité prolétarienne ; sous Vichy, ami de Pierre Laval, entré au conseil municipal de Paris.

Né dans le Bordelais, Pierre, Marie, André Berthon a bénéficié de la fortune familiale dont il saura de surcroît faire fructifier le capital dans l’immobilier. Mais l’importance de ses propriétés a peut-être été surfaite par les journalistes qui voulaient montrer les contradictions entre son train de vie et ses engagements. En effet, après des études au lycée Louis Le Grand à Paris et à la Faculté de droit, André Berthon s’inscrit au barreau de Paris en 1904 et tout en dirigeant son cabinet d’avocat, il devient tout particulièrement le défenseur des syndicalistes, anarcho-syndicalistes ou socialistes accusés d’actions antimilitaristes ; c’est l’époque des attaques coloniales sur le Maroc.

Étudiant, il appartient à des groupes socialistes et entre à sa création en 1905 à la SFIO. Il est notamment l’avocat de Gustave Hervé qui dans La Guerre sociale, révèle les scandales en Tunisie et en Algérie (affaire de la Compagnie de l’Ouenza) ; il dénonce le fichage des militants par l’armée dans le carnet B.

Après la guerre de 1914-1918 qu’il passe au ministère de la guerre à Paris, -il en sort capitaine-, il intensifie son action anti-colonialiste et anti-militariste. Il accuse d’assassinats, les officiers français qui ont procédé pendant la guerre à des fusillades de soldats, sans jugement. Élu député SFIO de Paris, il choisit le Parti communiste lors de l’adhésion à la IIIe Internationale en décembre 1920. À la Chambre des députés et devant les tribunaux, il est l’intervenant communiste le plus en vue et le plus vigoureux avant Jacques Doriot* qui est aux Jeunesses communistes.

Il suit la formation de la Fédération communiste de Tunisie et soutient le jeune nationalisme, participe à la publication de La Tunisie martyre de Thaalbi. Il fréquente la Maison des syndicats de la rue de La Grange aux Belles où se réunit l’Union intercoloniale qui publie le journal Le Paria et soutient les activités de la section nord-africaine de cette association autour du communiste Hadj Ali, qui donnera naissance à l’Étoile Nord-africaine en 1926.

En tant qu’avocat, il défend les victimes d’accusations d’antimilitarisme et vient ainsi en 1922 à Oran plaider pour les accusés de l’affaire Lascar, une rixe. Il plaide dans le procès des mutins de la Mer Noire qui ont tenté un soulèvement de marins derrière André Marty en soutien de la Révolution soviétique ; il est pour beaucoup dans leur sortie rapide de prison. En tant que député communiste, il est l’orateur des meetings contre l’occupation militaire française de la Ruhr (1923) et contre la guerre du Rif et de Syrie (1925) ; il est ainsi venu participer à la campagne en Algérie.

En désaccord avec le Parti communiste qui ne le soutient pas dans ses tentatives électorales dans le département du Var, il passe au Parti d’unité prolétarienne (PUP), petit parti d’extrême gauche qui a également des positions anti-colonialistes fortes. En 1930, il est encore un des orateurs les plus notoires de la dénonciation des massacres et de l’horreur des emprisonnements en Indochine. Il se trouve être candidat du PUP contre les candidates communistes notamment à Paris en 1935 et aux élections de Front populaire en 1936 contre André Marty qui l’emporte. Il ne semble pas revenir à la SFIO que rejoint le PUP en 1937.

Très ami depuis leurs études en droit, de Pierre Laval qui sert Vichy, il accepte d’être conseiller municipal du 13e arrondissement de Paris en 1943. Dans les années 1950, il accompagne l’ancien leader socialiste Paul Faure, dans sa tentative de former un parti socialiste parallèle à la SFIO en transformant la Fédération de la Seine en Parti socialiste démocratique. Il est en 1953 président de la Ligue de défense des Musulmans Nord-africains. Il meurt le 16 novembre 1968 à Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151631, notice BERTHON André [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 28 décembre 2013, dernière modification le 28 novembre 2022.

Par René Gallissot

SOURCES : Archives et documentation citées par la notice signée J. Maitron et Cl. Pennetier, DBMOF, op. cit., t.19.

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