Par René Gallissot
Né le 13 novembre 1929 à Marseille, mort le 22 janvier 2013 à Paris (XIIIe arr.) ; professeur agrégé d’histoire au lycée de Mende (Lozère) puis au lycée à Marseille depuis 1954-1955 ; rappelé en Algérie en 1956-1957 ; suspendu de l’Éducation nationalede 1961 à 1964 pour soutien au FLN ; professeur au lycée Michelet à Vanves (sud de Paris) de 1964 à 1974 ; enseignant à l’Université de Paris 7 ; communiste depuis 1948, animateur des manifestations de soldats rappelés en Algérie au printemps 1956 à Marseille ; rappelé lui-même, publiant son témoignage sur les exactions de l’armée française : La paix des Némentchas dans Esprit en avril 1957 ; en dehors du PCF, développant l’important réseau de soutien au FLN dans la région de Marselle ; secrétaire fédéral pour les Bouches-du-Rhône de l’Union de la Gauche Socialiste ; arrêté en juin 1961 ; à l’écart des partis, critique historique dans La Quinzaine littéraire ; à partir de 1966, élaborant pour thèse et publications successives, un système de l’histoire pour situer l’histoire universelle jusqu’à l’histoire présente, dans l’espace en refusant l’unique centralité occidentale, et dans le temps par une volonté d’établir les périodes et les tournants.
Après la naissance de Robert Bonnaud, le tournant de la crise mondiale de 1930, fut aussi un tournant dans la condition familiale. Son père Louis Bonnaud fut licencié des Aciéries du Nord, grande usine de réparation des locomotives de Marseille où, après avoir travaillé comme ouvrier métallurgiste, il était devenu petit cadre. La famille habitait un petit pavillon en quartier sud résidentiel. Le licenciement sous un mauvais prétexte, vint d’un conflit avec son chef d’atelier qui traitai avec mépris la nombreuse main-d’œuvre d’immigrants. L’indemnité de licenciement gagnée au tribunal des prud’hommes, permit un rétablissement par l’achat d’un petit commerce d’épicerie et d’une solide voiture. Robert Bonnaud grandit dans la boutique-taudis (il n’y a qu’un robinet d’eau froide) au bas du boulevard Périer. Pour le père, ce fut l’entrée en communisme.
La famille paternelle venait de l’Ardèche pauvrement paysanne pour s’embaucher en région marseillaise. Orphelin très tôt, à 18 ans, changeant de patron en fin de semaine, Louis Bonnaud fut ouvrier en ferronnerie et serrurerie. Il s’engagea en janvier 1914 dans la Marine nationale ; il était sur les bateaux de la Mer Noire lors des mutineries de 1919 ; il vibra à la révolte et aux déclarations révolutionnaires d’André Marty*. Pour l’armée, il était une forte tête, anarchiste ou rouge. Il lisait Elisée Reclus, le géographe anarchiste, les pacifistes libertaires, Jean Grave et Brizon, dont il diffusait le journal La Vague, La Vie de Jésus d’Ernest Renan et des livres d’Emile Zola qui nourrissaient son matérialisme. Il ne s’en perfectionnait pas moins en mécanique.
Louis Bonnaud tenta de s’élever socialement ; d’ouvrier qualifié, il passa dans l’encadrement à l’usine des Aciéries du Nord, épousa en 1921, une fille de la bourgeoisie aisée, se logea dans un pavillon acheté au quartier Sainte-Anne. Pas de militantisme. La mort de cette première épouse, deux ans plus tard, lui laissa un fils, qui grandit avec les enfants du second mariage plus modeste (1926) ; une soeur aînée, née en 1927, Robert né à la fin de 1929, une soeur plus jeune née en 1933, une autre née en 1944.
Communiste actif, ayant des responsabilités locales, Louis Bonnaud apportait à la maison les brochures et les journaux du parti. En 1940, la mobilisation l’affecta aux Aciéries du Nord de Marseille ; il fut un résistant communiste faisant découvrir au jeune Robert, les manifestations en ville à partir d’avril 1941 contre l’attaque allemande de la Yougoslavie, aux 14 juillet 1942 et 1943, et plus encore les défilés de la Libération. L’épicerie-logement fut soufflée par le terrible bombardement des avions américains sur le centre de Marseille le 27 mai 1944. Responsable du Front national, organisation de Résistance sous hégémonie communiste, Louis Bonnaud obtint un logement décent dans un immeuble ensoleillé de la Colline Périer.
Placées sous gestion ouvrière par le Commissaire de la République issu de la Résistance, Raymond Aubrac, les Aciéries devinrent le bastion du communisme marseillais dans l’attachement au travail ouvrier et à la production, l’action syndicale et les affrontements politiques pour gagner d’abord puis perdre la mairie de Marseille ; commença lors le long règne de Gaston Defferre, patron de la SFIO. Devenu contremaître, Louis Bonnaud, au titre de la CGT fit partie du comité d’entreprise, se déplaça à Paris, fut un dirigeant notable du PCF. Les Aciéries du Nord fermèrent en 1950, En 1963, les parents se retirèrent à Fuveau, près d’Aix-en-Provence, ayant acheté une maison en ruines qu’ils remirent en état. Louis Bonnaud mourut en 1988 ; son épouse était morte en1969.
Robert Bonnaud dit avoir grandi dans cette culture communiste prolétarienne ; sa mère, Marie Cornille, partageait cette approche de classe ; elle allait aux soirées communistes et aux meetings, elle assistait à des réunions de cellule. Si elle était née dans une relative aisance paysanne et avait une éducation ménagère, plus couture et musique, acquise à l’école paroissiale, elle appartenait à la branche de gauche des Cornille de Fontvieille du pays d’Arles. Les garçons prenaient en fermage des mas agricoles provençaux. De retour de fermage en Camargue, la famille maternelle était revenue s’établir au pays ; il y avait neuf enfants dont six filles. La petite aisance permit le mariage de 1926 et le temps du pavillon, avant le déménagement pour la vie de peine à l’épicerie depuis 1930. Marie Cornille poussa les enfants aux études. Après l’école communale de quartier en 1940, sa sœur aînée et Robert Bonnaud réussissent au concours des bourses qui leur ouvraient les portes des études secondaires.
Le lycée Périer devint le lycée Maréchal Pétain ; au milieu de fils de bourgeoisie, de professions libérales, Robert Bonnaud suivit les sections classiques avec grec à partir de la 4e, il se lia ainsi d’amitié avec le jeune Pierre Vidal-Naquet, sauta une classe et devint bachelier (philo-lettres) à 16 ans, en 1946. Au sortir des classes prolétaires, devenir enseignant était l’issue dans la dignité, sans trahir ses origines sociales.
Sans passer par la voie royale des classes préparatoires, la marche se précipita ; la perspective était l’agrégation d’histoire plutôt que celle de philosophie. Ce fut la licence d’histoire-géographie à la faculté d’Aix-en-Provence ; en 1949, son mémoire du diplôme d’études supérieures portait sur l’idée de géographie et la science au XXe siècle. Surveillant de lycée pour gagner sa vie, Robert Bonneau, bi-admissible à l’agrégation dès 1950, obtint une bourse de préparation suivie à Paris ; il réussit au concours de 1952, classé 4e à 22 ans ; le président du jury était Fernand Braudel.
Son premier poste fut au lycée de Mende où il revint en avril 1954 après 18 mois de service militaire. Unique professeur agrégé communiste de Lozère, il eut à cœur, face au préfet, de prononcer un discours de distribution des prix engagé, au moment même de la victoire vietnamienne à Dien Bien Phu ; ce qui lui valut d’être fiché et de rester soldat de 2e classe dans le djebel en Algérie, à son rappel après le vote des pouvoirs spéciaux en 1956.
Dès avant la classe de philo, Robert Bonnaud défendait ses idées au nom du marxisme ; ses lectures de Marx et Engels, et plus largement socialistes, avaient commencé à la maison et au lycée ; il découvrit l’Algérie à travers Gabriel Audisio, maître de l’école littéraire algérianiste, qui annonçait le mélange des cultures. Il entra au Parti communiste en 1948 pour militer contre la guerre coloniale d’Indochine ; il fit partie des étudiants communistes inscrits à Aix-en-Provence qui, lorsqu’ils habitaient à Marseille, avaient leur cellule rattachée à la section du centre de la ville.
En classe de philo, il défendait encore la version simplifiée du marxisme communiste soviétique et français. Lecteur de la revue Annales et des philosophies de l’histoire, il entrait en histoire acquis au matérialisme communiste ; son esprit théoricien le poussait plus vers le matérialisme dialectique qu’à l’application simplifiée et évolutionniste linéaire du matérialisme historique. Une constance intellectuelle apparaît : adjoindre à Marx et rapporter à l’histoire, toutes les ressources d’approche dialectique pour rendre une explication systématiquement scientifique et matérialiste de la complexité des relations, y compris des productions de l’esprit.
L’autre constance est celle de l’anticolonialisme. Elle attache l’interrogation intellectuelle à la question nationale du Vietnam à l’Algérie et à la place dans le mouvement contre le capitalisme occidentalo-centré, des luttes de libération des pays dominés. Communiste internationaliste, il met en question les accusations de nationalisme et les montages des procès en Europe de l’Est. Il est plus encore critique du PCF pour ses dissimulations après le XXe Congrès du PC d’URSS et le vote des pouvoirs spéciaux pour le maintien de l’ordre en Algérie. Anticolonialiste internationaliste, il était abonné à la revue du trotskisme ouvert, celui de Pierre Frank* qu’il rencontra à Marseille : Quatrième Internationale.
Robert Bonnaud fut repéré comme meneur dans les manifestations du printemps 1956. À Marseille, celles-ci s’agitaient et criaient au long du convoyage des rappelés vers le port et devant le port. Mais les dockers ne firent pas grève ; la répression fut terrible en 1950 sur les grèves conduites par la CGT contre la guerre française d’Indochine. La tourmente de 1956 troubla en profondeur le militantisme communiste syndical.
Rappelé lui-même, – ses camarades communistes consultés de Lozère et de Marseille lui déconseillèrent le refus –, suspect pour avoir crié « Guy Mollet au poteau », surveillé voire menacé, il fut envoyé en opération dans le massif des Némentchas. Témoin des exactions d’une armée qui opèrait en aveugle et non sans défoulement raciste (destruction de villages, enlèvements et exécutions, tortures et viols), il fit état de ce qu’il voyait dans sa correspondance ; Pierre Vidal-Naquet qui était un ami depuis le lycée, fit publier son témoignage dans la revue Esprit en avril 1957. La netteté du récit fit choc ; la pratique courante de la torture ne pourrait plus être niée que par mauvaise foi. En 1962, en joignant des lettres et des articles de questionnement politique, écrits à l’époque, Robert Bonnaud compléta ce témoignage dans son livre Itinéraire aux Éditions de minuit.
Après cette dure expérience de six mois, de retour à Marseille à la veille de Noël 1956, puis à son poste au lycée, Robert Bonnaud abandonna le Parti communiste, ne reprenant pas sa carte ; il milita dans les comités et les groupes d’extrême gauche pour l’indépendance de l’Algérie ; la présence de Pierre Mendès-France qui ouvrit la guerre en 1954 au nom de l’Algérie française, le retint d’adhérer au Parti socialiste autonome ; il entra à l’Union de la Gauche socialiste qui en fit son secrétaire de la Fédération des Bouches-du-Rhône. L’UGS ne répondit guère à sa profondeur de pensée révolutionnaire ; en fait, il devint l’animateur de l’action contre la guerre coloniale en pratiquant le soutien des militants algériens pourchassés et du refus des appelés français. Il fut contacté par Lucien Jubelin, professeur de philosophie sartrien, « le Jeanson marseillais ».
Dès avant le 13 mai 1958, il s’employait dans les réseaux anticolonialistes encore ténus, avec des prêtres de la Mission de France, des militants chrétiens du Mouvement de libération du Peuple, des communistes critiques ou oppositionnels, des enseignants (l’historien Maurice Agulhon, le linguiste André Chervel, le philosophe Jean Deprun), des étudiants syndicalistes trotskystes ou libertaires, quelques dizaines ; le mouvement s’accélèra après le coup de force du retour de De Gaulle. Parallèlement, ses convictions étaient connues sur la place, il participa aux meetings et aux conférences du cercle Culture et politique ; son attentions se fixa plus encore sur la question nationale pour un révolutionnaire communiste, en traitant du Socialisme et de la nation.
Le réseau assurait les hébergements des responsables du FLN, les transports d’argent, les inscriptions murales parfois géantes, les tracts et les papillons collants, la diffusion des journaux et bulletins plus ou moins interdits : La Voie communiste, Témoignages et documents, Vérité-Liberté, Vérités pour, Vérités anticolonialistes, Jeune Résistance... Ce réseau marseillais de propagande anticolonialiste, d’aide au FLN, aux insoumis et déserteurs, est un des plus actifs ; il rayonne sur toute la zone du Sud-Est et travailla en contact avec les réseaux parisiens et leurs principaux animateurs : Francis Jeanson*, Henri Curiel*, Georges Mattéi*, Gérard Spitzer*... Trop visible, il fut aussi noyauté par la DST qui contrôlait le responsable FLN, Abdallah Younsi* dit Paul. Robert Bonnaud est arrêté en juin 1961. En citant ses appels à répéter les arrêts de trains à l’exemple des rappelés de 1956, il était dans des médias radiophoniques, vitupéré comme un partisan du déraillement des trains et du sabotage. À la prison des Baumettes, il donna des cours d’histoire et géographie de l’Algérie au « quartier algérien », soutint une grève de la faim de 15 jours ; il contribua à l’évasion d’un militant du FLN condamné à mort.
Il ne fut libéré que trois mois après les Accords d’Evian, en juin 1962. Suspendu en conservant un quart de traitement, il ne fut réintégré à l’Éducation nationale (et indemnisé) qu’en 1964. Marié (1966), deux enfants (1967, 1970), il quitta Marseille pour enseigner dix ans au lycée Michelet à Vanves (classes préparatoires à HEC) avant, au bénéfice du mouvement de Mai 68, d’être chargé de cours à Vincennes et à Paris 7 (Jussieu) où il poursuivit sa carrière : assistant, maître-assistant, maître de conférences jusqu’en 1995, en persistant dans « le refus de parvenir ». C’est qu’il se vouait à son grand œuvre, un système de l’histoire.
Depuis 1949, les sources marxistes pour penser ce chaos qu’est apparemment l’histoire étaient revisitées en puisant à toute pensée cherchant à éclairer le devenir de l’humanité, jusqu’àpouvoir faire des prévisions fondées sur des assurances de logique scientifique, des protocoles dans un système des sciences. Au départ, une interrogation qui tient de l’épistémologie, appliquée à lagéographie puis à l’universalité et à la totalité historique (l’histoire totale comme le fait social total). S’il ne commande, l’anticolonialisme militant impose sa marque par l’intérêt porté aux luttes de libération nationale et par la reconsidération de l’européocentrisme ou occidentalo-centrisme (l’Orient méditerranéen, la Grèce antique et Rome, l’Occident chrétien, la société moderne de l’Europe à l’Atlantique et dans ses reproductions outre-mer).
La question nationale est confrontée aux positions du mouvement socialiste dans les premières interventions de 1958-1959. L’horizon est encore circonscrit par les historiens français autour de l’école des Annales ; le premier sujet de thèse d’État déposé auprès d’Ernest Labrousse, le maître à la Sorbonne de l’histoire économique et sociale, le montre encore : « La question nationale chez les socialistes français de la première moitié du XIXe siècle ». Les lectures sont immenses alliant les ouvrages de critique épistémologique aux philosophies de l’histoire et à l’histoire des sciences.
Bien loin des quatre périodes des pauvres historiens français, l’histoire est comparative, pour saisir le transformisme mondial. Robert Bonnaud passa de la réflexion épistémologique universalisante à une méta-histoire, un système de l’histoire qui est science de la sphère d’activité proprement humaine : la noosphère, car l’homme est cet animal pensant ; le genre humain fait histoire. Aucune référence spiritualiste religieuse, mais une dialectique matérialiste faite de déplacements et de régressions, de reconductions et d’alternances.
Robert Bonnaud donne la date du printemps 1966 comme moment de mise en cohérence de ce système monde ; il renvoie ensuite à la lecture en 1969 des deux grands livres écrits en France de Giuseppe Ferrari : Histoire de la raison d’État (1860) qu’il republiera avec une préface, et La Chine et l’Europe (1967). Essors et stagnations se déplacent ; un premier comparatisme s’intéressait aux différences, une vision d’ensemble révèle les régularités, les ressemblances, les intermittences et les reprises. La quête se porte sur la périodisation des reconductions, des déplacements et des tournants ; le moment tournant devient une clef.
Entre la préhistoire au rythme plurimillénaire, entre le monde chinois ou d’Extrême-Orient qui anticipent, et l’Amérique précolombienne, l’Occident millénaire ne correspond qu’à un des huit temps de cultures pluriséculaires ; certes le capitalisme est innovant et conquérant du monde. Le renversement s’annonce par la Révolution soviétique de 1917, celle de Chine en 1949, et les indépendances du Tiers-monde.
Un nouveau sujet de thèse fut déposé en 1971 auprès de René Rémond, professeur d’histoire politique : « Synchronismes historiques et histoire universelle ». L’élaboration veut perfectionner la systématisation scientifique des sphères, des périodes, des phases, des renversements et des relances, la caractérisation des dominantes et des universaux, l’inventaire et la projection des tournants ; à donner le vertige, « Et pourtant elle tourne », titre provocateur. L’aboutissement fut certes une soutenance à partir de la somme de publiée en 1989,Le système de l’histoire. L’œuvre est explicitée dans une suite d’ouvrages et ajustée pour cerner le tournant de la fin du XXe siècle.
À distance des partis, mais dans un accompagnement des mouvements contradictoires qui se passaient dans le Tiers-monde en mal d’émancipation, et des mouvements intellectuels et sociaux qui retentissaient sur les attentes d’enseignement, Robert Bonnaud dit ses engagements dans des revues : La Voie communiste et les Cahiers d’études révolutionnaires des années 1960, ses analyses des ouvrages d’histoire dans La Quinzaine littéraire, les débats du Forum histoire de l’Université de Paris 7 (Cahiers de Jussieu) des années 1980 et suivantes. C’est la forme de son combat intellectuel.
Comme par exception, à l’écart des dérives mystiques, de la mode des identités et de la mémoire, des reniements révisionnistes, deux bases demeurent qui assoient un matérialisme et un attachement au devenir communiste international. Robert Bonnaud ne réduit pas l’histoire universelle aux trois monothéismes qui ne répondent qu’à deux millénaires et demi et à une appropriation partielle et rivale de sociétés voire de continents, et ose dire que les tentatives d’Etats socialistes, n’ont été que des proto-socialismes contraints. Intellectuel proprement encyclopédique qui englobe la dialectique marxiste, Robert Bonnaud reste lié au mouvement prolétarien et à l’avenir historique du communisme.
Son fils, Frédéric Bonnaud, était journaliste (France-inter, Inrock, Médiapart) et directeur de la Cinémathèque française.
Par René Gallissot
OEUVRE : Itinéraire, préface de Pierre Vidal-Naquet, Éditions de Minuit, Paris, 1962. — Le système de l’histoire, Fayard, Paris, 1989. — Y a-t’il des tournants historiques mondiaux ?, Kimé, Paris 1992. — Les alternances du progrès , Kimé, 1992. — Les tournants du XXe siècle. L’Harmattan, Paris, 1992. — Les succès de l’échec. Où va l’histoire ? L’Arcantère, Paris, 1993. — La Morale et la Raison. Une histoire universelle, Kimé, Paris, 1994. — Et pourtant elle tourne ! L’histoire et ses revirements, Kimé, Paris, 1995. — Histoire et historiens depuis 68. Le triomphe et les impasses. Kimé, 1997. — L’histoire, le progrès, le communisme. Théories et confidence, Kimé, Paris, 1998. — Notre fin de siècle. Le tournant de 1998-1999, Kimé, Paris, 1998. — Tournants et périodes, Kimé, 2000. — Histoire et historiens depuis 1900. L’histoire nouvelle. Au delà de l’histoire, Kimé, Paris, 2001. — La cause du Sud. Ecrits politiques 1956-2000. L’Harmattan, Paris, 2001. — Les universaux de l’histoire, Kimé, Paris, 2004.
SOURCES : Notations et témoignages de R. Bonnaud dans ses ouvrages : Itinéraire, et passim : L’histoire, le progrès, le communisme. Théories et confidences, Tournants et périodes, La cause du Sud. — Préface à Joseph Ferrari, Histoire de la raison d’État, nouvelle édition, Kimé, Paris, 1992. — Témoignage donné dans J.-P. Rioux et J.-F. Sirinelli (dir .), La guerre d’Algérie et les intellectuels français. Complexe, 1991. — J. Charby, Les porteurs d’espoir. Les réseaux de soutien au FLN pendant la guerre d’Algérie : des acteurs parlent. La Découverte, Paris, 2004. — Correspondance échangée avec R. Gallissot, dernier courrier mai 2005.