BONTE Florimond [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Dirigeant communiste français, libéré en 1943 de la prison de Maison-carrée (El-Harrach), fondateur de Liberté, l’organe du PCA.

Né dans une famille catholique de Tourcoing (Nord, France), le 22 janvier 1890, après être passé par un Grand Séminaire, instituteur d’école catholique, Florimond Bonte est jusqu’à la guerre de 1914 un militant démocrate chrétien qui combat les socialistes dans cette région ouvrière et ouvrière d’immigration. Fait prisonnier sur le front, sa révolte contre la guerre et ses lectures marxistes le font prendre fait et cause pour la Révolution soviétique lors de sa détention en Allemagne en pleine agitation et soulèvement révolutionnaire. À son retour, il sera un des fondateurs et animateur de la Fédération puis Région communiste du Nord-Pas de Calais. Maurice Thorez est un jeune militant qui perce dans le milieu des mines ; Florimond Bonte restera très lié à celui qui deviendra un responsable puis le Secrétaire général du PCF.

Intellectuel populaire, fervent compositeur de musique musette, mais aussi polémiste, Florimond Bonte devient un journaliste de la presse communiste, fécond mais non sans sectarisme, au Prolétaire et à L’Enchainé, journaux du Nord, puis à la direction de L’Humanité qu’il est chargé de bolcheviser en 1929-1931. Après un séjour à Moscou, il devient en 1934 directeur de l’organe théorique du parti Les Cahiers du bolchevisme. Elu député aux élections de Front populaire en 1936 dans le 11e arrondissement de Paris, il est un des porte-parole du groupe parlementaire communiste ; il revient prendre la parole à la chambre des députés le 30 novembre1939 après l’interdiction du PCF au nom du Groupe ouvrier et paysan (43 députés fidèles sur 75).

Il est arrêté aussitôt, condamné en mars 1940 avec les 29 députés du Groupe restés fidèles, passe de prison en prison avant d’être transféré en Algérie en mars 1941 parmi les 27 députés communistes qui seront incarcérés à la prison de Maison Carrée (El Harrach) et ne seront libérés qu’en février 1943, bien après le débarquement allié à Alger du 8 novembre 1942. Il écrira le récit de cette dure période dans un ouvrage Le Chemin de l’honneur publié en 1950 et très diffusé par le PCF. C’est sous la haute main de François Billoux* qui est le principal dirigeant communiste à Alger, qu’il lance le quotidien du PCA Liberté, dont il est le premier directeur et rédacteur en chef et auquel il donne un caractère d’organe à la fois politique et théorique, parallèlement à l’autre journal l’Algérie nouvelle ; Henri Alleg* entre à la rédaction ou plutôt Henry Salem qui va ensuite signer Henri Alleg.

De retour en France, Florimond Bonte devient directeur de hebdomadaire du comité central du PCF  : France nouvelle. Il le demeure jusqu’en 1956 quand ébranlé par le XXe congrès du Parti communiste soviétique et la confirmation pour les communistes, des crimes de Staline et des méfaits du culte de la personnalité, il réclame un examen de l’histoire du stalinisme et de l’attitude du PCF. François Billoux* veille au grain et prend officiellement la direction de France Nouvelle. F. Bonte ne sera pas réélu au Comité central du PCF en 1961 ; il ne quitte cependant pas le parti, écrit ses souvenirs sur le mouvement ouvrier dans le Nord de la France et de nombreuses valses musette pour l’accordéon ; il préside l’Association française pour la défense et l’assimilation des émigrés. Longuement hospitalisé, il meurt à Fleury-Mérogis au sud de Paris, à 87 ans, le 19 novembre 1977.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151651, notice BONTE Florimond [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 29 décembre 2013, dernière modification le 4 octobre 2021.

Par René Gallissot

SOURCES  : Archives citées et bibliographie des notices par Y. Le Maner, DBMOF, op.cit., t. 19., et par S. Wolikow, Komintern, l’histoire et les hommes, Dictionnaire biographique de l’Internationale communiste, op. cit. — Arch. IC, BDIC, Nanterre.

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