BOSSUS Raymond, Marcel [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 25 juillet 1903 à Paris (XIe arr.), mort le 6 février 1981 à Perpignan (Pyrénées-Orientales) ; dirigeant en France du syndicat du bâtiment CGTU puis CGT, fit plusieurs missions en Algérie pour réorganiser les syndicats ; militant communiste, conseiller municipal de Vitry-sur-Seine (1929-1935), puis du XXe arrondissement de Paris (1935-1940 et 1945-1965) ; résistant ; sénateur (1958-1959 et de 1962-1969).

Le nom de Bossus, sans indication de prénom, apparaît au moins deux fois dans des notes de renseignement conservées aux archives de Willaya d’Alger et d’Oran. Une première fois, il est donné comme cheminot qui serait en 1930 secrétaire de la fédération du bâtiment ; or le communiste français Raymond Bossus était alors secrétaire de la Fédération CGTU du bâtiment et fit plusieurs passages en Algérie. Bossus est aussi cité comme instituteur militant de la CGTU affecté à Philippeville (Skikda) en 1932 et qui donnerait alors son adhésion au Parti communiste. Nouvelle confusion possible avec Raymond Bossus qui passa le 10 septembre 1932 devant le tribunal correctionnel de Philippeville sous l’accusation de « provocation au meurtre et à la guerre civile et de complot contre la sûreté intérieure de l’État », formulation habituelle de la répression du communisme, très active à ce moment là en Algérie ; cependant le tribunal préfère l’acquitter et le libérer.

Raymond Bossus resta longuement en France un des dirigeants de la Fédération CGTU puis CGT réunifiée du bâtiment. Montant en responsabilités, il entra au secrétariat de la Fédération CGTU en 1930. Il participa à la campagne communiste contre la guerre du Rif et de Syrie en 1925-1926 et fut même renvoyé de son travail pour cette raison. La CGTU l’envoya en mission en Algérie en 1932 pour relancer l’action syndicale, ce qui veut dire réorganiser la direction en s’appuyant sur les responsables communistes locaux pour procéder à « l’arabisation du syndicat et du parti. ».

Or à cette date, la Région communiste d’Algérie était en grande difficulté par la chute des adhésions et les contradictions d’orientation (voir au nom de Sid-Ahmed Belarbi, Boualem). En août 1932, donc peu après son arrivée, R. Bossus fut arrêté à Oran et déféré au tribunal de Philippeville (Skikda) ; il rentra en France en février 1933. À cette époque, le Parti communiste français envoya plusieurs missions en Algérie pour redresser la situation, celle d’André Ferrat, responsable de la Commission coloniale qui fit une tournée en Algérie, celle plus restreinte de Maurice Thorez qui passa par la Mitidja, et celle de Paul Radiguet à Oran qui sembla soulever des oppositions par des décisions expéditives de changements de responsabilités et de lieux d’affectation.

C’est ce qui arriva à Raymond Bossus envoyé par la CGTU en avril 1933 pour une tournée de propagande en Afrique du Nord. Interdit d’entrée en Tunisie, il prolongea son séjour en Algérie sur quelques mois. Au congrès de la CGTU de septembre 1933, Raymond Navarro, qui faisait fonction à cette date de secrétaire de l’Union régionale CGTU d’Algérie, principal organisateur du syndicalisme à Alger et qui venaitt de lancer un mouvement de chômeurs à Tiaret dans l’Oranais, - il fut aussi rédacteur de la Lutte Sociale- , intervint pour se dire « d’accord avec l’autocritique de Bossus », mais ajouta « qu’il n’a pas su s’acclimater aux Algériens ».

La réflexion tenait peut-être de l’habituelle suspicion d’incompétence des métropolitains, de la part des Européens d’Algérie qui se disaient eux-mêmes Algériens. Navarro n’en était pas moins un syndicaliste communiste partisan de l’arabisation, une force militante ; il conduira à Alger les manifestations de février 1934 et sera arrêté ; à la tête du défilé, la CGTU déployait le drapeau rouge et le drapeau algérien. Des notes de police, non confirmées par ailleurs, font état d’une demande de militants d’Algérie de faire passer Raymond Bossus devant la Commission de contrôle de la CGTU pour avoir emprunté des sommes d’argent sans les rembourser.

Raymond Bossus reprit place à Paris au secrétariat de la Fédération du bâtiment. Il était conseiller municipal communiste de Vitry-sur-Seine (1929-1935), puis du XXe arrondissement de Paris (1935-1940 et 1945-1965). Évadé d’un camp de prisonniers en Allemagne, il était un des organisateurs de la résistance communiste en région parisienne. Il fut sénateur communiste en 1958-1959 puis à nouveau en remplacement de Roger Garaudy démissionnaire de 1962 à 1969. Il resta un des fidèles du secrétaire général du PCF, Georges Marchais.

Divorcé, il s’était remarié avec Paulette Feuillebois, née en 1920 à Paris, dont il avait une fille née en mars 1946 à Paris et qui sera légitimée par le mariage le 4 novembre 1955 à Romainville près de Paris ; Paulette Feuillebois était divorcée de Karl Escure, communiste, qui avait gagné l’Algérie pour prendre place à la direction d’Alger républicain.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151656, notice BOSSUS Raymond, Marcel [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 29 décembre 2013, dernière modification le 8 novembre 2021.

Par René Gallissot

SOURCES  : Arch. de la Wilaya d’Oran et d’Alger, notes d’A. Taleb-Bendiab et N. Benallègue-Chaouia. — Arch. Préfecture de police de Paris, 101 et 300. — Arch. André Marty, B XXVII, Arch. Maitron. — Notice Raymond Bossus par Jean Maitron et Claude Pennetier, DBMOF, op. cit., t. 20.

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