BOUCHAFA Salah, pseudonyme communiste à Moscou PHILIPPE Marcel [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 21 décembre 1903 au douar Harbil, commune de Lafayette (Bougaâ), en Petite Kabylie, mort au camp de Dachau le 6 avril 1944 ; travailleur émigré en France ; communiste, responsable syndical à la CGTU des travailleurs nord-africains (1929-1931) ; envoyé aux écoles de l’Internationale communiste à Moscou ; en région parisienne en 1937, membre de la Ligue de défense des Musulmans nord-africains ; arrêté en 1941, déporté.

Bien que fils de journalier, Salah Bouchafa a suivi en Petite Kabylie l’école primaire française et l’école arabe jusqu’à seize ans et demi. Il émigre très vite en France et travaille dans les mines du Gard de 1920 à 1923. De retour dans sa famille en Algérie, il est arrêté pour insoumission et fait un mois de prison avant d’être incorporé ; il est caporal fourrier à sa libération du service militaire. Il repart aussitôt en novembre 1925 en émigration, à Paris, dans le Gard puis à nouveau à Paris ; il travaille comme emballeur.

Dans son dossier biographique des archives communistes, on trouve deux dates d’adhésion au parti communiste, soit en 1927 soit en 1928. C’est à la CGTU qu’il milite d’autant que ce syndicat à la Maison des syndicats de la rue de La Grange aux Belles dans le Xe arrondissement de Paris, couvre l’activité de l’Étoile Nord-africaine. Quand la commission coloniale du PC envoie Mohamed Marouf* implanter l’ENA en Algérie pour doubler l’action de Messali* qui s’emploie à tirer à lui l’organisation des travailleurs Nord-africains, c’est Salah Bouchafa qui en juillet 1929 est appelé à le remplacer au secrétariat de la main-d’œuvre coloniale de la CGTU. Marouf est arrêté en Algérie ; S. Bouchafa reste permanent jusqu’au retour de Marouf en mai 1930.

Il est alors versé par la section coloniale de la CGTU, au travail légal et illégal du syndicat avec un salaire de 1 300 F par mois. Il suit des mouvements de grève à Paris et à Marseille ; en août 1930, il est arrêté à Marseille pour prise de parole devant une porte d’usine et relâché. En 1930, il est aussi gérant du journal épisodique publié par le PC en arabe  : Le Réveil colonial. Il est interrogé par la police quand le journal est interdit.

En 1931, il est envoyé à Moscou pour suivre une formation auprès des écoles de l’Internationale communiste. Il remplit un formulaire d’arrivée daté du 4 mai 1931 et rédige son autobiographie. Célibataire, il donne pour adresse familiale, celle de M. Marouf, boulevard de La Villette à Paris. Un document des archives communistes relève que le camarade Philippe, - il a reçu le pseudonyme de Marcel Philippe-, est arrivé le 12 avril presque à la fin des cours et n’a pas déployé une très grande activité dans le domaine académique. La commission est d’accord pour le transférer comme membre du parti bolchevique. Il avait peut-être assisté à une fin de session de l’École léniniste internationale avant d’être adressé à l’École d’Orient. Il semble quitter ces écoles en novembre 1933.

En 1937 à Paris, il réapparaît aux côtés de Hadj Ali*, le fondateur de l’ENA, comme membre de la Ligue de défense des Musulmans nord-africains ; celle-ci est une association modérée, principalement de commerçants, se réclamant de l’Islam ; elle soutient le Congrès musulman algérien formé en Algérie parallèlement au Front populaire et réunissant le mouvement des Oulémas, le PCA, les partisans de Ferhat Abbas, mais non pas les messalistes du PPA issu de l’Étoile nord-africaine.

Probablement parce qu’il reste fiché comme communiste, Salah Bouchafa est arrêté en juin 1941 à Clichy-La-Garenne, et interné au camp de Compiègne qui fournit les convois pour les camps de concentration en Allemagne. Il est déporté en janvier 1943 au camp de Sachsenhausen puis transféré à Dachau en 1944 ; il meurt à Dachau le 6 avril 1944.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151669, notice BOUCHAFA Salah, pseudonyme communiste à Moscou PHILIPPE Marcel [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 29 décembre 2013, dernière modification le 26 novembre 2020.

Par René Gallissot

SOURCES  : Arch. du ministère des Colonies, Paris, SLOTFOM, série 3 carton 63. — Arch. de la Préfecture de police de Paris, dossier ENA, 1934. — Arch. de l’IC dites archives de Moscou, RGASPI, 494 270 1846, consultées par Claude Pennetier pour la nouvelle notice du DBMO. — Pour sa déportation  : Linda Amiri, La Fédération de France du Front de libération nationale (FLN). Des origines à l’indépendance (1926-1962). Thèse, Institut d’Études politiques de Paris soutenue le 5 juin 2013.

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