BOUMENDJEL Ali [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 23 mai 1919 à Ighil Izane en Kabylie, tué sous la torture par les parachutistes français le 23 mars 1957 ; frère cadet d’Ahmed Boumendjel, secrétaire général de l’UDMA, le parti de Ferhat Abbas, avocat lui aussi et membre de l’UDMA, homme de contact avec le PCA, membre du bureau du Conseil mondial de la paix.

Le père d’Ahmed et d’Ali Boumendjel était instituteur au cœur de la Kabylie dans l’ensemble villageois des Beni Yenni qui donne un grand nombre d’émigrants et des intellectuels par le rayonnement de l’instruction à l’école française. C’est aux Beni-Yenni qu’est né en avril 1906, Ahmed Boumendjel qui sera lui-même instituteur à ses débuts avant de devenir avocat et l’avocat de Messali en 1938. Après 1945, il passera du PPA au parti de Ferhat Abbas, l’UDMA dont il devient le secrétaire général. Adhérent au FLN, membre du CNRA en 1957, il sera ministre en 1962-1963.

Son jeune frère, Ali, fait des études de droit et devient lui aussi avocat. Son éveil politique s’effectue au temps du Front populaire. Il est marqué par l’appel à l’émancipation de la nation algérienne que lance Messali et sensible à l’engagement et à la mobilisation communiste dans le Congrès musulman. Il refuse le service militaire dans l’armée française, ce qui lui vaut d’être fiché pour activités anti-françaises et d’être considéré comme un nationaliste dangereux.

Après 1945 il est comme son frère, membre de l’UDMA et collabore au journal L’Egalité ; il fait partie aussi des amis d’Alger républicain et devient l’homme des contacts sinon des alliances dans les tentatives de front démocratique avec le PCA. Il a place ici pour être un des fondateurs aux côtés des communistes et de progressistes français du Conseil mondial de la paix ; en avril 1949, il soulève l’enthousiasme de la salle Pleyel à Paris par sa dénonciation des méfaits de l’ordre colonial en Algérie. Son action au Mouvement de la paix dans la mouvance soviétique, aggrave la charge de son dossier de police, d’autant que le Mouvement de la paix a un écho libérateur dans les pays dominés, en Egypte notamment.

Ali Boumendjel rejoint très tôt le FLN à Alger et se tient à la disposition de Ramdane Abane* ; il est responsable du collectif des avocats. Arrêté à Belcourt le 8 février 1957, « il est mis au secret, torturé pendant 43 jours » dans les locaux tenus par l’unité de parachutistes commandée par le colonel Bigeard. Il meurt sous la torture le 23 mars 1957. La version donnée par l’armée française sera celle d’un suicide par défenestration, non sans soulever les protestations en France alors que F. Mitterand est Garde des Sceaux. Son cercueil fut enterré en un quart d’heure sous contrôle des parachutistes, au cimetière Sidi M’Hammed à Belcourt le 26 mars 1957. Comme Maurice Audin*, Ali Boumendjel est en Algérie, un martyr (chahid) de la Révolution.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151718, notice BOUMENDJEL Ali [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 30 décembre 2013, dernière modification le 30 décembre 2013.

Par René Gallissot

SOURCES  : Témoignages de la famille Boumendjel. — B. Stora, Dictionnaire biographique des militants nationalistes algériens, op.cit. . — O. Carlier, Entre nation et Jihad, op.cit. — Malika Rahal, Ali Boumendjel (1919 -1957). Une affaire française. Une histoire algérienne. Belles-Lettres, Paris, 2010.

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