BOURGEOIS Yves [Dictionnaire Algérie]

Passé par l’hypokhâgne du lycée Condorcet à Paris, puis la khâgne du lycée Louis Legrand, ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de lettres, Yves Bourgeois fait d’abord des stages à l’étranger, Angleterre, États-Unis notamment, avant d’être professeur de lycée à Lyon puis au lycée Bugeaud d’Alger où il arrive en octobre 1935. Il pratique l’anglais, l’allemand, l’espagnol, le portugais, et à Alger apprend le russe.

Entre Maurice Bataillon*, professeur d’espagnol et Alfred Poignant*, professeur d’allemand, ce trio très lié d’intellectuels de haut vol, il est l’électron libre, un des animateurs, dès sa constitution à Alger à l’automne 1935, du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes qu’il fait connaître au jeune étudiant Albert Camus*.

À Alger, sans se détacher totalement de sa formation catholique, il participe au mouvement du Front populaire et manifeste sa solidarité avec la cause ouvrière révolutionnaire. Il avait côtoyé des anarcho-syndicalistes à Paris puis des "autonomes" du syndicat du bâtiment à Lyon. Il fréquente les militants de la CGT mais se tient à distance des communistes. Avec Camus, il enseigne au Collège de travail, sorte d’université populaire donnant des cours du soir à des adultes qu’envoient les syndicats.

Les liens sont très vifs, avec Albert Camus et sa femme Simone Hué, sans pouvoir la soustraire à la drogue. Aux vacances d’été 1936, rêvant de descendre le Danube en kayak, Yves Bourgeois entraîne Albert Camus et Simone Hué en Autriche, puis pied-à-terre, en Allemagne et retour par l’Italie. Plus encore Camus et Bourgeois qui est féru de Dostoïevski, partagent la passion du théâtre ; Yves Bourgeois aide Camus à monter Révolte dans les Asturies  ; il assume l’activité du Théâtre du travail puis soutient Albert Camus qui met en place une troupe indépendante et rivale, le Théâtre de l’équipe quand à l’automne 1937, il est exclu du Parti communiste.

Fait prisonnier en Allemagne en 1940, Yves Bourgeois qui est officier, sert d’interprète aux officiers allemands ; vainement il propose les services de sa femme qui est infirmière.