BROCHIER Jean-Jacques [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né à Lyon (France) en 1937 ; étudiant syndicaliste à l’UNEF, pratiquant l’aide au FLN en liaison avec l’équipe du théâtre de Roger Planchon puis, professeur à Marseille, dans le réseau Jeanson ; arrêté en novembre 1960, condamné à 10 ans de prison, libéré en décembre 1963.

Appartenant à une famille notable de médecins lyonnais, Jean-Jacques Brochier fait ses études au lycée du Parc et à la faculté des lettres de Lyon. Lycéen, il avait animé la publication d’un petit journal très politique et appelant à la lutte anticolonialiste sous le titre Parti pris, non sans quelques frottements avec les communistes voulant imposer leur direction.

Etudiant en lettres, J.-J. Brochier, responsable de la tendance anticolonialiste de l’UNEF, veille à conserver les distances avec le PCF dont il désapprouve vivement le soutien de ses députés au gouvernement de Guy Mollet et plus encore le vote des pouvoirs spéciaux pour le maintien de l’ordre en Algérie en mars 1956. Dans son témoignage recueilli par Jacques Charby (cf. SOURCES), il a cette formule  : "J’ai eu une chance folle dans ma vie en échappant à deux choses  : la psychanalyse et le Parti communiste".

Il enseigne à Lyon comme maître auxiliaire de lycée et apporte son soutien à la petite équipe du théatre de la Comédie puis théâtre de la Cité à Villeurbanne autour de Roger Planchon*, qui pratique très tôt l’aide aux militants du FLN. L’administrateur du théâtre Jean-Marie Boeglin étend l’action de la région lyonnaise à la région marseillaise au sein du réseau Jeanson*. La participation de J.-J. Brochier devenu professeur de français à Marseille, devient plus importante en compagnie de sa femme Nicole et de leur amie Claudie Duhamel, assurant notamment les passages en Suisse, de militants et de "valises". Annette Roger (voir Annette Beaumanoir*) accompagne ces activités hélas suivies par l’agent double qu’est Abdel Younsi, responsable FLN (Mourad-Paul) qui est aussi un indicateur des Services français.

Claudie Duhamel et le couple Brochier sont arrêtés en novembre 1960 . Leur passage à la DST leur révèle la pleine connaissance des activités du réseau par les services de renseignements. Aussi à leur procès qui se tient au moment de l’ouverture des négociations de Lugrin (Suisse) en juillet 1961, le couple revendique son action pour protéger d’autres camarades au rôle mineur et affiche son soutien à la cause algérienne. "Nous avons pris dix ans, le même tarif que les Algériens…, nous sommes sortis de prison en décembre 1963" (témoignage cité). À la prison Saint-Paul de Lyon, après les Accords d’Evian, bénéficiant du régime politique grâce à l’intervention de Simone Weill, ministre de la Justice, J.J. Brochier put "faire une thèse sur Sade, ce qui me semblait s’imposer pour un travail de prisonnier". À la fin de son témoignage, il écrit  :" Pour conclure, je ne regrette rien, malgré ce que l’Algérie a fait de son indépendance".

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151755, notice BROCHIER Jean-Jacques [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 30 décembre 2013, dernière modification le 30 décembre 2013.

Par René Gallissot

SOURCES  : J. Charby, Les porteurs d’espoir. Les réseaux de soutien au FLN pendant la guerre d’Algérie  : des acteurs parlent. La Découverte, Paris, 2004. — Anne Beaumanoir, Le feu de la mémoire. Éditions Bouchène, 2009.

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