HACHELAF M’Hamed [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Ouvrier métallurgiste ; syndicaliste CGT et communiste, membre des groupes armés du Grand Alger en 1956-1957 ; maquisard, arrêté, subi les pires tortures.

En 1950, M’Hamed Hachelaf est élu délégué CGT du personnel de l’entreprise métallurgique FAMPA à Alger. C’est vraisemblablement le même qui, en 1951, ouvrier tourneur fraiseur chez Neyrpic à Hussein Dey dans la banlieue d’Alger, est élu délégué CGT du personnel. Il est en effet un syndicaliste très combatif ; la CGT à Neyrpic est animée par le communiste Roger Ascenci*. En mai 1952, M. Hachelaf fait partie de la délégation algérienne de la CGT qui se rend en Chine. Peu après le début de l’insurrection du 1er novembre 1954, il est licencié ; ce qui est une façon de régler son compte à ce syndicaliste. Il retrouve du travail dans sa spécialité, à la Manufacture de tabacs Job à Alger. Il porte plainte cependant contre Neyrpic, pour licenciement abusif. En 1956, Neyrpic est contraint de le réintégrer et l’affecte à l’usine de la Côte rouge à Hussein Dey, qui est située près des grands dépôts de liège de la Bouchonnerie internationale, entreprise toute coloniale qu’elle soit.
Or sous la direction de Yahia Briki qui vient d’Alger républicain et assure la liaison avec le FLN, et d’Abdelkader Guerroudj, l’organisation des commandos de choc du Grand Alger fait appel à des militants communistes et syndicalistes qui ont fait leurs preuves à la CGT. M. Hachelaf, comme Fernand Iveton, fait partie du groupe de l’Est d’Alger (Hamma-Hussein Dey). C’est donc lui qui se trouve à l’origine du choix de l’attentat qui provoque le grand incendie des bouchonneries ; quatre hommes réussissent l’opération avec deux scooters Lambretta, le sien et celui de Collosi*, syndicaliste des PTT, et leurs deux camarades de l’EGA, Boualem Makouf* et F. Iveton.

C’est ce même groupe « communiste » sous la direction d’Hachelaf qui est l’auteur du mitraillage de la façade du cinéma Rex à El Biar et du bar, qui sont la propriété du beau-fils du maire, Gérard Etienne. Celui-ci était connu pour son racisme exhibitionniste, brandissant son révolver contre les Arabes. Il est la seule victime de l’attentat. C’est ce commando qui charge F. Iveton de placer deux bombes sur une conduite extérieure de gaz à l’usine du Hamma où il travaille, à titre démonstratif et non pas pour faire sauter les gazomètres comme il en sera accusé ; et encore l’opération fut découverte avant l’explosion. Ce qui lui vaut néanmoins la condamnation à mort et l’exécution pour l’exemple après le refus de grâce du président de la République française René Coty. M. Hachelaf se cache chez des amis et cherche à passer au maquis.

Ce fut non sans peine ainsi que pour son compagnon Abdelkader Benamara, car ils sont tenus à l’écart comme communistes par des chefs de l’ALN ; suspect, ce maquis de l’atlas de Blida est laissé pratiquement sans armes ni ravitaillement. L’arrivée mal coordonnée d’un groupe de jeunes d’Alger montant au maquis suscite des dénonciations qui font découvrir le refuge. Prisonnier, après le camp de Boufarik, M. Hachelaf connait les pires tortures : langue clouée à une planche, éclatement de l’anus par bouteille, notamment dans le garage Shell du boulevard Saint-Saëns à Alger et au centre de Birtraria où est torturé Idir Aïssat* et beaucoup d’autres. Il nie les aveux extorqués sous la torture ; ce qu’accepte le juge militaire. Sa condamnation à mort par contumace, prononcée antérieurement, est transformée en deux condamnations à perpétuité. Il passe par les prisons de Lambèse, Berrouaghia, Barberousse, Maison Carrée (El Harrach) avant d’être transféré en France, à la prison de Lille. Après le cessez-le-feu, il est ramené au camp de Téfeschoun dans la Mitidja, pour être finalement libéré.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151812, notice HACHELAF M'Hamed [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 1er janvier 2014, dernière modification le 1er janvier 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Liberté, janvier 1950 et juin 1951. — Témoignage de M’Hmed Hachelaf, août 1991, B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op. cit.

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