CAMPIGLIA François, Toussaint [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né à Arzew le 10 juillet 1893, mort à Grenoble (Isère, France) le 30 janvier 1972, ouvrier en région parisienne syndicaliste CGTU, instructeur du PC en Algérie en 1925-1926, responsable syndical et communiste en France ; résistant communiste à Grenoble et dans le Vaucluse.

A cause des opinions de son père, ouvrier français qui travaille à Arzew, F. Campiglia se voit refuser la bourse d’étude pour le lycée lors du concours des Bourses. Il devient alors ouvrier mécanicien par apprentissage sur le tas. Mobilisé en 1914 en France, il est gravement blessé aux yeux et réformé en 1915. Il reste alors ouvrier en Région parisienne. Il prend part aux grèves de 1917 et devient un militant actif de la CGT ; il est à la fin de la guerre un des responsables de la Fédération des métaux de la Seine. En 1919, il est membre de la 13e section de Paris de la SFIO, bientôt secrétaire du groupe du quartier Maison Blanche. À la naissance du Parti communiste, il est aussitôt secrétaire du groupe communiste de ce qui s’appelle encore 13e section de Paris ; toujours ouvrier d’une usine à une autre, il devient rapidement après la scission syndicale de 1921, membre du bureau de la Fédération CGTU des métaux de la Seine.

Pour son activisme, il est envoyé en 1923 par le PC en Allemagne pour faire de l’agitation antimilitariste auprès des soldats de l’armée française qui occupe la Ruhr. Le PC communiste le présente à Paris aux élections législatives en 1924 et en 1925 aux municipales ; après des campagnes très vigoureuses, il faillit être élu. Il échoue de deux voix. C’est à cette époque qu’il devient un permanent du Parti.

Après une nouvelle campagne de meetings en Allemagne contre l’occupation française, aux côtés du leader communiste allemand, Thaelmann, F. Campiglia est envoyé comme instructeur en Algérie, peut-être à la fin de 1925 ou au début de 1926 en plein moment de répression après la campagne de la CGTU et des Jeunesses communistes contre les guerres du Rif et de Syrie. Tout en essayant de maintenir la publication de La Lutte Sociale, son action est pratiquement clandestine. Il réussit à tenir en mars 1926, une conférence de la Région Algérie rassemblant des délégués de 7 rayons. La « légende » qui l’accompagnera par la suite, veut qu’il ait réussi à constituer une cellule de gendarmes en les réunissant en maillots de bain sur une plage près d’Alger. Il est de retour en France à la fin de 1926. Lui succèdent comme envoyés du PC, le peu reluisant Marcel Joubert* et Edouard Cormon* qui fera du meilleur travail avec Si Belarbi* qui devient Boualem.

Quant à François Campiglia, il sera le reconstructeur de la région communiste de Grenoble. En 1937, il revient au travail ouvrier. Arrêté sous Vichy, il s’échappe et devient un des dirigeants de la Résistance dans le Vaucluse. Après guerre, il reste actif au conseil municipal de Grenoble et dans les campagnes électorales car il est « un orateur percutant » et un homme de contact. « Familièrement appelé Campi, il symbolisait toute l’époque héroïque du PC » selon Pierre Broué. Miné par un cancer du poumon, il meurt à Grenoble en janvier 1972.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151860, notice CAMPIGLIA François, Toussaint [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 2 janvier 2014, dernière modification le 30 novembre 2020.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat. France, Paris, F7 13 130 et 13 264. – La Lutte Sociale, 1926. — E.Sivan, Communisme et nationalisme en Algérie, op.cit. – Notice par P. Broué dans DBMOF, op.cit., t.21.

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