PLACETTE Henriette [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Née en 1922 à Tarbes (Hautes-Pyrénées) ; entrée à la JOCF, envoyée à Alger (Algérie) comme permanente pour l’Afrique du Nord ; aide sociale au quartier de Belcourt à Alger ; ouvrière des Bouchonneries industrielles ; syndicaliste CGT puis UGSA ; employée chez l’Oréal ; arrêtée et expulsée à la fin de 1956.

Née dans une famille ouvrière, Henriette Placette veut adhérer aux Jeunesses communistes ; elle ne trouve pas le contact mais peut entrer à la Jeunesse ouvrière catholique féminine. Ravie de son allant, la direction de l’Action catholique l’envoie en 1947 à Alger comme permanente de la JOCF pour l’Afrique du Nord. Elle habitera un studio à Hussein-Dey dans la même maison que Fernand Iveton*. Si sur place elle gagne le soutien de l’abbé Scotto, elle se heurte à la hiérarchie d’Eglise qui entend tenir à part les européennes chrétiennes et ne pas accueillir des filles « juives, arabes ou kabyles ». Henriette Placette démissionne en 1948 (« le christianisme, ce n’est pas le racisme »). En 1949, elle travaille dans un centre du Mouvement familial des familles qui organise des cours d’alphabétisation dans le quartier Belcourt ; les familles algériennes qui perçoivent les allocations familiales peuvent envoyer leurs filles en formation.

Cette expérience lui apporte beaucoup, mais elle doit gagner sa vie ; elle entre aux Bouchonneries internationales d’Hussein Dey à trier les bouchons sur le tapis roulant dans un immense hangar très rapidement en surchauffe. Il n’y avait ni cantine, ni vestiaire, ni douches, ni pauses, ni syndicat mais l’idée germait. Dès la création du syndicat CGT, elle participe activement ; elle est bientôt élue déléguée du personnel. « Nous avons créé une très bonne section syndicale ; les femmes sont syndiquées et nous avons revendiqué des améliorations ». Le patron essaie bien de casser le syndicat et tout en accordant de meilleures conditions, annonce des licenciements. Le Comité de soutien contre les licenciements avec le concours de le section communiste d’Hussein-Dey (voir ci-dessus Aimé Pitous*), du maire et de l’Abbé Scotto organise une manifestation dans la ville. Le patron cède. À noter que Les Bouchonneries internationales brûleront en fin d’année 1955 dans un immense incendie allumé par le Commando de choc du Grand Alger supervisé par Yahia Briki*, en fait le petit noyau communiste et syndicaliste avec Félix Collozi*, Mohamed Hachelal*, F. Iveton*.

La CGT en Algérie devenue UGSA (Union générale des syndicats algériens) met en avant l’activité de cette femme battante ; elle entre au bureau de l’UGSA. Ainsi est-elle appelée à accompagner son secrétaire général Lakhdar Kaïdi* et Benoît Frachon*, Secrétaire général de la CGT passant par Alger pour se rendre le 1er novembre 1954 à Tunis au congrès de l’UGST (Union générale des syndicats tunisiens)la centrale soeur en difficulté depuis qu’est créée et grandit l’UGTT (Union générale des travailleurs tunisiens). « À mon retour, la CGT me demande de prendre le service d’aide aux sinistrés d’Orléansville que j’ai assumé pendant un an ». Elle travaille ensuite comme employée de bureau dans la métallurgie puis chez l’Oréal. Comme F. Iveton, elle est en relation avec le groupe de Yahia Briki* repris par A. Guerroudj* sorti du PCA. Lorsqu’Iveton est arrêté en novembre 1956, la DST vient aussitôt l’arrêter à son travail. Elle passe trois jours au Commissariat d’Alger dans l’attente d’exécution de l’arrêté d’expulsion. « Dans les couloirs, les salles, les cours nous pouvions voir des hommes accroupis, meurtris, qui avaient été torturés ». « Nous » pour les trois femmes épargnées de sévices et qui vont être embarquées pour Marseille.

Assistée par une famille mais ne trouvant pas de travail, « je suis allée à Paris ou à partir de 1957 j’ai travaillé à la Caisse nationale de vieillesse. J’ai adhéré au PCF en 1963 ». A nouveau déléguée CGT, elle deviendra aussi secrétaire communiste du 19e arrondissement et membre du comité fédéral de Paris du PCF.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151947, notice PLACETTE Henriette [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 5 janvier 2014, dernière modification le 23 janvier 2019.

Par René Gallissot

SOURCE : Témoignage d’H. Placette dans A. Dore-Audibert, Des Françaises d’Algérie dans la guerre de libération, Karthala, Paris, 1995.

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