RAMDANI Mohamed (RAMDANI Mohand dit) [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 14 janvier 1911 à Toudja (wilaya de Bejaia), mort à Alger en 1983 ; traminot de la Régie des transports à Alger, militant de l’ENA et du PPA avant 1939, membre en 1947 de la Commission centrale des Affaires sociales et syndicales du MTLD ; conseiller municipal d’Alger du MTLD en 1953 ; vétéran syndicaliste de la CGT, membre de la direction de l’UGSA née de la transformation de la CGT en juin 1954 ; adhérent du MNA, le nouveau parti de Messali face au FLN ; secrétaire général du syndicat messaliste USTA à sa création à Alger le 14 février 1956.

En 1937 à sa fondation, Mohamed Ramdani adhère à Alger au PPA, le nouveau parti de Messali. Syndicaliste à la CGT, peut-être déjà à la CGTU avant la réunification, il est aussi un militant nationaliste venant de l’Étoile nord africaine qui s’est implantée en Algérie à partir de 1933. Le mouvement de Messali a trouvé en particulier une base active au depôt de la Régie des transports d’Alger qui n’est pas encore réunie avec les Tramways d’Alger qui seront bien plutôt un bastion communiste, inclinant vers le FLN en 1954 (voir au nom d’Ahmed Ghermoul* par exemple). Comme le noyau des traminots syndicalistes de la RTA, M. Ramdani représente une longue fidélité à Messali jusqu’au MNA créé en décembre 1954.

Il fait partie de la Commission centrale des affaires sociales et syndicales créée par le MTLD en 1947 autour de Idir Aïssat* dans la perspective de constituer une centrale nationale algérienne en quittant la CGT. Il a fait connaissance d’Idir Aïssat à Belcourt, leur quartier à Alger. Il sera aussi membre de la fraction municipale du MTLD à la mairie d’Alger. Ce qui compte néanmoins en premier, pour lui, est le syndicalisme ; il monte en responsabilité à la CGT, devenant en 1948 membre du bureau de l’UD CGT du grand département d’Alger. Il est envoyé par la Commission syndicale du MTLD (CCASS) en 1951 au congrès de l’UGTT à Tunis et chargé d’étudier non seulement l’expérience tunisienne mais aussi le projet de Ferhat Hached, fondateur du syndicalisme tunisien autonome en sortant de la CGT, appuyé par la CISL, de constituer en Afrique du Nord et même dans toute l’Afrique, des Unions nationales syndicales. À son retour, il juge que les choses ne sont pas mûres en Algérie et préconise de maintenir la participation des militants nationalistes dans une CGT unitaire.

Dans la crise du MTLD en 1953, il suit les partisans de Messali et adhère en décembre 1954 au MNA impulsé depuis la Casbah par Ahmed Ben Mohamed* dit Mustapha Negro et qui conserve le noyau fidèle des traminots de la Régie des transports. Il n’en reste pas moins au bureau de l’UGSA qui est la CGT partiellement autonomisée en juin 1954 ; derrière les secrétaires généraux, en premier Lakhdar Kaïdi*, en second André Ruiz*, il est en quelque sorte le 3e homme de l’UGSA en balance ou plutôt en rivalité avec Ahmed Ghermoul* qui est en relation suivie avec la direction du FLN à Alger (Ramdane Abane* et Benyoussef Benkhedda*). Les deux vétérans du syndicalisme sont au reste sensibles à préserver le plus longuement possible l’unité syndicale.

A partir de l’été 1955, commencent à Alger et à Paris, et ensuite à Bruxelles auprès du secrétariat de la CISL, les discussions sur la constitution d’une centrale nationale algérienne. Deux délégations de syndicalistes aguerris à la CGT, sont envoyées d’Alger ; les trois délégués mandatés par le FLN sont Attallah Ben Aïssa*, Boualem Bourouiba* et Rabah Djermane*, et les trois nationalistes messalistes : Mohamed Ramdani donc, et Laïd Kheffache* et Abdelkader Teffaha*. À Paris il rencontre au titre du MNA Moulay Merbah* choisi par Messali pour être le futur dirigeant syndical et qui offre de mettre à leur disposition des fonds très importants. Le jeune syndicaliste partisan de Messali Abderrahmane Bensid* se joint à eux pour la discussion à Bruxelles avec J.H. Oldenbrok, le secrétaire général de la CISL. Il est difficile pour le secrétariat de la CISL de s’engager ; il demande d’abord l’union des deux tendances pour aller vers une seule affiliation éventuelle. En décembre 1955, les choses vont se précipiter ; les messalistes veulent gagner de vitesse. A la fin décembre à Alger (réunion du 25-26 décembre), non sans quelque confusion, la décision est prise de déposer à la préfecture d’Alger une déclaration de création d’une union syndicale qui prend le nom de USTA, Union syndicale des travailleurs algériens. Le dépôt est fait le 14 février et l’annonce paraît dans la presse du 16 février. Il reste au FLN à créer l’UGTA, ce qui sera annoncé le 24 février.

Début décembre 1955, des syndicalistes nationalistes et communistes appelaient encore à sauver l’unité. Il semble que le secrétaire général de l’UGSA ( ex-CGT), Lakdar Kaïdi* ait compté sur l’attachement à une centrale unitaire aussi bien de Mohamed Ramdani que d’Ahmed Ghermoul* ; il avait aussi pris ses contacts avec la direction du FLN à Alger ; il se défiait par contre d’Amar Ouzegane* influent au FLN, avec qui il avait un vieux contentieux de communistes. Aussi, il se dit déçu quand au début de février 1956 alors que Guy Mollet, nouveau chef du gouvernement français arrive à Alger, de recevoir le mot de démission écrit sur une feuille de cahier par Mohamed Ramdani annonçant selon ses dires : « Cher Camarade, j’ai le regret de donner ma démission pour convenance personnelle de mon poste de secrétaire de l’UGSA. J’espère que tu comprendras mon attitude. Salutations et au revoir ».

Mohamed Ramdani est donc devenu le secrétaire général de l’USTA déclarée à Alger. Il est arrêté peu de temps après et interné au camp de Saint-Leu puis de Bossuet. Libéré avant l’indépendance, sans chercher à se faire une place dans la représentation syndicale, il demeure à Alger jusqu’à sa mort en 1983.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article151995, notice RAMDANI Mohamed (RAMDANI Mohand dit) [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 6 janvier 2014, dernière modification le 4 novembre 2021.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Wilaya d’Alger, notes de A. Taleb-Bendiab. - Arch. Nat. France Outre-mer, Aix-en-Provence, ALG 91 3F/120, notes de Louis Botella. –Entretiens à Alger de M. Ramdani avec M. Farès en janvier 1975 et avril 1976, cités dans M.Farès, Aïssat Idir, op.cit. – Témoignages cités dans B. Bourouiba, Syndicalistes algériens, op.cit. – La Voix du travailleur algérien (USTA), n°1, mars 1957. - B. Stora, Dictionnaire biographique des nationalistes algériens, op. cit. – O. Carlier, « De Allalou à Mezerna, un groupe social médiateur et novateur : les traminots algérois des années 1930 », Le Mouvement social, n°146, janvier-mars 1989, et Entre nation et Jihad, op.cit. –N. Djabi, Kaïdi Lakhdar. Une histoire du syndicalisme algérien. Entretiens. Chihab Éditions, Alger, 2005.

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