ABDELAZIZ Hafid [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 29 septembre1908 dans la bourgade coloniale de Duquesne (près de Jijel), mort le 5 mai 1974 à Perpignan (Pyrénées-Orientales, France) ; a fait des études de chimie en France, professeur de physique-chimie au collège de Morlaix (Finistère, France) ; membre de la CA de l’UD CGT de Morlaix en 1945, syndiqué à la FEN, secrétaire (1946) puis trésorier(1949) de la fédération SFIO du Finistère ; passé à la FGDS de F. Mitterrand.

Le père d’Hafiz Abdelaziz est peut-être l’ancien instituteur à Jijel, cité ci-dessus sans prénom. Propriétaire rural, celui-ci a collaboré à la presse socialiste devenue communiste et surtout a soutenu, s’il ne l’a fondé, le journal local Le Réveil djidjellien qui se situait dans le courant Jeune algérien assimilationniste, ce qui veut dire partisan de la République française. Hafid Abdelaziz est le garçon de la famille envoyé poursuivre des études en France au début des années 1930. Il serait devenu ingénieur chimiste ; il a fait son service militaire dans une unité qui expérimentait les masques à gaz. Il a été d’abord employé comme chimiste dans l’industrie pétrolière dans la région de Nantes et à Péchelbronn en Alsace.

Sur la fin des années 1930, il entre dans l’enseignement ; il est nommé professeur de sciences physiques à l’École primaire supérieure annexée au collège de Kernéguès à Morlaix ; il suivra la transformation de l’annexe et du collège en lycée de Morlaix, qui prendra le nom de Tristan Corbière en 1949. Acceptant de se faire baptiser pour se marier à l’église, il épouse en juillet 1939, une professeur de lettres classiques au collège de filles de la ville, qui était fille d’officier. Par la suite, il n’entrera plus jamais dans une église, selon leur fille qui le qualifie de « farouchement athée et anticlérical ». Atteint d’ostéomyélite, il n’est pas mobilisé en 1939. Il se déplace avec une canne.
C’est après 1945 qu’il prend place dans la représentation de la corporation enseignante qui est le support de la gauche politique dite républicaine et se référant au mouvement ouvrier ; il est entouré de cette fraternité entre enseignants syndicalistes et socialistes servant l’école de la République au nom d’un patriotisme qui est une version de l’idéologie nationale française fort coloniale. Pour ses collègues, il est « Abdel » qui dote le lycée d’appareils de travaux pratiques, « les machines d’Abdel », et qui développe une section de technique industrielle. Déchargé de cours, il devient en quelque sorte le chef des travaux d’enseignement technique ; par ses liens au sein des ministères de l’Éducation nationale tenus par les socialistes, il couronnera sa carrière en organisant ce qui devient le lycée polyvalent de Kervéguen inauguré en 1970. La maison qu’il a fait construire près du lycée était un lieu de réunions et de rencontres ; il était devenu élu ou délégué dans les instances académiques, et aussi de la FEN et de la SFIO.

De 1945 à 1947, il appartient certes à la direction de l’Union locale de la CGT de Morlaix et participe à la Commission administrative de l’UD CGT du Finistère. Il suit la reconstitution du syndicalisme de l’enseignement en syndicalisme autonome dans la FEN. À l’heure de la guerre froide et des scissions, son anticommunisme le fait pencher vers la CGT-FO, mais il reste à la FEN dont il devient un des représentants s’élevant en importance. Précédemment dès 1946, il était devenu secrétaire de la Fédération SFIO du Finistère ; en 1949, il glisse sur la fonction de trésorier, renonçant peut-être sur son nom à un avenir politique d’élu politique. Il se contente de ses relations avec les députés, sénateurs et ministres socialistes.

Dans les débats de la Fédération socialiste, il défend l’assimilation de l’Algérie française ; c’est au nom de la sauvegarde de la présence française en Algérie qu’il soutient la politique, et donc la capitulation du gouvernement de Guy Mollet en 1956. Il ne suit pas la scission à gauche de la SFIO en Bretagne derrière la forte personnalité de combat social qu’est le député Tanguy-Prigent. Très hostile au retour en force en 1958 du général De Gaulle, qu’il nomme « l’usurpateur », il évolue de la SFIO vers la Fédération de la gauche démocratique et socialiste de François Mitterrand tout en pensant que celui-ci n’est socialiste que « par opportunisme ».

Retraité en 1969, il se retire dans la maison achetée à Alenya dans les Pyrénées orientales jusqu’à sa mort à Perpignan le 5 mai 1974.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152155, notice ABDELAZIZ Hafid [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 9 janvier 2014, dernière modification le 5 novembre 2020.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. OURS, Paris. — Arch. FEN. — Presse et témoignages de ses enfants, ayant servis à la notice par Jacques Girault dans la nouvelle série Maitron : DBMOMS, op.cit.. t.1, Éditions de l’Atelier, Paris 2006.

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