GOLDGEWICHT Chana, Eva [née ROZENCWAJG] alias MOREAU Alice

Fille d’Élie et de Rachel, née Miloztajn, Chana épousa Goldgewicht, le couple eut un enfant, demeurait 151 Rue de Crimée à Paris (XIXe arr.), Chana participait à la vie sociale et culturelle de la communauté juive, était membre de la chorale populaire, membre de la sous-section juive du Parti communiste.
Pendant la guerre, elle milita à l’organisation Solidarité, puis à l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide. Agent de liaison, elle fut repérée lors d’une filature de la BS2 fin mai 1943 alors qu’elle était en compagnie de Sophie Schwartz. Quatre inspecteurs de la BS2 l’interpellèrent le 2 juillet 1943 à la sortie de son logement clandestin 42 rue Compans, (XIXe arr.), elle portait une fausse carte d’identité au nom d’Alice Moreau. Sa carte d’identité établie le 26 août 1940 à son nom était toujours valable. Les policiers ne trouvèrent aucun document ni sur elle ni dans son domicile clandestin ni à son ancien logement de la rue de Crimée.
Elle fut interrogée dans les locaux des Brigades spéciales, puis internée à Drancy sous le matricule 15692. Le 31 juillet 1943 elle était dans le convoi 58 à destination d’Auschwitz (Pologne). Chana Goldgewicht fut l’une des déportées qui s’organisèrent pour résister à la machine de destruction nazie. Affectée au block 10 où étaient trois cents femmes dont plusieurs membres de la Résistance Juive, les nazis pratiquèrent sur elles des expériences médicales. Sur un millier de déportés, il y eut vingt-huit survivants dont dix-huit femmes. Parmi ces femmes Chana Goldgewicht. Elle a été homologuée au titre de la Résistance intérieure française (RIF).
Dans les années d’après-guerre, son patronyme perdit quelques consonances pour devenir Golgevit Eva. Vingt-deux S.S. du camp d’Auschwitz furent jugés d’octobre 1963 à février 1964 à Francfort (République Fédérale Allemande). Le 2 février 1964, elle témoigna avec courage face aux S.S., fit part des expériences dites médicales qui étaient en fait des actes de tortures.
Chana Goldgewicht déclara notamment : « Les S.S. jouent aujourd’hui le rôle d’innocents et veulent nous faire oublier que pendant des années leur seule vocation a été de tuer et d’assassiner. »
« Je fus libérée le 1er mai 1945, mais la souffrance et les yeux écarquillés des femmes mourantes restera éternellement, éternellement dans ma mémoire. Pour les victimes innocentes, pour nos souffrances inhumaines, nous exigeons la condamnation des S.S. ».
À la Libération, elle s’investira à l’Union des juifs pour la Résistance et l’entraide (UJRE) et particulièrement dans la chorale populaire juive de Paris qui se dédie à la sauvegarde de la chanson yiddish. Un dernier hommage lui a été rendu jeudi 11 mai 2017 au cimetière parisien de Bagneux (Hauts-de-Seine).