HAMADI ou BEN HAMADI Mohamed écrit par erreur AMACI, pseudonyme MAURICE à l’École d’Orient à Moscou [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 3 septembre 1901 à Bel-Abbès, illettré faisant divers métiers ; communiste envoyé à l’École d’Orient à Moscou en 1934 ; rentré à Bel-Abbès, employé du gaz, agressé en vendant L’Humanité en 1937.

Le dossier des archives du Komintern sur le séjour à Moscou à l’École d’Orient de 1934 à 1936 peut être recoupé avec une fiche de police qui le dit communiste depuis 1926 et le compte-rendu dans La Lutte Sociale de l’agression en 1937 de ce militant de Bel-Abbès, Hamadi, vraisemblablement Ben Hamadi Mohamed à l’état-civil.

Sa biographie déposée à l’École d’Orient est probablement rédigée avec une aide car Hamadi se déclare illettré. « Je connais le français, l’espagnol, l’arabe (parlé seulement, je ne sais pas écrire) ». À la question sur sa connaissance du marxisme, la réponse est : « Je n’ai rien lu. Je ne sais rien de Marx et Engels. J’ai entendu parler de Lénine-Staline, mais je n’ai rien lu. » Il dit avoir adhéré en février 1934 – ce qui est peut-être l’adhésion remplie en bonne et due forme d’un militant déjà actif, sans carte syndicale ni passé par les Jeunesses communises, ni membre d’associations sportives ou d’une coopérative. Sa biographie n’en indique pas moins : « J’ai toujours mené le travail du parti sans interruption ».

Le père était coiffeur à Bel-Abbès, mort jeune, laissant à la charge de son fils une sœur et une tante. À douze ans, Mohamed Hamadi se fait marchand de poissons dans la rue. De 1916 à 1920, il s’emploie comme cocher puis redevient marchand de poissons dans la rue, restant célibataire. Il fait, en 1925, six mois de service militaire, étant vraisemblablement citoyen français par son père, sans être envoyé dans l’armée française faisant la guerre dans le Rif. M. Hamadi se fait remarquer par Antoine Molina, le secrétaire de l’Union locale CGTU qui est aussi un responsable communiste, pour son zèle à faire adhérer des « Arabes », par rapport aux « Européens » coloniaux. « J’ai coopté au parti quatre camarades arabes (qutre autres ne sont pas encore enregistrés) ». Par erreur d’approximation, la biographie est signée Amaci pour Amadi ou mieux : Hamadi.

Quand en 1934 André Ferrat, alors chargé de la commission coloniale du PCF, vient de Paris en Algérie pour relancer la Région communiste, il est aussi à la recherche de jeunes communistes à envoyer se former à Moscou. M. Hamadi assiste à la conférence communiste de réorganisation qui se tient à Kouba dans le haut d’Alger en mai 1934. Il est choisi pour aller à l’École d’Orient du Komintern avec Lucien Podru et Servé*. Ce dernier appartient à une famille de Bel-Abbès qui donne plusieurs activistes communistes dont une femme. Il est possible que le pseudonyme de Maurice concerne Servé plutôt qu’Hamadi.

Le séjour à l’École de Moscou ne se passe pas très bien par suite de l’abandon dans lequel ces arrivants sont laissés et de la faiblesse de leurs aptitudes. Arrivés en septembre 1934, ils sont destinés à trois mois de cours spéciaux ; en fait, ils restent seuls. En octobre 1935 finalement, ils suivent les cours dits fondamentaux de la section d’Afrique du Nord.

Selon le document en russe, M. Hamadi appartiendrait à une confrérie « réactionnaire ». Il est dit aussi « avoir des difficultés à vivre en collectivité ». Après ses trois mois de formation, l’appréciation n’en est pas moins qu’« il peut être utilisé dans le travail parmi la paysannerie, les artisans ou sur les marchés. Il a de bonnes aptitudes d’agitation et il maîtrise bien la langue algérienne populaire. C’est un gars assez hardi et d’initiative. Il sera un bon agitateur en faveur de l’Union soviétique dans son pays. » Il est alors rentré Bel-Abbès.

Employé du gaz, Hamadi est agressé en mars 1937 par un activiste de la droite coloniale, dite « fasciste » dans La Lutte Sociale, alors qu’il vendait L’Humanité  : « notre camarade Amadi – dit Zemraoui – fut assailli à coup de casse-tête... ; Cazaurand lui donna un coup de rasoir tailladant tout le côté droit du visage de notre ami ». Au bas de la photo, le nom du militant est orthographié Hamadi, ce qui semble plus juste.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152224, notice HAMADI ou BEN HAMADI Mohamed écrit par erreur AMACI, pseudonyme MAURICE à l'École d'Orient à Moscou [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 11 janvier 2014, dernière modification le 11 janvier 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. du Komintern, Moscou, RGASPI 495 189 15. — Arch. de la Wilaya d’Oran. — La Lutte Sociale, mars 1937. — J. Delorme, mémoire sur les communistes de Sidi-Bel-Abbès, op. cit.

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