HANNACHI Mayouf [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né à N’gaous (Aurès) en 1925 ; docker syndicaliste du port d’Alger de la CGT à l’UGTA en 1956.

Après avoir suivi des études primaires françaises à Batna, Mayouf Hannachi fait deux années de cours complémentaire ; « avec cela, comme il le dira plus tard, à l’UGTA, je passais pour un intellectuel ». Ensuite il s’essaye à divers métiers ; il est engagé en 1943 au port d’Alger comme pointeur chez les dockers. Il adhère à la CGT. Victime le 30 janvier 1944 d’un grave accident du travail, fracture de la colonne vertébrale, après l’hôpital, il retrouve le port d’Alger en devenant permanent chargé de la trésorerie des syndicats CGT. Au cours d’un entretien rapporté par M. Farès, il évoque le temps où « les dockers faisaient bloc » jusque dans les manifestations contre la guerre d’Indochine : « Nous militons à la CGT en compagnie de nos camarades communistes. Il y avait une bonne entente, une fraternelle solidarité ouvrière revendicative... ». M. Hannachi participe au Festival mondial de la jeunesse à Berlin en 1951.

C’est pendant son séjour à l’hôpital Mustapha d’Alger, qu’il a entendu célébrer l’action du PPA et de Messali par un nationaliste d’Oran, Abdelkader Turqui, hospitalisé pour avoir perdu une jambe durant un séjour à la prison de Berrouaghia. A. Turqui est conseiller municipal MTLD à Oran en 1947 ; il passe ensuite en France et reste un partisan actif de Messali dans le MNA ; il est assassiné par le FLN en 1958. En 1945, au port d’Alger, M. Hannachi est en contact avec Rabah Djermane, qu’il a connu aux Scouts musulmans. Il adhère alors au PPA- MTLD.

Dès sa mise en place en 1947, il participe à la Commission centrale des affaires sociales et du syndicalisme du MTLD, qu’anime Idir Aïssat. Les dockers, entre 2 200 et 2 300 dockers professionnels (on ne compte pas les dockers à la tâche), sont en masse à la CGT ; les communistes sont actifs en s’appuyant sur une cinquantaine de militants aguerris et très engagés ; les nationalistes constituent un noyau un peu moins important et qui entre en rivalité même à travers les luttes menées en commun. Ce groupe nationaliste autour de R. Djermane et M. Hannachi suit le courant centraliste dans la crise du MTLD en pensant à l’autonomisation d’une centrale nationale algérienne. Sous la répression qui s’élargit, M. Hannachi est arrêté le 23 mai 1955 avec un groupe de dockers et 246 personnes environ. Il est libéré le 24 décembre 1955.

Comme les anciens membres de la Commission centrale des Affaires sociales du MTLD dont I. Aïssat, en contact avec le FLN d’Alger (Ramdane Abane), il participe aux discussions qui sont attentives à la préparation de lancement d’une centrale syndicale nationaliste par le MNA de Messali ; les réunions se passent souvent au domicile familial de Boualem Bourouiba à Saint-Eugène (Bologhine à l’Ouest d’Alger). Aussi, dès la création de l’UGTA en réponse à la proclamation de l’USTA, M. Hannachi est désigné permanent au secrétariat de l’UGTA en février 1956. Il devient secrétaire adjoint du syndicat des dockers d’Alger et membre du Comité exécutif de l’UGTA. Il est arrêté le 23 mai 1956 dans le coup de filet qui vise la première coordination de la centrale syndicale.

Dans son entretien avec M. Farès, M. Hannachi évoque la rivalité qui se poursuit derrière leur leader syndical, dans les camps d’internement : « On y remarquait trois groupes de syndicalistes : l’USTA, messaliste avec leur secrétaire général Ramdani, l’UGTA avec le secrétaire général Aissat Idir, et Kaidi pour l’UGSA (CGT) ».

Mayouf Hannachi est libéré après le cessez-le-feu en mars 1962. Il reprend contact avec B. Bourouiba, R. Djermane*, M. Lassel*, chargés par le GPRA de relancer l’UGTA. Il participe aux tractations avec la Willaya 4 puis la Willaya 3, avec l’arrivée de Abdenour Ali Yahia, et aux réunions de réorganisation de l’UGTA. Il est désigné responsable de l’Union provinciale qui comprend Alger, Tizi-Ouzou, Orléansville (El-Asnam) et Bougie (Bejaïa), et fait partie de la Commission exécutive mise en place avant le congrès. Il se retire de l’action syndicale après le Ier congrès en 1963 qui subit le coup de force du FLN sous la direction de Ben Bella pour coiffer l’UGTA.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152232, notice HANNACHI Mayouf [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 11 janvier 2014, dernière modification le 11 janvier 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : M. Farès, Aïssat Idir, op. cit. — Témoignage de Mayouf Hannachi en date du 21 janvier 1989 cité dans B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op. cit. — Arch. Nat. France Outre-mer, Aix-en-Provence, ALG 91 3 F/116, notes de Louis Botella.

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