SASTRE Marcel ou Paul [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 28 novembre 1903 à Saint-Eugène (Bologhine), faubourg d’Alger-est ; communiste et syndicaliste CGTU des années 1920, secrétaire de l’Union CGTU d’Algérie en 1928 ; très actif à Oran, puis établi cafetier à Alger, exclu et vilipendé ensuite par le parti communiste.

Les sources syndicales disent Marcel Sastre quand elles indiquent un prénom ; les sources de police parlent aussi de Paul Sastre ajoutant des incertitudes sur la personne. En 1925, à Alger, garçon limonadier, Sastre est arrêté à la suite du meeting contre la guerre du Rif et de Syrie et jugé pour provocation de militaires à la désobéissance ; premier mais bref séjour en prison de ce militant communiste. Au congrès de 1925 de l’Union CGTU du département d’Alger, il entre à la CE du syndicat. En 1929, il est encore secrétaire du syndicat CGTU des ouvriers restaurateurs et limonadiers d’Alger, le syndicat de la limonade comme l’on dit.

En 1925 à l’assemblée de la Fédération communiste d’Alger et dans les débats communistes en 1926-1927, il se fait remarquer comme un syndicaliste de combat. Aussi en 1928, il devient secrétaire de l’Union régionale d’Algérie de la CGTU et part à Oran organiser l’action syndicale traversée par un conflit très vif pour la maîtrise de la Bourse du travail entre CGT et CGTU ; les deux syndicats se partagent la syndicalisation sur le port ; la CGTU animée par les frères José et Juan Torrecillas*, mène des grèves dures entraînant 2 à 3000 dockers, des réguliers et plus encore des embauchés à la tâche, espagnols en majorité et aussi algériens. Le point culminant est atteint aux manifestations du 1er mai 1929 et plus encore dans la longue grève des dockers du 28 mai au 11 juin 1929 qui gagne les autres ports d’Oranie. Malgré des succès partiels, Sastre est arrêté pour « entrave à la liberté du travail » et condamné à dix mois de prison qu’il ne fait pas entièrement. Il assiste en septembre 1929 au congrès de la CGTU à Paris.

Revenu à Alger, il reprend l’activité syndicale mais ne semble pas répondre au projet de l’Internationale syndicale rouge de transformer la CGTU en CGTA, syndicat algérien détaché de la centrale française et entrant dans une Fédération des syndicats arabes proposée aux Congrès des ouvriers arabes tenus en 1930 à Haïfa en Palestine et à Alger (voir au nom de R. Cazala*). Sastre sera jugé par la suite « impropre à l’algérianisation » dans un rapport de février 1932 du Comité régional d’Algérie de la CGTU.

Il est devenu à une date imprécise, gérant d’un café-bar situé en plein centre nouveau d’Alger, rue Michelet ; ce qui expliquerait son exclusion du parti communiste en 1934 « pour liaison avec des éléments suspects », selon une version de la police.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152250, notice SASTRE Marcel ou Paul [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 11 janvier 2014, dernière modification le 11 janvier 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Nat. France, Paris, F7 13 130. – La Lutte Sociale, remplacée un temps en 1929-1930 par L’Algérie ouvrière. – A. Ayache, « Essai sur la vie syndicale en Algérie en 1930 », Le Mouvement social, janvier-mars 1972. – Arch. Wilaya d’Oran et d’Alger, notes de A. Taleb-Bendiab. — Listes noires, 1934.

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