HANNOUZ Lounas [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né en 1914 ; inspecteur des postes à Constantine muté à Bougie (Bejaia) ; syndicaliste CGT monté au maquis et interné pendant la guerre de libération.

Le nom de Hannouz renvoie à une grande famille kabyle de la vallée de la Soummam. Appartenant à une famille nombreuse – le père était auxiliaire médical – Lounas Hannouz a pu cependant entreprendre des études. Elles sont interrompues par la mobilisation à l’ouverture de la guerre en 1939 ; il est envoyé en France.

Démobilisé en 1941, L. Hannouz reprend ses études en Algérie et réussit le concours des Postes. Il est nommé inspecteur des PTT à Constantine et adhère à la CGT dont il devient secrétaire général du syndicat local des PTT. Mobilisé à nouveau dans l’armée française d’Afrique du Nord en 1943, il participe à la campagne d’Italie (bataille de Monte Cassino).

La répression coloniale de Mai 1945 touche fortement le Constantinois. La famille de L. Hannouz qui habite Kerrata, entre Bougie et Sétif, est gravement atteinte : le père et trois frères sont arrêtés et fusillés dans les gorges de Kerrata. Les colons et leurs groupes armés se sont acharnés sur les hommes à Kerrata comme à Guelma. La mère et trois jeunes enfants se réfugient à Bougie (Bejaïa).

Démobilisé, L. Hannouz reprend son poste à Constantine et sa place à la CGT. Dans son interview par Mohamed Farès en 1975, il se souvient d’une altercation avec le ministre français de l’intérieur, le socialiste SFIO Le Trocquer, ancien ministre de de Gaulle dans le gouvernement provisoire à Alger et qui avait présidé en 1943 la réorganisation de l’armée française d’Afrique du Nord. En visite en Algérie en 1946, le ministre recevait à Constantine une délégation du Comité pour l’amnistie et la libération des détenus politiques de Mai 1945 ; la CGT soutenait ce comité. Face à L. Hannouz, qui fait partie de la délégation et fait remarquer que l’indemnisation annoncée des victimes n’efface pas le souvenir, le ministre aurait répliqué : « Prenez son nom, et si de pareils évènements venaient à se reproduire, vous le tiendrez pour personnellement responsable ».

Muté à Bougie (Béjaia) en 1947, L. Hannouz continue à militer à la CGT. Il participe aux campagnes contre la guerre d’Indochine et aux mouvements de grèves. Il soutient notamment la grève de la mine de Timezrit en 1951 (mines du Kouif) que poursuivent seuls les mineurs algériens, créant une opposition entre syndicalistes « européens » et nationalistes.

Dans la guerre de libération, L. Hannouz s’engage au FLN-ALN comme ses jeunes frères, Salah à la Willaya 4, Hachemi, émigré, à la Fédération de France, Liazid à la Willaya 3. Arrêté, L. Hannouz est interné dans plusieurs camps. Retraité des PTT, il est venu témoigner en 1975 dans une séance du collège syndical organisée par M. Farès sous l’égide de l’UGTA.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152258, notice HANNOUZ Lounas [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 11 janvier 2014, dernière modification le 11 janvier 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Notes d’Omar Carlier. — Témoignage de Lounas Hannouz au collège syndical de l’UGTA en 1975. — Texte présenté par M. Farès, Révolution et travail, Alger, numéro spécial, novembre 1984.

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