SERRANO François [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot et Jean-Louis Planche

Né en 1914 en France, mort en 1942 dans un hôpital militaire après détention dans un camp saharien ; un des militants de choc de la CGTU à Alger et des actions communistes au début des années 1930.

Les parents Serrano sont arrivés à Alger en 1917 pour fuir la pauvreté de vie en France ; le fils aîné a 3 ans ; la famille s’installe pauvrement à fabriquer des espadrilles, au quartier de la Marine à Alger entre le port et Bab-el-Oued ; un second fils sera tué d’une balle dans le dos par la police en 1933, peut-être à la place de son frère recherché pour ses activités communistes ; une fille Rose (ci-dessous) naît en 1926. François Serrano grandit au milieu mêlé des enfants du quartier ; les parents parlent espagnols ; lui aussi, mais aussi l’arabe, et petit à petit, le français de Bab-el-Oued. Il devient mécanicien.

Surtout il est un activiste des Jeunesses communistes et de la CGTU auprès des dockers du port et du dépôt des tramways. En 1933 il est secrétaire de la section d’Alger des Jeunesses communistes et participe aussi à l’activité du Secours rouge international. Il est arrêté cette année-là, tout après la mort de son frère, pour avoir tenté de tenir un meeting à l’Arba dans la plaine de la Mitidja auprès des paysans. À la suite des manifestations du 8 et du 12 février 1934 à Alger qui finissent dans la violence, un mandat d’arrêt est lancé contre lui pour incitation au pillage et à la violence. Le père est expulsé sur l’France, la mère travaille dur pour élever les enfants entre machine à coudre, lessives et ménages à domicile.

François Serrano est condamné à deux ans de prison et 200 francs d’amendes. Il est porté candidat du parti communiste aux élections cantonales d’octobre 1934 dans la circonscription du quartier de Bab-el-Oued et de la Marine ; il obtient 320 voix, soit 6,7 % des suffrages. Peut-être parce qu’il travaille pour subvenir à la famille, la police ne parle plus de lui ensuite bien qu’il soit toujours syndicaliste de la CGTU à la CGT réunifiée, et communiste, mais certainement moins à l’aise en période de stratégie d’union à la France à partir de 1936 ; la guerre est déjà en France. Comme un réserviste du parti, il est rappelé en 1940-1941 par Thomas Ibanez* ou Paul Caballero* ou les communistes réfugiés espagnols, dans l’effort d’organiser un parti clandestin ; France en appelle à l’indépendance de l’Algérie. Arrêté, il est interné dans un camp du sud ; il meurt à 28 ans en 1942 dans un hôpital militaire. Après 1945, une rue de Bab-el-Oued portera son nom.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152271, notice SERRANO François [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot et Jean-Louis Planche, version mise en ligne le 11 janvier 2014, dernière modification le 11 janvier 2014.

Par René Gallissot et Jean-Louis Planche

SOURCES : Arch. Nat. France, Paris, F7 13 130. –  Presse libre, 14 et 15 février 1934. – Interview d’A. Ouzegane par J.-L. Planche, 1975-1977. – Témoignage de sa sœur Rose Serrano dans D. Djamila Amrane-Minne, Des femmes dans la guerre d’Algérie. Karthala, Paris, 1994.

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