SPORTISSE Alice [née CREMADES Alice, Gilberte]. Dictionnaire Algérie

Par René Gallissot

Née le 9 juillet 1909 à Lavarande (aujourd’hui Sidi-Lakhdar, Algérie), village colonial d’Oranie près d’Affreville-Miliana, morte le 3 juin 1996 à Agen (Lot-et-Garonne, France) ; membre du Comité central du PCA en 1936 ; déléguée à l’aide à la République espagnole ; secrétaire générale de l’Union démocratique des femmes d’Algérie en 1943 ; membre du Bureau politique du PCA 1945, élue en 1945 au Conseil général d’Alger-Bab-el-Oued et députée d’Oran à l’Assemblée constituante en 1946 puis à l’Assemblée nationale.

Fille de cheminot dont la famille vient d’Espagne, après des études à Berrouaghia, boursière, Alice Cremadès obtint le Brevet élémentaire et travailla comme comptable. Elle adhéra au parti communiste en 1935 à Oran, et devint responsable du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme. Mariée avec Lucien Sportisse sur proposition du PC, elle entra au Comité central du PCA à la suite de son congrès constitutif en octobre 1936. Le couple fut bientôt séparé.

Alice Sportisse fut appelée à Paris par le PCF en 1937 pour assurer la coordination des aides à l’Espagne républicaine ; au début de 1938, elle gagna en effet l’Espagne étant en titre auprès du Gouvernement républicain, déléguée du Comité international de coordination pour l’aide à l’Espagne républicaine. Après le repli des réfugiés espagnols, elle rentra à Paris à la fin mars 1939. Elle devint membre de la Commission pour l’Enfance de la centrale sanitaire internationale présidée par le savant communiste Frédéric Joliot-Curie, puis secrétaire de l’organisme qui prit le nom d’Office international pour l’enfance. En France sous l’occupation allemande, elle fut dans la clandestinité, membre d’une sous-direction du Comité central du PCF, chargée des réfugiés.

De retour en Algérie en mai 1942, elle s’occupa de l’aide aux prisonniers et déportés. Elle fut secrétaire générale adjointe des employés communaux de Perrégaux (Mohammadia) ; rapidement, elle fut promue par le PCA en août 1943 secrétaire générale de l’Union démocratique des femmes et reprit place en au Comité central : elle entra au Bureau politique du PCA en 1945. Présentée par le PCA, elle fut élue au conseil général de Bab-el-Oued (Alger) en août 1945, puis députée à l’Assemblée constituante en juin 1946 et en novembre à l’Assemblée nationale française où elle intervint sur l’Algérie au nom du groupe communiste.

Tout en conservant le nom de Sportisse en tant que veuve, Alice Cremades se remaria à un républicain espagnol devenu traducteur à la CGT, Emilio Gomez-Nadal. Députée d’Oran, réélue en 1951, elle fut nommée juré à la Haute Cour de Justice. À l’Assemblée, elle revendiqua l’égalité des droits en Algérie, y compris pour les femmes. Elle s’abstint en 1947, lors du vote du statut ; en 1953, elle se prononça "pour une Assemblée nationale souveraine représentant tous les Algériens et chargée de discuter librement avec la France des relations futures des deux pays". Votant contre l’investiture de tous les gouvernements, elle ne fit exception que pour le gouvernement Mendès-France. Elle dénonça la répression en Tunisie et au Maroc, et la proclamation de l’état d’urgence en Algérie.

Le report des élections législatives du 2 janvier 1956 en Algérie, lui enleva la faculté de se représenter à la députation. Quittant la direction du PCA, mais restant membre du parti, elle se mit en retrait à l’écart des luttes politiques. Après l’indépendance, elle se retira à Valence-d’Agen (Lot-et-Garonne, France) où elle s’occupa presque exclusivement avec son mari, de leur fille née handicapée. Elle mourut à 87 ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152321, notice SPORTISSE Alice [née CREMADES Alice, Gilberte]. Dictionnaire Algérie par René Gallissot, version mise en ligne le 12 janvier 2014, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Outre-mer, Aix-en-Provence, 9H49. — Notes de A. Taleb-Bendiab, Arch. Wilaya d’Oran. — Liberté, 1944-1947. — Charles Tillon, On chantait rouge, Laffont, Paris, 1977. — Nora Benallègue-Chaouia, Algérie. Mouvement ouvrier et question nationale, op. cit. — William Sportisse, Entretiens avec Pierre-Jean Le Foll-Luciani. Le Camp des Oliviers. Parcours d’un communiste algérien, Presses universitaires de Rennes, 2012.

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