MÉTAYER Marguerite, Jeanne, Elise

Par Daniel Grason, Guillaume Lanuque

Née le 1er février 1916 à Brest (Finistère), morte de 14 février 2005 à Niort (Deux-Sèvres) ; standardiste ; militante trotskyste de la IVe internationale ; déportée à Ravensbrück (Allemagne) ; épouse de Pierre Frank.

Marguerite Métayer
Marguerite Métayer

Fille de Pierre et d’Alice, née Le Bot, Marguerite Métayer, militante trotskyste du POI durant la Seconde Guerre mondiale, elle prit part au travail de fraternisation à Brest (Finistère) en direction des soldats de la Wehrmacht, « travailleurs allemands sous l’uniforme », avec la réalisation du journal Arbeiter und Soldat, aux côtés de Robert Cruau, Yves Bodénez, André Calvès ou de Georges et Henri Berthomé. Son affectation militante à Paris lui permit de quitter la Bretagne et d’échapper à la vague répressive qui toucha le groupe.
Marguerite Métayer avait été responsable pour Quimper des Auberges de la Jeunesse. Craignant d’être contrôlée par la police, elle quitta la ville. Elle se rendit au domicile de Samuel Mandelbaum 16 bis rue Bardinet à Paris (XIVe arr.) où elle était certaine d’être hébergée. Elle vivait dans un meublé au 9, rue Lacaille à Paris (XVIIe arr.) ou 5 rue d’Aubervilliers à Paris (XVIIIe arr.). Elle possédait une fausse carte d’identité portant sa photographie, établie au nom de Renée Mortier. Sous cette identité elle travailla comme standardiste auxiliaire à la SNCF au dépôt de la Chapelle à Paris (XVIIIe arr.).
Ce 11 mars 1944 à 17 heures, des policiers du commissariat d’Auteuil étaient en planque dans le logement, ils l’interpellèrent. Samuel Mandelbaum avait été arrêté le 9 mars à 8 heures du matin. Marguerite Métayer a été emmenée dans les locaux de la police, interrogée, elle a été inculpée d’infraction au décret du 24 juin 1939 qui réprimait « la distribution et la circulation de tracts de provenance étrangère » et d’infraction à la loi du 27 octobre 1940 qui instituait « la carte d’identité de Français. »
Le 29 mars, elle fut interrogée dans les locaux des Brigades spéciales, elle déclara avoir fait la connaissance de Samuel Mandelbaum lors d’un « déplacement des Auberges de la Jeunesse à Vannes. » Elle affirma ignorer son activité politique, bien qu’elle ait « découvert à son domicile bon nombre de tracts édités par la IVe Internationale. »
Un Ajiste lui donna quelques semaines plus tard une pièce d’identité au nom de Renée Mortier. Elle affirma qu’elle n’avait reçu « aucune instruction pour diffuser les tracts de la IVe Internationale. » Les policiers furent septiques, ils avaient saisi des exemplaires du journal La Vérité du 10 février 1944 à son domicile. Ils firent observer à Marguerite Métayer que : « Le seul fait d’occuper un poste de responsable au sein des Auberges de la Jeunesse n’a jamais motivé jusqu’ici l’arrestation des titulaires. » Seuls furent interpellés ceux « qui usaient de leurs fonctions au bénéfice d’un parti politique, tels le communisme et le trotskysme » avaient été interpellés en « raison du noyautage » qu’ils exerçaient.
Le policier concluait « il est vraisemblable que, contrairement à vos déclarations précédentes, vous militiez déjà à Quimper et êtes chargée d’une responsabilité par l’organisation trotskyste dans la région parisienne. » Elle nia.
Incarcérée à la prison de la Roquette, puis au Fort de Romainville, le 3 août 1944 Marguerite Métayer était dans un convoi de 68 femmes qui partit de la gare de l’Est à destination de Sarrebruck camp de Neue Bremm (Allemagne). Le voyage se fit dans des wagons de voyageurs aux fenêtres grillagées, accrochés au train de la ligne régulière en partance vers l’Allemagne.
Les déportées restèrent dix jours au camp de Neue Bremm, puis elles furent transférées au camp de Ravensbrück. Marguerite Métayer comme la plupart des déportées de ce convoi a été affectée au kommando de travail de Gartenfeld qui dépendait du camp de concentration de Sachsenhausen. Les détenues travaillèrent pour la firme Siemens, elles furent évacuées fin avril 1945.
Marguerite Métayer a été homologuée au titre des Forces françaises combattantes (FFC), et Déportée internée résistante (DIR).
À son retour, elle réintégra les rangs trotskystes en devenant militante du PCI-SFQI. En 1948, elle se mit en couple avec Pierre Frank, une relation qui ne cessa qu’avec la mort de ce dernier, le 18 avril 1984. Elle poursuivit son engagement d’adhérente de base du PCI et de syndicaliste, mais, véritable militante de l’ombre, elle épaula continuellement son compagnon dans ses responsabilités de dirigeant de la IVe Internationale. Durant les années 1950, lorsque les effectifs français étaient au plus bas, elle contribua même régulièrement au financement de l’organisation et des publications. Après la mort de Pierre Frank, elle continua à suivre les activités de la IVe Internationale, lisant Inprecor. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle décéda le 14 février 2005, dans une maison de retraite de Niort (Deux-Sèvres).
À son retour, elle réintégra les rangs trotskystes en devenant militante du PCI-SFQI. En 1948, elle se mit en couple avec Pierre Frank, une relation qui ne cessa qu’avec la mort de ce dernier, le 18 avril 1984. Elle poursuivit son engagement d’adhérente de base du PCI et de syndicaliste, mais, véritable militante de l’ombre, elle épaula continuellement son compagnon dans ses responsabilités de dirigeant de la IVe Internationale. Durant les années 1950, lorsque les effectifs français étaient au plus bas, elle contribua même régulièrement au financement de l’organisation et des publications. Après la mort de Pierre Frank, elle continua à suivre les activités de la IVe Internationale, lisant Inprecor. Atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle décéda le 14 février 2005, dans une maison de retraite de Niort (Deux-Sèvres).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152359, notice MÉTAYER Marguerite, Jeanne, Elise par Daniel Grason, Guillaume Lanuque, version mise en ligne le 8 février 2019, dernière modification le 9 décembre 2019.

Par Daniel Grason, Guillaume Lanuque

Marguerite Métayer
Marguerite Métayer

ŒUVRE : « Ma vie avec Pierre », in Pour un portrait de Pierre Frank, Montreuil, La Brèche, 1984.

SOURCES : Arch. PPo. GA 1, GB 085, Rapport hebdomadaire des Renseignements généraux du 11 avril 1944. – Bureau Résistance GR 16 P 414000. – Livre-Mémorial, FMD Éd. Tirésias, 2004. – Nécrologie de J.M. dans Inprecor, n° 504, avril 2005.

PHOTOGRAPHIE : Arch. PPo. GB 161

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