PETIOT Louis

Par Jacques Girault, Alain Prigent, François Prigent

Né le 23 octobre 1913 à Pléboulle (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 23 novembre 2004 à Montpellier (Hérault) ; instituteur ; militant du SNI et de la FEN-FO des Côtes-du-Nord ; dirigeant de la fédération des Côtes-du-Nord de la SFIO ; conseiller municipal de Dinan (1947-1953).

Louis, Marie, Joseph Pétiot était le fils de Louis Pétiot, ouvrier maçon qui tenait également une petite exploitation agricole à Matignon (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), et de Marie-Françoise Hourdin, ménagère.

Fils unique du couple, il fréquenta l’école élémentaire de Pléboulle où il obtint le certificat d’études primaires en 1925. Élève de l’école primaire supérieure de Lamballe (1926-1929), reçu à l’École normale d’instituteurs de Saint-Brieuc (promotion 1929-1932), il obtint le brevet supérieur en 1932.

Il enseigna successivement à Plumaudan (1932-1934), à Caulnes (1935-1936), à Kerfot (1936-1942) puis à Dinan (1942-1959). Il termina sa carrière au collège technique de Dinan en 1966. Il prépara en 1942 et 1943 les épreuves du professorat des classes élémentaires de lycée. Il passa avec succès le CAEA (certificat d’aptitude à l’enseignement agricole) en 1953. En septembre 1951, il fut autorisé par le Ministre à participer à la mission de productivité aux États-Unis, dite « organisation et fonctionnement des syndicats ».

Il fit son service militaire d’octobre 1934 à octobre 1935 au 46e régiment d’infanterie à Fontainebleau (Seine-et-Marne). Mobilisé en août 1939 au 41e régiment d’infanterie de Rennes, il participa à la campagne en Sarre (novembre 1939-janvier 1940), puis à la campagne sur la Somme et l’Oise en mai et juin 1940. Blessé le 14 juin 1940, il fut soigné à l’hôpital complémentaire du noviciat des franciscains à Pau où il fut démobilisé en août 1940. Il fut membre de la résistance intérieure à partir du mois de janvier 1942 (activité homologuée). Membre d’un groupe FTP, il fit partie du Comité local de libération de Dinan.

Membre du bureau de l’union locale CGT de Dinan dirigée par le gazier Edouard Forget, il s’opposa aux militants communistes majoritaires dès 1945. Louis Pétiot fut élu sur la liste « Indépendance et syndicalisme » au conseil syndical de la section départementale du Syndicat national des instituteurs en 1947 conduite par François Collobert. Il fut réélu en 1949 mais siégea alors dans la minorité, la section étant alors dirigée par la liste CGT. Il fut élu suppléant à la Commission administrative paritaire départementale en 1948.

En juillet 1949, il fit partie de la délégation départementale au congrès de Nancy avec Sylvestre Guillou, encore secrétaire général. Louis Treussard* et Marcel Gaillard représentaient le courant cégétiste qui venait de remporter les élections internes quelques semaines auparavant. Il fut à nouveau élu au conseil syndical en 1959 sur la liste « Majorité nationale » au conseil syndical du SNI en 1959. Il était membre également de de la commission administrative de la section de la Fédération de l’Éducation nationale des Côtes-du-Nord pendant plus d’une décennie (1949-1960). Représentant du courant FO à la CA en juin 1951, il fut délégué au congrès de la FEN en novembre 1954 puis en novembre 1958.

Il fut à la fin des années 1940 partisan de l’adhésion du SNI à la CGT-FO. Après le choix de l’autonomie, il resta membre du SNI et de la FEN-FO. En mars 1951, il était membre du bureau de l’union locale CGT-FO de Dinan dirigée par Edouard Forget. Il siégeait également à la commission exécutive de l’union départementale CGT-FO en janvier 1954 présidée par André Laithier, professeur à Saint-Brieuc. Pour la préparation du congrès du SNI de 1952, il publia, dans L’Ecole libératrice du 27 juin, avec huit autres militants, connus pour leur proximité avec le courant « Force ouvrière », un texte dit d’ « orientation syndicale » préconisant la recherche prioritaire de l’unité « dans l’indépendance absolue du mouvement syndical ». Lors du congrès, il intervint dans la troisième séance, le 17 juillet 1952. Au nom de ses amis, pour l’élection à la commission administrative paritaire nationale, il demandait une place sur la liste présentée par les majoritaires. Puisque ces derniers voulaient choisir le candidat sans laisser la possibilité aux « amis » de la CGT-FO de le désigner, ils présenteraient une liste regroupant les seuls partisans de la CGT-FO. Pour le congrès suivant, il fut un des signataires de la « motion d’orientation des amis de la CGT-F0 ». Lors du congrès de Pau, le 17 juillet 1953, son intervention porta sur les dates des vacances. L’année suivante, en mai 1954, au nom des amis de la CGT-FO, il signa un texte rassemblant les réserves de ses amis sur le rapport moral du secrétaire général, mais il déclarait que les militants resteraient libres de leurs choix au moment du vote. Quant à lui, il fut un des signataires de la motion d’orientation des « amis de Force ouvrière ». Dans son intervention au congrès, le 7 juillet 1954, tout en approuvant l’action du SNI, il regretta que le SNI ait pris position contre la Communauté européenne de défense, cause d’affrontements internes nuisibles à l’action générale du SNI, selon lui.

Militant de la SFIO dès 1936, il était membre du bureau de la section de Paimpol en février 1939. En février 1945, il était secrétaire de section SFIO de Dinan en février 1945. Candidat aux élections cantonales d’octobre 1945 dans le canton de Dinan-Est, il fut devancé de 366 voix (3 124 voix contre 3 510 ; soit 46.9 % des suffrages exprimés) par René Pleven, dirigeant UDSR national. Pétiot fit partie de la délégation des Côtes-du-Nord au congrès national de la SFIO avec Mme Rallon, Mme Nicolas et Armand Lagain. En 1947, il faisait partie de l’équipe fédérale de la SFIO autour d’Yves Le Foll, avec Armand Lagain et André Lachiver, Mme Le Mével (trésorière), Mme Nicolas et Antoine Mazier pour le Combat Socialiste, hebdomadaire qui tire à 12 000 exemplaires.

En octobre 1947, aux élections municipales à Dinan, figurant en 3e position sur la liste SFIO derrière Louis Lucas, André Le Cappon, il fut élu. En 1953, il ne fut pas réélu, il n’apparaissant qu’en 5e position sur la liste SFIO qui avait intégré l’ancien conseiller général communiste Edouard Forget qui venait de rompre avec le PCF et la CGT. En 1965, il ne figurait ni sur la liste SFIO alliée avec une fraction de la droite dinannaise, ni sur la liste « union démocratique » initiée par le PCF et le PSU.

Vice-président de la FGDS des Côtes-du-Nord en novembre 1966, il fut candidat à ce titre aux élections cantonales dans le canton de Dinan-Ouest obtenant 597 voix (soit 9.53 % des suffrages). Il fut devancé par le candidat communiste Roger Esnault (25.2 %) et par deux autres candidats, l’indépendant Aubert et Blanchot (droite).

Malade, il disparut de la vie syndicale et politique. Il adhéra au nouveau Parti socialiste en 1969. Dans une lettre à Guy Mollet en 1972, il exprima son incompréhension face à la situation politique nouvelle menée par le PS et son inquiétude laïque par rapport à l’émergence de militants venus des milieux chrétiens comme Charles Josselin.

Il se maria à Plourivo le 25 mai 1936 avec Louise Jégou. Son épouse, élue à la CAPD en 1956, siégea aussi au titre de la liste FO au conseil syndical du SNI en 1954.

Ayant conservé la maison de ses parents, il s’occupa à la fin de sa vie à l’histoire de sa commune natale participant à la vie des associations culturelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152470, notice PETIOT Louis par Jacques Girault, Alain Prigent, François Prigent, version mise en ligne le 16 janvier 2014, dernière modification le 10 avril 2021.

Par Jacques Girault, Alain Prigent, François Prigent

SOURCES : Arch. dép. Côtes d’Armor, 1T1603, dossier professionnel versé par l’inspection académique. —Arch. dép. Côtes d’Armor 1192W2 (Elections municipales 1947) ; 1192W5 (Elections municipales 1953) ; 1192W18 (Elections municipales 1965) 68J1 (Fonds Roger Huguen, liste des instituteurs engagés dans la Résistance établie par Marcel Le Guen). —Arch. de l’UD CGT des Côtes d’Armor (1944-1968). —Arch. de la FSU 22 (bulletins des sections départementales du SNI et de la FEN). —Dossier Côtes-du-Nord, archives de l’OURS. Le Combat social, 15/9/45. 2/APO/2, arch. de la FGDS ; AGM 134, lettre de Louis Petiot à Guy Mollet, 13 septembre 1972. — Presse syndicale nationale. —Alain Prigent, Les instituteurs des Côtes-du-Nord sous la IIIe République (Laïcité, amicalisme et syndicalisme), Editions Astoure, 2005. — François Prigent, Les réseaux socialistes en Bretagne des années 1930 aux années 1980, thèse de doctorat, Université de Rennes 2, 2011. —Témoignage de Mme Adeline Guelfucci, maire de Pléboulle en novembre 2013.

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