Par Alain Dalançon
Né le 4 mars 1900 à Saint-Martin-du-Tartre (Saône-et-Loire) ; mort le 11 novembre 1985 à Paris (IVe arr.) ; professeur ; militant syndicaliste du SNEPS, du SNCM, de la FEN puis du SNES, membre du CESD et du CSEN ; conseiller au ministère de l’Éducation nationale.
Fils de Claude Petit, instituteur, et de Marie Sacher, sans profession devenue institutrice, Georges Petit suivit la voie tracée par son père en étant élève maître à l’École normale d’instituteurs de Lyon (Rhône) de 1915 à 1918. À la suite d’une quatrième année d’études, il réussit au concours d’entrée à l’École normale supérieure primaire de garçons de Saint-Cloud (section sciences) en 1919. À sa sortie de l’ENS en 1921, il travailla comme surveillant à l’ENI de Lyon avant d’accomplir son service militaire dans l’Armée de l’air au service météorologique, d’août 1922 à août 1924. Titulaire du certificat d’aptitude au professorat dans les écoles normales et les écoles primaires supérieures, il rejoignit son premier poste de professeur de sciences à l’ENI de Savenay (Loire-Inférieure) en octobre 1924, puis obtint sa mutation pour l’EPS de garçons de la place des Minimes à Lyon en 1926, où il assura les fonctions de surveillant général chargé de l’internat tout en enseignant les sciences physiques et naturelles.
Il épousa en juillet 1930 à Lyon (VIe arr.), Marie, Jeanne Bernard (Marie Petit), professeur de lettres à l’EPS de filles de Lyon, avec laquelle il eut un enfant né en 1936. La famille habitait 14, quai de Serbie à Lyon (VIe arr.).
En 1931, Georges Petit fut élu membre de la commission administrative nationale du Syndicat des fonctionnaires des écoles primaires supérieures et professionnelles de France et d’Algérie sur la liste de l’opposition victorieuse conduite par Alcée Marseillan. Chargé dans le bureau de la responsabilité de secrétaire-gérant du bulletin, il aurait voulu que l’organe du syndicat ne contienne pas que des informations corporatives et les comptes rendus des débats dans les instances syndicales – qu’il rédigeait cependant systématiquement de façon scrupuleuse – mais qu’il soit aussi un bulletin « d’éducation syndicale et sociale ». Dans cet esprit, il participa activement à la mise sur pied à Lyon, à la fin décembre 1936, du Collège du travail rattaché au Centre confédéral d’éducation ouvrière de la CGT, dont il assura le secrétariat.
Au congrès de 1933, il fut le rapporteur de modifications importantes des statuts du syndicat qui se dénomma alors Syndicat national des EPS et professionnelles de France et des colonies ; ces statuts précisèrent son adhésion à la Fédération générale de l’enseignement ainsi qu’à la Fédération générale des fonctionnaires et « par suite à la CGT », sa participation à la « réalisation du programme confédéral d’éducation et d’enseignement » et aux « œuvres d’éducation ouvrière ». Georges Petit aurait préféré que les membres de la CA nationale ne soient pas élus par catégorie mais sur une liste unique ; il se rallia cependant à l’avis de la majorité, maintenant les élections par catégorie. Il insista pour que des sanctions soient prévues en cas de manquement à la discipline syndicale pouvant aller jusqu’à l’exclusion.
Après le 12 février 1934, où il avait été gréviste, conformément à l’appel de la CGT, il exigea, au congrès de Pâques suivant, que chaque membre de la CA indique s’il avait été gréviste ou non et mit en accusation les non-grévistes, menaça de démissionner de la CA avec l’épouse de Léon Émery, et exigea de nouvelles élections où il fut réélu membre de la CA et du bureau pour trois ans, chargé des mêmes fonctions.
Au congrès de Pâques 1937, Georges Petit prit une part importante au débat sur le projet de réforme de l’enseignement de second degré de Jean Zay : la majorité du congrès le suivit dans son opposition au latin obligatoire dans les classes d’orientation. Il avait demandé en 1934 que soit instituée une « guillotine syndicale », limitant la durée des mandats nationaux à quatre ans : il ne fit donc pas acte de candidature aux élections à la CA en 1937. Il représenta néanmoins son département au congrès national de Pâques 1939 et émit une vive critique à l’encontre de l’appel « nègre-blanc » du bureau pour la grève du 30 novembre 1938 en demandant pourquoi il n’avait tout simplement pas repris l’appel de Ludovic Zoretti au nom de le FGE ; mais il fut également très critique à l’égard de la FGF et de son dirigeant Robert Lacoste. Partisan de l’accord de Munich, il essayait en effet de concilier la défense des acquis du Front populaire avec son pacifisme. Le 15 juin 1938, à la Bourse du Travail de Lyon, il avait en effet présidé un meeting organisé par le Centre syndical d’action contre la guerre et par la Ligue internationale des combattants de la paix avec plusieurs dirigeants nationaux de ces mouvements (André Lavenir, Léon Émery et Georges Pioch).
Mobilisé au début de la guerre, il obtint sa mutation en 1940 à l’EPS Jean-Baptiste Say de la ville de Paris, devenue collège puis lycée en 1953, où il enseigna un temps les sciences naturelles après la Libération en classe préparatoire à « l’Agro ». Il affirma avoir participé à la Résistance dans le cadre de la vie clandestine du syndicat ; il ne figurait cependant pas dans la liste des 25 membres du Front national universitaire de son établissement en juin 1944.
Dès la Libération, et durant toute la fin de la décennie 1940, Georges Petit joua un rôle très important dans la vie syndicale et dans l’organisation de l’enseignement de second degré au ministère de l’Éducation nationale. Il fut désigné suppléant à la 4e commission d’enquête, d’épuration et de révision concernant le personnel de l’Administration centrale. Il bénéficia d’une décharge d’un demi-service pour son activité syndicale à la FGE dont il était l’un des dirigeants, très écouté par le secrétaire général, Adrien Lavergne. Nommé chargé de mission auprès de la Direction de l’enseignement de second degré du ministère, il fut déchargé à plein temps à partir de mars 1945, pour participer au travail du Conseil technique pédagogique créé par le directeur Gustave Monod, puis, à partir de novembre, il ajouta à cette responsabilité celle de chargé de mission à l’Administration centrale pour resserrer les liens entre le ministère et le nouveau Syndicat national des collèges modernes. Tout en n’étant donc pas membre de la CA nationale de son syndicat, le SNCM, il assistait à ses réunions et le représenta en 1945 auprès de la FGF ; il siégea même au bureau national en 1947-1948 après l’élection d’Henri Maunoury comme secrétaire général. Dans la FGE, devenue Fédération de l’Education nationale au congrès de mars 1946, il ne fut élu que membre suppléant de la commission exécutive mais chargé de la gérance de L’Enseignement public. Élu membre du Conseil de l’enseignement du second degré (licenciés et certifiés scientifiques) sur la liste syndicale le 25 juin 1946, réélu à ce titre en 1950, il siégeait également au Conseil supérieur de l’Éducation nationale. Il fut même candidat aux premières élections à la commission administrative paritaire nationale des certifiés en 1948.
Georges Petit participa surtout à partir de novembre 1945 au « brain trust » pédagogique entourant Gustave Monod, avec Alfred Weiler, Claire Roby, Roger Gal et Emile Jolibois, dans le but de mettre en place l’expérience des classes nouvelles puis de préparer l’organisation d’une nouvelle formation des maîtres du second degré en voie d’unification. Il conserva cette fonction de conseiller technique à la Direction du second degré jusqu’en 1957, en étant en outre membre des cabinets des ministres des gouvernements de « Troisième force », Yvon Delbos, de juillet 1948 à juillet 1950, puis Pierre-Olivier Lapie de juillet 1950 à août 1951. En même temps, partisan de l’autonomie de la FEN, il fut élu membre de la première CA nationale du nouveau SNES (classique et moderne) en 1949 sur la liste A « autonome » et membre du bureau national, secrétaire de la commission France d’Outre-mer. En janvier 1949, Henri Maunoury venait de le féliciter dans L’Université syndicaliste pour sa nomination de chevalier de la Légion d’honneur et le considérait comme le principal artisan de la réalisation du « cadre unique ». Georges Petit avait en effet été le défenseur de la revendication syndicale au ministère tout en cherchant à modérer les décisions de recours à l’action du syndicat.
Cette double casquette déclencha une polémique au SNES au sujet de sa figuration sur la liste des candidats du syndicat au CESD en 1950 ; les « cégétistes » s’y opposèrent, en vain, au motif qu’une telle candidature remettait en cause l’indépendance syndicale dont les « autonomes » se montraient pourtant les plus jaloux défenseurs. Maintenu membre élu du CSEN, il signa un article dans L’US à la rentrée 1951 sur la réforme du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement de second degré, dont il fut l’un des artisans : contrairement à la première version du CAPES de 1950, où le recrutement des stagiaires se faisait sur titre, il aurait lieu désormais par un concours national en deux parties, théorique suivi d’une année en centres pédagogiques académiques à l’issue de laquelle serait passée la seconde partie pratique du concours. L’expérience des classes nouvelles ayant pris fin en 1952, peu après le départ de Monod de la Direction, c’est essentiellement au titre de cette nouvelle formation des maîtres qu’il demeura conseiller auprès du nouveau directeur, Charles Brunold. Il exerça la fonction de secrétaire général des CPR auxquels il tenait beaucoup, afin de donner une formation professionnelle pratique aux futurs professeurs. En mai 1957, lui fut confiée une mission d’inspecteur général, chargé de coordonner les CPR (stages et épreuves pratiques), d’inspecter la vie matérielle et morale des élèves professeurs, l’éducation physique, les bibliothèques, la liaison dans les universités entre les CPR et les IPES (Instituts préparatoires aux enseignements de second degré) dont il avait contribué à la récente création demandée par le SNES.
Georges Petit fut maintenu en activité jusqu’à la fin de l’année scolaire 1964-1965 pour assurer le bon fonctionnement des concours de recrutement. Il habitait avec son épouse, 5, place Jussieu à Paris (Ve arr.)
Par Alain Dalançon
SOURCES : Arch. Nat., F17 28553. — Arch. IRHSES (bulletins syndicaux, comptes rendus des congrès). — Tristan Lecoq, Annick Lederlé, Gustave Monod, une certaine idée de l’école, 2009. — Notes de Jacques Girault.