ZEFOUNI Mahfoud plus vraisemblablement que MAHFOUD Zefouni [Dictionnaire Algérie]

Par René Gallissot

Né le 30 novembre 1929 à Alger, ouvrier des Tabacs à Alger ; depuis 1945, militant PPA-MTLD, participant à l’OS en 1949-1951, et responsable syndical de la CGT à l’UGTA ; membre du Comité de la grève des 8 jours (fin janvier 1957) et des 3e et 4e secrétariats clandestins de l’UGTA.

Très jeune après 1945, Mahfoud Zefouni adhère au PPA (Parti du peuple algérien), et à la CGT dès qu’il commence à travailler à l’entreprise des tabacs Bastos à Alger. Il poursuivra son double militantisme. Il fait partie de l’OS (Organisation spéciale) à « la section explosifs » qui fait son instruction dans un local de la Casbah. Après les arrestations et les procès en 1950-1951, l’OS est mise en veilleuse et Mahfoud Zefouni se consacre à l’action politique au titre du
MTLD (vente des journaux, comité contre la répression).

À la demande de la commission centrale des Affaires sociales et syndicales du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques), coordonnée par Idir Aïssat*, il contribue au début des années 1950, à la mise en place dans l’entreprise des tabacs, d’une cellule « nationaliste » face à la cellule du PCA (Parti communiste algérien) ; les réunions ont lieu au siège du MTLD, rue de Chartres. Les communistes n’ont de cesse de vouloir gagner à eux ce militant qui est un syndicaliste actif et capable. Aussi Mahfoud Zefouni fait partie de la délégation invitée au Festival de la Jeunesse à Bucarest en 1953 ; il conserve une forte émotion d’avoir vu dans le défilé Nassima Hablal* marcher à la tête de la délégation algérienne enveloppée dans le drapeau « nationaliste » de l’Algérie. Il aura à participer au travail syndical au siège de l’UGTA et dans la clandestinité en 1956-1957, avec cette femme qui fait tout pour la cause ; il donnera le nom de Nassima à sa fille née en 1961.

La seconde vie de Mahfoud Zefouni est celle de syndicaliste. Très vite, il est entré à la Commission exécutive de la CGT et participe aux réunions de direction de l’action syndicale qui se tiennent au Foyer civique (ancienne Bourse du travail, future Maison du peuple). Il passe directement de l’UGSA (Union générale des syndicats algériens) à l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens) à la création de la centrale nationale en février 1956 ; il devient trésorier général du Syndicat des ouvriers des tabacs d’Alger. Après les vagues d’arrestations qui font disparaître les deux premiers secrétariats de l’UGTA, il fait partie du 3e secrétariat et du 4e qui est celui qui forme le Comité de la grève des huit jours (27 janvier-3 février 1957) dont il est partie prenante. C’est lui avec Nassima Hablal* qui avait enlevé le matériel de bureau du siège de l’UGTA mis sous scellés, pour l’installer à la Casbah et lancer les appels et consignes de la grève. Il est un des plus aguerris à la clandestinité et peut ainsi, pendant et après la Bataille d’Alger, assurer la survie de l’UGTA.

Les arrestations et les attentats visent les syndicalistes ; devant les actions de l’OAS, son départ d’Alger est organisé en octobre 1961 ; Mahfoud Zefouni passe par Genève (BIT), puis par Rome et aboutit à Tunis auprès de la délégation de l’UGTA. Il est à la fois sollicité de toutes parts par les clans algériens, y compris de l’armée, et tenu à l’écart par le coordinateur de l’UGTA qui est alors à Tunis, Abdenour Ali Yahia* qui ne veut voir en lui qu’un membre du FLN. Comme Nassima Hablal, En découvrant ces conduites opportunistes et rivales dans le milieu algérien de Tunis, M. Zefouni subit un choc, comme Nassima Hablal*, qui le fait tomber en dépression ; il sera hospitalisé en Tchécoslovaquie près de Prague. Après une mission en RDA, il rentre à Alger pour l’indépendance en espérant une reprise du syndicalisme ; il connaît une nouvelle déception devant le déroulement forcé du premier congrès de l’UGTA en janvier 1963.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152571, notice ZEFOUNI Mahfoud plus vraisemblablement que MAHFOUD Zefouni [Dictionnaire Algérie] par René Gallissot, version mise en ligne le 19 janvier 2014, dernière modification le 19 janvier 2014.

Par René Gallissot

SOURCES : Arch. Wilaya Alger. — M. Farès, Aïssat Idir, op. cit. — Témoignage de Mahfoud Zefouni recueilli par B. Bourouiba daté du 18 décembre 1988, cité dans B. Bourouiba, Les syndicalistes algériens, op. cit.

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