ZANNETTACCI Henri [Dictionnaire Algérie]

Par Jean-Louis Planche

Né le 13 octobre 1925 à Aïn-Fakroun à la limite des Aurès  ; dirigeant des Jeunesses communistes puis après 1944 de l’Union de la Jeunesse démocratique algérienne (UJDA), journaliste à Alger Républicain  ; expulsé en 1961, revenu à Alger Républicain à l’indépendance.

À sa naissance, son père, Nicolas Zannettacci* est encore charron-forgeron dans un village du Sud-constantinois  ; Henri Zannettacci est élevé d’abord à Constantine, puis à Alger en 1927. La famille s’agrandit en 1928 d’un second garçon, Paul, qui entre à son tour au PCA vers 1949. À Oran, vers 9-10 ans, Henri milite aux Pionniers jusqu’à la déclaration de guerre en 1939. Son père mobilisé, sa mère malade clouée au lit, à moins de 15 ans, Henri Zannettacci se retrouve chef de famille. Il parvient à passer le Brevet commercial en juin 1940. Le Dr Amouyal*, interdit de médecine parce que juif (socialiste franc-maçon), soigne gratuitement la famille. Henri Zannettacci trouve du travail par l’intermédiaire d’un petit patron radical-socialiste, antifasciste, qui l’emploie à fabriquer du savon, puis en 1941, lui trouve un emploi d’aide-comptable chez les 4 frères Hélof, propriétaires de grands hôtels, très pétainistes. En 1942, il est commissionnaire d’achats aux Halles centrales, protégé par le syndicat hôtelier.

Fin septembre 1942, Henri Zannettacci commence à militer aux JC (papillons, tracts ronéotypés ou écrits à la main). En 1943, il devient responsable d’Oran-Sud, puis d’Oran, puis de la Région. Avec l’aide des députés communistes Pourtalet, arrivé de France début 1943 envoyé par le Conseil de la Résistance, et du syndicaliste Demusois qui lui apprend à s’exprimer en public, il reconstitue au printemps 1943 le Syndicat des employés de commerce d’Oran.

En décembre 1943, il est élu l’un des trois secrétaires de la Fédération algérienne des JC avec Gilberte Choukroun-Chemouilli* et Taleb Bouali* (ils vont se marier), après avoir manqué de se faire exclure par André Marty* pour avoir revendiqué pour les trois départements d’Algérie, le droit de constituer une entité spécifique. Il s’installe alors à Alger comme contrôleur dans les services du ravitaillement  ; il devient secrétaire de la section communiste du Plateau Saulière, au centre-ville. Fin février 1944 il est appelé à l’armée, dans l’aviation, à Fès puis à Agadir où il est formé comme mécanicien en armement, et participe à créer une cellule du Parti. D’octobre 1944 à sa libération en février 1946, il est affecté à Alger Maison-Blanche puis à l’AIA (Ateliers Industriels de l’Air), employé comme mécanicien électricité puis comme gérant du foyer, ce qui lui permet de militer et de diffuser la presse. À sa démobilisation, il part pour les JC devenant l’Union de la Jeunesse Démocratique Algérienne, en Oranie où la direction en place pose des problèmes. Fin 1947, il devient permanent du PCA en Oranie.

En mars 1948, il entre comme journaliste à Alger-Républicain, chargé d’abord de la rubrique régionale, puis en 1948 à la rubrique sportive qui le lundi tire sur quatre pages. En septembre 1955, il passe dans la clandestinité, « une clandestinité avec pignon sur rue ». Arrêté lors de la 2e grande rafle, celle du 26 novembre 1956 (la 1er datait du 18 novembre), interné au camp de Lodi, il en sort en février 1961, expulsé sur la France.

En mars 1961, il entre aux usines Dassault d’Argenteuil, près de Paris, comme secrétaire administratif étant directeur des œuvres sociales du Comité d’entreprise, et y reste jusqu’en juillet 1962. De son bureau d’Argenteuil, par téléphone, il contribue à la mise en page du premier numéro d’Alger Républicain reparaissant. Henri Alleg* et son père Nicolas Zannettacci* étant à la Marseillaise, à Marseille et transmettant par téléphone à Abdelhamid Benzine* à Alger, les flancs tirés au journal La Marseillaise. Il rejoint le 23 Juillet à Alger son père arrivé le 18.

Il reste à Alger Républicain jusqu’au coup d’État militaire du 19 juin 1965, avec un passeport et une carte d’identité algérienne bien que le décret lui attribuant la citoyenneté algérienne ne soit pas publié. Clandestin militant à l’Organisation de la Résistance populaire, il est arrêté en septembre 1965 par la Sécurité militaire, torturé, interné à Maison-Carrée (El-Harrach), isolé après sa participation à une grève de la faim. Il est expulsé en août 1966 vers la France.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article152593, notice ZANNETTACCI Henri [Dictionnaire Algérie] par Jean-Louis Planche, version mise en ligne le 19 janvier 2014, dernière modification le 19 janvier 2014.

Par Jean-Louis Planche

SOURCES : Interviews d’Henri Zannettacci par J.-L. Planche, Paris, 1982. – B. Khalfa, H. Alleg, A. Benzine, La grande aventure d’Alger Républicain. Février 1943-19 juin 1965. Messidor, Paris, 1987.

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