Par Christian Lescureux, compléments de Claude Pennetier
Né le 20 juin 1901 à Merville (Pas-de-Calais), fusillé le 8 septembre 1941 à Arras (Pas-de-Calais) ; mineur ; membre de l’Organisation spéciale (OS).
Fils de Gustave Désiré Delfly, scieur et mineur, et de Julies Marie-Louise Oras, militant communiste et syndicaliste actif avant guerre, Marcel Delfly fut, avec Alfred Delattre et André Lefebvre, le compagnon d’armes de Charles Debarges et une figure de la Résistance à Harnes (Pas-de-Calais).
En juin 1940, il prit l’initiative de constituer des dépôts d’armes récupérées en prévision des futurs combats. Marcel Delfly joua un rôle important dans la grande grève des mineurs en mai-juin 1941, ce qui lui valut d’être recherché par la police. Il entra alors dans la clandestinité, laissant son épouse, Agnès Delassus, et ses quatre enfants.
Avec le groupe de l’Organisation spéciale, dirigé par Charles Debarge, Marcel Delfly tenta le 2 juillet 1941 de saboter la centrale électrique de Courrières (Pas-de-Calais). Un peu plus tard, on retrouvait les mêmes hommes dans le sabotage d’un pylône haute tension qui, en tombant, paralysa le chemin de fer de la Compagnie des mines de Courrières.
Arrêté le 6 août 1941 à Harnes par la Geheimfeldpolizei (GFP) pour « attentats répétés au moyen d’explosifs et incendies volontaires », il fut condamné à mort le 28 août 1941 par le tribunal militaire allemand (OFK 670) et exécuté avec ses deux compagnons, Alfred Delattre et André Lefebvre, à la citadelle d’Arras le 8 septembre 1941.
Marié avec Agnès, Zoé , Élisa Delassus (née le 10 mai 1901 à Merville), piqueuse, le couple eut deux filles, Marcelle et Josette, deux aînés étant morts en bas âge. Sa femme fut déportée (SHD, Vincennes, GR 16 P 168300), Ravensbrück, Neuengamme (camp extérieur de Watenstedt). revint dans la Pas-de-Calais mais ne se remit jamais du traumatisme de la guerre.
Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur le 2 avril 1959.
Son petit-fils Christophe Deloux (fils de Josette) nous écrit en avril 2020 : Je me permets d’attirer votre attention sur le fait que contrairement à ce qui est porté sur la plaque commémorative à la citadelle d’Arras et contrairement à ce que vous précisez sur votre site. Marcel Delfly n’était pas membre du parti communiste. Il a participé à des actions avec certains adhérents de ce parti pensant aider son pays mais ne partageait pas leurs idées politiques. C’est une information qui me vient de ma mère, Josette Delfy, fille de Marcel Delfly."
Un autre petit-fils, Jean Bastien Jacquemart, nous écrit en juin 2020 : "Mon grand-père était il ou non communiste ? A en croire ce que nous a toujours dit ma mère, la réponse est OUI. A en croire ce qu’elle a pu nous raconter des ses combats et de ses actions, cela ne fait aucun doute : son action aux côtés de Charles Debarge lors des grèves de 1941 à la suite desquelles ils durent entrer dans la clandestinité puis les premiers combats qu’ils menèrent ensemble dans la résistance me poussent à le croire. Mon grand-père était-il communiste, je n’ai hélas jamais pu lui demander mais il me semble qu’il en portait les valeurs de l’époque, celles qui poussèrent de jeunes hommes à s’engager aux côtés des républicains espagnols et à faire front devant le nazisme."
Par Christian Lescureux, compléments de Claude Pennetier
SOURCES : AVCC, Caen (Notes Thomas Pouty), AC 21 P 631634. – SHD, Vincennes, GR 16 P 170190. — Arch. Dép. Pas-de-Calais, M 5022/1. — Carnets de Charles Debarge. — Photos fournies par Christophe Deloux